Notre consultant pour GrandChelem – welovetennis.fr, Olivier Delaitre est revenu sur l’adoption de la réforme radicale de la Coupe Davis.
Olivier, comment réagissez‐vous à l’adoption de la réforme de la Coupe Davis ?
C’est beaucoup de tristesse. Il y a tellement d’émotion et des moments exceptionnels en Coupe Davis que de s’arrêter là, sans avoir essayé de trouver une autre solution que celle‐ci, radicale, est regrettable.
Avec ce nouveau format, impossible de l’appeler encore Coupe Davis ?
Ça ne ressemble plus à la Coupe Davis, on ne peut plus l’appeler Coupe Davis ! Je pense vraiment que l’on pouvait trouver d’autres solutions avant de changer radicalement. Par exemple, on aurait pu donner des « bye » aux finalistes, voire les faire commencer directement en demi‐finale et réduire le nombre d’équipes dans le groupe mondial.
D’autant que la principale requête des joueurs étaient de moins jouer…
Exactement. Je le redis : le finaliste et le vainqueur pouvaient débuter dès les demi‐finales et les autres nations en quarts de finale, soit un tour de moins que le format actuel (quatre tours pour soulever le trophée), donc moins de matchs. Maintenant, j’ai toujours entendu le discours de « on joue trop ». A mon époque, le numéro 1 mondial et je tairai son nom, voulait des tableaux de 16 car il estimait qu’il y avait trop de joueurs. Quand les meilleurs ne jouent pas, ils font des exhibitions ! J’accepte qu’on me dise que l’on joue trop, mais ne faites pas des exhibitions derrière. Ce n’est pas uniquement un problème de calendrier, mais d’argent. Désormais, il faut savoir si ce projet sera viable. L’avenir nous le dira. Kosmos (qui investit 3 milliards de dollars sur 25 ans) doit attendre un retour sur investissement. C’est un groupe extérieur au tennis qui vient donc par intérêt financier. Si au bout de deux ou trois ans, le retour n’est pas suffisant, il sera intéressant de voir leur réaction. Je ne les vois pas signer un chèque en blanc.
Et cette nouvelle compétition aura lieu un mois avant la World Team Cup de l’ATP, soit deux épreuves similaires…
On est trop attaché aux quatre ou cinq meilleurs joueurs qui ne la font plus. C’est une génération qui a absolument tout gagné. Ils ont donc le luxe de pouvoir choisir ce qu’ils veulent faire : qu’est-ce que je peux gagner en plus, un Grand Chelem, une Coupe Davis ? La génération suivante n’a encore rien gagné, alors remporter une Coupe Davis aurait de la valeur ! Zverev, Thiem ou Shapovalov seraient contents d’avoir une Coupe Davis à leur palmarès. Le problème aurait pu être résolu d’ici trois ou quatre ans quand les Federer, Djokovic, Nadal et Murray ne seront plus là. On aura une nouvelle génération qui aura faim de gagner des titres. C’était une question de temps et les meilleurs joueurs auraient joué pour la gagner. Désormais, il faut regarder comment le projet va évoluer et sera accueilli par les joueurs. On tirera le bilan dans deux ou trois ans.
Publié le jeudi 16 août 2018 à 19:47