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L’exemple de l’Espagne, excep­tion ou modèle absolu ?

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Pour bien comprendre le phéno­mène padel en Espagne, nous sommes allés à la rencontre de l’un des spécia­listes de la disci­pline Frédéric Bertucat. Aujourd’hui chargé du padel chez Babolat, il vit le phéno­mène dans son cœur au sein du club Sanset padel à Madrid, « la Mecque » de la disci­pline puisque ce club possède 32 courts et le centre d ́entraî­ne­ment d ́un grand nombre de joueurs profes­sion­nels du World Padel Tour. Entretien.

Comment expliquez‐vous que le padel soit devenu une disci­pline majeure en Espagne ?

« Il y a plusieurs phéno­mènes. Mais pour bien comprendre, il faut revenir plus récem­ment à un événe­ment majeur. À la fin des années 1990, l’Argentine a subi une crise écono­mique impor­tante. Là‐bas, les joueurs profes­sion­nels et entraî­neurs n’avaient donc plus la possi­bi­lité de vivre de leur sport. Ils ont donc décidé de s’exporter. Très natu­rel­le­ment, ils sont venus en Espagne. Parallèlement, cette période coïn­ci­dait avec l’explosion des programmes immo­bi­liers sur l’ensemble du terri­toire espa­gnol. Les promo­teurs ont eu la riche idée d’agrémenter les lotis­se­ments de courts de padel. Ces deux éléments conju­gués aux spéci­fi­cités du jeu padel ont donc permis à cette disci­pline de rentrer dans tous les foyers puis dans les clubs de tennis. Aujourd’hui, le padel est devenu un sport majeur qui rythme la vie de tous les Espagnols avec notam­ment près de 40% de femmes pour un total de plus de 2,5 millions de pratiquants. »

Quel est le profil type du joueur en Espagne ?

« Il est d’une caté­gorie profes­sion­nelle moyenne‐haute, âgée entre 35 et 45 ans. Le padel aujourd’hui touche surtout les adultes mais on voit de plus en plus de « jeunes pousses » sur les terrains avec le déve­lop­pe­ment d ́un ensei­gne­ment spéci­fique et des produits de plus en plus adaptés à leur morpho­logie. Le padel est vrai­ment un sport facile pour tous les âges et tous les niveaux. Le côté social de ce sport fait que le prati­quant moyen padel joue en moyenne 2 à 3 fois par semaine pour se retrouver sur le terrain et dans le club house avec son entourage. »

Quels types de struc­tures accueillent les pratiquants ?

« Le marché du padel est main­te­nant mûr en Espagne. On a donc des struc­tures privées, des clubs de padel, des équi­pe­ments en lotis­se­ment et bien sûr, des clubs de tennis qui ont trans­formé leurs habi­tudes en ajou­tant des courts de padel ou en utili­sant des courts de tennis pour en construire. Beaucoup de centres de fitness ont aussi intégré cette disci­pline répon­dant à une demande notam­ment chez les femmes. L’Espagne reste un bel exemple pour comprendre l’émergence de cette disci­pline. Il y a forcé­ment des ensei­gne­ments à tirer de tout cela pour la France. Chez Babolat, on a donc décidé de s’immerger tota­le­ment au cœur du marché pour vivre le padel de l’intérieur. Cela nous permet de comprendre les nouveaux services et produits qu’il faudra apporter à cette communauté. »

Pensez‐vous que la France peut connaître la même explo­sion sachant qu’avec bientôt 3 000 lieux de pratique en Espagne le padel est devenu le troi­sième sport du pays (derrière le foot­ball et l’ath­lé­tisme) en termes de pratique sportive ?

« Je suis persuadé que la France va connaitre le même succès que l’Espagne dans les années à venir et peut‐être plus car le poten­tiel de joueurs de sports de raquettes en France est bien supé­rieur à celui de l’Espagne. De plus, en France, le padel a la chance d’être géré par une Fédération struc­turée et forte d’un projet. Maintenant, il faut lui laisser le temps de se mettre en place. L’idée, n’est pas d’aller vite pour aller vite. Du côté de Babolat, nous avons une vraie exper­tise de l’entité club en France, nous avons donc notre rôle à jouer dans cette future crois­sance. Je pense par exemple que beau­coup d’autres struc­tures privées vont voir le jour en France. Parallèlement à ce déve­lop­pe­ment, des clubs de tennis sont en train de s’équiper. Notre rôle, en tant que marque, est de les accom­pa­gner dans cette démarche. Le déve­lop­pe­ment du padel en France passera évidem­ment par la mise en place de forma­tions, d’outils péda­go­giques padel. Forts de notre expé­rience en Espagne, c’est un service que nous pouvons offrir à toutes les struc­tures en France en s’appuyant sur notre réseau de club et sur nos moni­teurs espa­gnols. Le chan­tier est impor­tant mais on voit qu’il y a une vraie demande de la part de nombreux profes­seurs de tennis. Nos premières forma­tions avec la FFT sur le thème du padel ont eu un sacré succès, elles étaient pleines. Nous sommes à la nais­sance du mouve­ment en France. On a des points de repère avec l’Espagne, à nous de faire fruc­ti­fier tout cela. »

L’avis de Franck Binisti :

« L’Espagne et l’Argentine sont les poumons du padel pour le moment. il n’y a qu’à voir les anciens joueurs de tennis qui le pratiquent. Je pense à Carlos Moya, Juan Carlos Ferrero, Alex Corretja mais aussi Marcel Granollers qui a d’ailleurs créé son académie de padel. Mais le padel s’internationalise de plus en plus. Le circuit profes­sionnel en est d’ailleurs le meilleur baro­mètre puisqu’aujourd’hui plusieurs étapes ont lieu en‐dehors de la pénin­sule ibérique dont la fameuse grande étape à Monaco : le Monte Carlo Padel Master. »

Dossier padel :

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