La Suisse a soulevé à Lille la première Coupe Davis de son histoire. Un événement pour ce pays qui n’avait pas encore remporté de titre de cette dimension. Un titre qui ne souffre d’aucune contestation tant Roger Federer et Stan Wawrinka ont été intouchables tout au long du week‐end.
On s’était enflammé. Oui, nous aussi à GrandChelem/WLT avec notre une « On va les croquer ». Car toute la France rêvait d’un nouvel exploit de ses nouveaux Mousquetaires en Coupe Davis. Vingt‐trois ans après le dernier titre sur le sol français à Lyon contre les Etats‐Unis, un pays tout entier était derrière ses joueurs. Aujourd’hui, il faut être honnête et réaliste. La Suisse était trop forte et mérite amplement son premier Saladier d’Argent. Tout simplement. Stan Wawrinka a marché sur l’eau tout le week‐end et Roger Federer a livré une partition de très haute volée face à Richard Gasquet pour conclure de la plus belle des manières. Voir un pays aligner les numéros 2 et 4 mondiaux n’est pas donné à tout le monde.
Surtout, il faut tempérer sa déception. Mais plutôt, mesurer la chance que nous avons eu d’assister à un moment d’histoire. Roger Federer, la légende qu’il est et qu’il n’a plus à démontrer, a encore un peu plus marqué le tennis et le sport, à 33 ans. Lorsqu’il termine la rencontre d’un nouvel amorti, le Bâlois est rattrapé par l’émotion en s’écroulant à genoux sur la terre battue lilloise. Comme un certain 7 juin 2009 à Roland‐Garros. Ses larmes à l’issue du match en sont le symbole ultime. Il prend conscience de ce qu’il vient de réaliser.
« On a parlé sur le terrain avec la raquette »
Dans ce formidable succès, il faut également rendre hommage à Stan Wawrinka. Exemplaire de présence et de courage dans l’équipe helvétique depuis ses débuts, il est à n’en pas douter le grand artisan de la victoire suisse. Et le numéro 2 mondial n’a pas manqué de le rappeler en conférence de presse. « Je ne peux pas assez remercier Stan d’avoir fait tant d’efforts ce week‐end. » Devant leurs supporters, le maestro a même déclaré que le « MVP » du week‐end était Stan. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si l’équipe suisse fêtera son titre à Lausanne, ville natale du quatrième joueur mondial. Le vainqueur de l’Open d’Australie peut savourer ce trophée. Et nous chambrer, nous Français. « On a bien géré toute la semaine malgré les soucis que l’on a eus dans l’équipe, les problèmes physiques et tout ce qui s’est passé autour. J’ai dit que les Français parlaient trop de la finale, c’était mon avis. Chacun la préparait pour être prêt. À la fin, on a parlé sur le terrain avec la raquette. Nous avons été meilleurs. On a vu à quel point les choses pouvaient vite tourner. En début de semaine, il y avait des pages sur la crise, sur nous, sur le dos de Roger. Pour l’équipe de France, tout était parfait. Tout le monde était bien préparé et prêt à partir à la guerre pour reprendre leurs mots. Ce week‐end, cela a été l’inverse. »
C’est pour toutes ses raisons que l’on peut dire que la Suisse nous a croqué ! Si le premier tour de l’édition 2015 (du 6 au 8 mars) n’est pas encore à l’ordre du jour, il est encore bien difficile de savoir si Stan et Roger seront du voyage à Liège pour affronter la Belgique. Après une telle saison, la décompression serait légitime. Souvenez‐vous. Après avoir conquis le Saladier en 2010, Novak Djokovic n’avait pas pris part à l’édition 2011. Avec cette nouvelle date, juste avant la tournée américaine d’Indian Wells et Miami, les deux héros suisses pourraient disputer ce premier tour afin d’éviter à leur pays de jouer un barrage. Mais aujourd’hui, il est impossible de le savoir. Place d’abord, à la fête !
Publié le lundi 24 novembre 2014 à 17:04