Saison 2008 de moyenne facture, perte de la première place mondiale, jeu et motivation remis en cause : le nom de Roger Federer engendre polémiques, débats et analyses. Le Suisse peut‐il redevenir l’ogre qu’il était ? C’est lui qui le dit. Pourquoi ne pas le croire ?
Cela pourrait s’appeler « Qui veut la peau de Roger (Rabbit) Federer ». Depuis quelques mois, le nom du n°1 mondial est passé à toutes les sauces. « Mais que lui arrive‐t‐il ? », « La fin d’un règne ? », « Le malaise Roger ». Les interrogations sortent de la plume des analystes du tennis, des connaisseurs de la balle jaune et les lecteurs de WLT ne sont pas en reste.
Si son année 2008 marque incontestablement une rupture – le mot est à la mode – par rapport à une domination et une hégémonie longue de quatre années sur le circuit masculin, il ne faut pas en conclure à un déclin, ou pire, à une fin de règne. Sans vouloir s’attarder plus longuement sur la montée en puissance de ses adversaires, au premier rang desquels Rafael Nadal, il ne semble pas que la cause des résultats de Federer soient en tout cas ses adversaires.
Durant de nombreuses années, le Suisse a affronté à de nombreuses reprises ce qui se fait de mieux sur le circuit en matière de talent, de compétitivité et d’adversité. Rarement il a flanché. Son talent certes, la variété de son jeu, mais surtout son mental ont fait de lui ce champion intraitable. L’argument selon lequel ses adversaires auraient tout d’un coup, après des années d’ignorance, découvert la méthode infaillible pour le battre apparait plus que douteux. Pendant tout son règne, le n°1 mondial a eu à affronter des adversaires aux jeux très diversifiés, et à la volonté unanime de vouloir le faire tomber. Sans succès. Si l’on prend pour exemple les deux dernières éliminations du Suisse, face à Gilles Simon et Ivo Karlovic, on peut sans hésitation affirmer qu’il n’y a pas un jeu ou une seule méthode pour battre Federer : « Ces dernières semaines, j’ai perdu des matches que je n’aurai jamais dû perdre. Cela me blesse. Mais je n’ai pas si mal joué que cela et cela ne va pas me faire pleurer pendant des mois ».
Si la baisse de régime, puisque c’est comme cela qu’il faut l’appeler, n’est pas due à ses adversaires, alors à quoi ? Ceux qui pratiquent le sport, et le tennis en particulier, savent tous la complexité du haut niveau. Il paraît impensable, voire impossible à quiconque de dominer le circuit pendant tant d’années, sans aucun fléchissement aussi ponctuel soit‐il et Roger ne déroge pas à la règle. Cela suffit‐il à le condamner pour le reste de sa carrière ?
En tout cas le Suisse ne compte pas baisser pavillon devant l’adversité : « J’ai encore un compte à régler aux Jeux Olympiques, on le sait ». Il fut d’ailleurs le premier joueur à fouler le court de Pékin, une manière sans doute de montrer que le maître n’a pas encore rendu les armes, ce que confirme son plus fidèle rival, Rafael Nadal : « Il ne faut pas sous estimer Roger. Le monde entier doit continuer à le regarder comme l’énorme champion qu’il a été et qu’il continue d’ailleurs à être ».
La rédemption de Roger passe donc par Pékin. Cela tombe bien, le destin, ou le tirage au sort, semblent lui faire un cadeau, en mettant sur sa route des joueurs qui l’ont récemment battu, entraînant le battage médiatique que l´on sait. Une sorte de revanche sur l’adversité en quelque sorte. Après le forfait de Karlovic, le Suisse dispose dans son tableau de Gilles Simon, qui l’a éliminé à Toronto, et de Tomas Berdych, qui avait brisé ses rêves d’or olympique il y a quatre ans, à Athènes. Comme un signe annonciateur du retour aux affaires du roi Roger.
Publié le jeudi 7 août 2008 à 22:38