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Qui a le plus à perdre ?

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Novak Djokovic vs. Rafael Nadal : l’af­fiche est magni­fique. S’il est très diffi­cile de se prononcer sur le nom du vain­queur, l’une si ce n’est LA clé de cette finale sera l’ap­proche mentale du match des deux joueurs. Qui a le plus à perdre ? L’un et l’autre se renvoient la balle refu­sant de se consi­dérer comme favori du match. Analyse.

« Rafa est LE joueur à battre ici » lance d’en­trée Novak lors­qu’on l’in­ter­roge sur sa finale. « Pour le dominer, je dois bien jouer du premier au dernier point. Je ne peux pas me permettre d’avoir des hauts et des bas. En plus, on sait tous que Rafa se bat à fond et produit son meilleur tennis quand il en a besoin. Mais je vais aussi tout donner de mon côté pour essayer de gagner ce match. » Les poli­tesses étant faites, venons‐en aux choses sérieuses. Qui est le favori de ce match ? Celui qui a gagné les 7 dernières finales ou celui qui a remporté les 7 dernières éditions du Master 1000 de Monte Carlo ? « Je ne sais pas ! » botte Djokovic en touche. « L’opposition sera inté­res­sante car je n’ai jamais gagné ce tournoi et Rafa reste sur 40 victoires d’af­filée ici. D’autre part, les condi­tions ici sont plus lentes qu’à Rome et Madrid où je l’avais battu l’an passé. De toute façon, ces victoires‐là remontent à 12 mois en arrière et nous sommes aujourd’hui dans une nouvelle saison. J’aborderai donc ce match diffé­rem­ment. » S’attend‐il à un chan­ge­ment radical de tactique de l’Espagnol, qui n’a plus réussi à le battre depuis le Masters de Londres en 2010 ? « Je ne sais pas vrai­ment. De toute façon, je ne pense pas qu’un joueur puisse changer dras­ti­que­ment son style de jeu d’un coup. On peut faire de petits ajus­te­ments tactiques, mais c’est tout. Il n’y a pas de secrets entre nous. Nous savons tous les deux ce qui va se passer, en gros. » Pour conclure, le Serbe rappelle que battre Nadal sur terre battue, qui plus est à Monte Carlo, reste le « défi ultime ». Pourquoi ça ? « Parce qu’il est le meilleur de toute l’Histoire du tennis sur terre battue ». Une belle manière d’es­sayer de se décharger du statut de favori !

Mais qu’en pense juste­ment Rafa ? Son statut de maître de la terre battue lui permet‐il d’aborder ce match dans la peau d’un favori ? « Pas du tout ! » lâche‐t‐il ferme­ment. « Novak m’a battu lors de nos 7 dernières finales. Pour cette raison simple, c’est lui le favori de ce match. » Mais l’Espagnol ne s’ar­rête pas là. « Je peux même vous dire que sur ce match, Novak a beau­coup plus à perdre que moi. Parce que moi, j’ai tout à gagner. Et ça, c’est une chose très impor­tante. » Gilles Simon, maître tacti­cien et fin analyste du circuit confirme. « Pour moi, Djokovic a la pres­sion. L’an passé, il a fait un début de saison mons­trueux. Et quand il est arrivé sur terre battue, on s’est tous demandé ce qui allait se passer face à Nadal. Est‐ce que Rafa allait aussi paumer sur terre ? Bref, Rafa avait une pres­sion énorme. Cette année, c’est l’in­verse. » C’est l’in­verse parce que Novak est numéro 1 mondial, parce qu’il reste sur 7 victoires d’af­filée face à Rafael Nadal dont une mémo­rable lors de la finale du dernier Open d’Australie. Va‐t‐il réussir à faire perdurer cette série d’in­vin­ci­bi­lité face à l’ogre espa­gnol ? S’il n’y parvient pas, cela voudra‐t‐il dire que Rafa est en train de reprendre le dessus, en tout cas sur terre battue ?

Certes, le Serbe a beau­coup à perdre, et donc bien plus que Rafael Nadal, si on suit l’ana­lyse de Gilles Simon. Mais l’Espagnol ne va pas non plus rentrer sur le court l’es­prit léger. Pourquoi ? Parce que quoi qu’on en dise, si Nadal, seigneur de Monte Carlo, perd sa couronne moné­gasque pour la première fois depuis 2005, le symbole sera très, très fort. Il aura perdu dans quasi­ment toutes ses places fortes de la saison sur terre. Et ne manquera plus que Paris. Une défaite là‐bas semble­rait alors presque inéluctable. 

De votre envoyée spéciale à Monte Carlo