AccueilInterviewsYannick Ferret : « On va être plus sélectifs, c'est une évidence »

Yannick Ferret : « On va être plus sélec­tifs, c’est une évidence »

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Pour être complet à propos de la réforme du clas­se­ment requis pour devenir moni­teur de tennis en France, il fallait donner la parole à un forma­teur. C’est le cas de Yannick Ferret, direc­teur adjoint du Nice Lawn TC, mais aussi chargé de mettre en place les forma­tions des futurs DE dans sa région. Il revient, pour nous, sur le système exis­tant, les amélio­ra­tions à lui apporter, ainsi que les sélec­tions qui vont prendre en compte la réforme à 152.

L’argument choc de la réforme, c’est : plus de candi­dats, donc une sélec­tion plus forte avant d’en­trer en forma­tion. Vous partagez cet avis ?
Bien évidem­ment et on l’a déjà observé lors de notre session de rentrée. Il y a plus de candi­dats et cela donne des respon­sa­bi­lités supplé­men­taires au jury qui prend ses décisions. 

Est‐ce que cela va vous obliger à changer vos critères ?
Les changer, non, ils restent toujours les mêmes et sont dictés par les règles de la Fédération. On peut, cepen­dant, les adapter à sa région, son public. Chez nous, par exemple, je sais que l’épreuve de démons­tra­tion est importante.

C’est, juste­ment, l’un des axes de réflexion des DE, qui estiment qu’à 152, on n’est pas toujours bien armé dans ce domaine…
C’est une idée reçue et j’ai beau­coup de contre‐exemples à ce sujet. 


Peut‐être, mais on sent une réelle inquiétude…

Il y a une forme de cris­pa­tion de la part des mes collègues, alors qu’il n’y a pas vrai­ment de quoi s’in­quiéter. Le clas­se­ment, c’est juste un pré‐requis, rien de plus. D’ailleurs, je sais qu’il y a déjà des centres de forma­tion qui, par prin­cipe, vont rester sur la logique du clas­se­ment minimum à 15. C’est leur choix, je n’ai pas à le criti­quer, ils sont maîtres de leurs critères de sélection.

Ce ne sera pas le cas chez vous ?
Non, car on a parti­cipé en amont à cette réforme. On en a vite compris les objec­tifs. Néanmoins, la Côte d’Azur n’est pas vrai­ment l’une de ces zones blanches, où les ensei­gnants manquent. C’est plutôt le contraire, puis­qu’on est même dans la région qui compte le plus de DE en profes­sion libé­rale. Ce n’est pas anecdotique.

Pouvez‐vous nous en dire plus sur cette fameuse sélec­tion, son contenu, sa durée ?

Lors de la session, il y a quatre épreuves. Celle de démons­tra­tion, sur une heure, où l’on demande au joueur de nous prouver qu’il possède une vraie qualité de balle, qu’il maîtrise l’en­semble des coups du tennis. Je me souviens d’un candidat qui nous avait répondu : « La volée ? Mais je m’en moque, je ne monte jamais au filet ! » Je vous laisse imaginer la suite. Il y a égale­ment un écrit, puis un entre­tien oral. Enfin, le candidat doit mettre en place une séance sur le court sur un thème choisi. C’est une façon de véri­fier ses apti­tudes en termes de pédagogie.

Et cela débouche sur une note ?
Non, c’est terminé tout ça (rires), on travaille plutôt sur des compé­tences. A la fin de la sélec­tion, on peut établir un profil, avec ce qui nous semble acquis, ce qui va l’être… On a une vision d’en­semble. Dans la foulée, c’est à nous de prendre la décision.


Certains disent que cette réforme vise surtout à remplir les centres de formation ?

On peut toujours avancer ce type d’ar­gu­ments. Moi, je constate juste que cela crée une nouvelle dyna­mique et favo­rise des nouveaux profils. Notre rôle, en tant que forma­teurs, n’en est que plus impor­tant, plus décisif.

Bernard Pestre a évoqué un métier qui change, avec un DE qui doit aussi être un anima­teur. Qu’en penses‐tu ?
Il ne faut pas tout mélanger, mais c’est une réalité. Cependant, au lieu d’en­glober ce rôle dans le diplôme de DE, j’au­rais vrai­ment préféré qu’on fasse comme dans d’autres disci­plines et qu’on ait le courage de créer un Brevet Professionnel spéci­fique à cette fonction. 

Pourquoi ?
Cela aurait permis de préserver l’image de l’en­sei­gnant de tennis, tout en créant encore des voca­tions. J’ai été le premier à faire des forma­tions pour les AMT (Assistants Moniteurs de Tennis) dans ma région. Je sais qu’il y a des passionnés, des personnes qui vivent le tennis à fond. Pour autant, est‐ce que la seule solu­tion, pour ces gens‐là, doit être de devenir DE ? Je ne pense pas. 

Vous êtes inquiet pour la profession ?
Pas du tout, bien au contraire. Le marché du travail va faire sa sélec­tion et un profes­seur qui a la voca­tion et l’envie sera toujours recherché. 

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