Vladimir Platenik, coach de Daria Kasatkina, directeur technique d’Empire Academy en Slovaquie, revient pour GrandChelem sur la notion délicate de la précocité. Il insiste logiquement sur le statut des joueurs talentueux qui, selon lui, n’entraîne pas forcément une vraie capacité à se surpasser.
Que signifie pour vous l’idée d’être précoce ?
« Pour moi, avoir de la précocité signifie tout simplement avoir des aptitudes sportives, physiques ou mentales qui sont nécessaires à la réussite. »
Est‐ce que la précocité est un vrai plus pour parvenir à réussir ?
« La précocité aide mais elle ne garantit pas obligatoirement le succès. Il existe beaucoup d’exemples dans notre sport où la fameuse précocité n’a pas permis d’atteindre des sommets. »
Malgré tout, cela reste‐t‐il une clé pour parvenir à atteindre le sommet ?
« J’ai envie de dire comme d’autres facteurs. Le tennis a évolué. Aujourd’hui la concurrence est accrue. Par le passé cela pouvait presque suffire ou être le facteur déterminant, les écarts étaient importants entre les joueurs. Tout cela est révolu, et les méthodes d’entraînements ont évolué. »
Comment expliquez‐vous que certains joueurs très précoces ne parviennent pas à percer ?
« Beaucoup de talents n’ont pas réussi car il y a d’autres éléments nécessaires pour parvenir à progresser. En fait, la plupart des joueurs talentueux bénéficie d’un traitement spécial. Ce n’est pas bon car ils deviennent presque forcément paresseux et vivent souvent dans le confort. La pression qu’ils subissent ou encore la faiblesse mentale sont également des explications pour analyser leur échec. »
Pensez‐vous qu’il existe une différence entre les filles et les garçons sur ce sujet ?
« Si on parle de précocité, pas tellement. Les filles sont un peu plus disciplinées, c’est une certitude. Mais il existe aussi des exemples de joueuses talentueuses qui ont eu des parcours similaires aux garçons. »
À quel âge peut‐on vraiment se dire qu’un joueur est précoce ?
« Vers 7 ou 8 ans on peut en effet vérifier si l’enfant a des aptitudes au‐dessus de la moyenne. »
Quels sont les signes qui permettent de faire ce diagnostic ?
« On peut voir des enfants qui sentent la balle, qui apprennent rapidement la technique et qui ont des capacités à se concentrer. Après, il faut aussi se rendre compte que 8 ans c’est vraiment tôt, et il ne faut surtout pas oublier que le tennis s’assoit sur trois piliers : le physique, la tactique et le mental. À cet âge‐là, nousen sommes encore loin, mais il est évident qu’un joueur qui a déjà des qualités supérieures est un vrai plus pour progresser dans son apprentissage du haut niveau. »
Y a‑t‐il une corrélation entre la précocité et la maturité ?
« C’est personnel et propre à chacun, mais si on trouve la combinaison de la précocité et de la maturité, on parle la plupart du temps d’un grand champion. »
Publié le mardi 19 juillet 2016 à 16:07