Battu le vendredi par Dusan Lajovic, Lucas Pouille a vécu un week‐end de Coupe Davis plutôt difficile même si les Bleus se sont finalement qualifiés pour la finale face à la Belgique. Entretien extrait du numéro 60 de GrandChelem.
Lucas, est‐ce que tu as un souvenir de la dernière victoires bleus même si tu étais plutôt jeune ?
Non car je n’avais pas encore commencé à jouer au tennis. J’étais tout petit.
Quel est alors ton premier souvenir de la Coupe Davis ?
La finale France‐Russie à Bercy, le fameux match de Paul Henri (Mathieu), mais je n’ai pas envie de résumer cette finale avec ce moment tragique. Je sais juste que j’avais tout regardé, c’était fascinant.
Où places‐tu la Coupe Davis dans ton cœur et tes objectifs ?
Très haut forcément, mais un cran en dessous les tournois du Grand Chelem. C’est une épreuve mythique, qui fait partie de notre histoire surtout en France.
Maintenant que tu l’as découvert de l’intérieur, est‐ce que c’est aussi intense que tu le pensais ?
C’est beaucoup plus fort que je ne le pensais. Ce qui se passe dans une équipe, est très très fort, et j’ai envie de dire qu’il faut le vivre pour le comprendre dans toute sa dimension. L’expliquer c’est difficile, il faut être à l’intérieur.
Est‐ce que tu penses que nous les médias on puisse comprendre cela ?
Je trouve que vous cherchez plus la petite bête, l’info polémique, c’est lassant.
La solution serait de ne plus nous parler ?
Oui, mais à ce moment‐là, vous n’aurez plus de travail. Maintenant, les médias font ce qu’ils veulent. Personnellement, je n’ai pas de souci. Je ne me suis jamais caché, aussi bien dans la victoire que dans la défaite. Je n’ai pas dit que j’allais y arriver, mais que j’allais tout faire pour y parvenir. Que j’y arrive ou pas, on verra à la fin. Il y a un an (lors de la demi‐finale de Coupe Davis perdue à Zadar), je venais de perdre. Au final, personne ne m’avait dit quoi que ce soit car je venais de battre Rafa (en huitièmes de finale de l’US Open). Je n’avais pas gagné un match de l’été et sur gazon, et finalement, je fais quarts à Wimbledon et à l’US Open. Cette année, je gagne Stuttgart et perds au deuxième tour de Wimbledon. Avant l’US Open, je ne gagne pas un match et je cède en huitièmes, soit un tour de moins que l’an dernier. J’ai perdu mon simple en Coupe Davis, alors tout de suite est‐ce que c’est conforme à ce qui s’est passé cet été… Maintenant, c’est comme ça que ça marche. Quand on gagne, on devient un héros, quand on perd, on nous plonge le plus bas possible.
Néanmoins, par rapport à une génération vieillissante, tu comprends que les passionnés de tennis soient derrière et attendent beaucoup de toi ? Ou alors, est‐ce que l’attente est trop importante ?
Je n’ai pas de problème avec le fait que l’on attende beaucoup de choses de moi, que ce soit le public ou les médias d’ailleurs. Au contraire, je trouve ça très positif et c’est à moi d’être à la hauteur.
- « La Coupe Davis, c’est beaucoup plus fort que je ne le pensais »
En fait, on était triste de te voir gamberger sur ce premier simple de la demi‐finale…
Pourquoi, il faut simplement être à ma place pour le comprendre. La Coupe Davis, tant qu’on ne le vit pas, on ne peut pas le comprendre. Mettre quelqu’un avec une raquette devant 18 000 personnes, j’aimerais bien voir le nombre de gens qui peuvent perdre leurs moyens, même si je ne les ai pas perdus et que mon adversaire a été meilleur. Ce n’est pas toujours évident de sortir le bon match au bon moment. Je suis très déçu, car j’ai toujours envie d’apporter mon meilleur et une victoire pour le public et les copains.
Quel est le meilleur moment que tu as vécu en Coupe Davis ?
La qualification pour la finale… Le partage avec le public et les gars a été un moment très fort. J’ai simplement hâte d’être au 24 novembre pour revivre des émotions aussi fortes que celles‐ci, voire plus encore…
A l’approche de la finale, si tu es sélectionné, auras‐tu une autre approche ?
Cela passe par le maximum de victoires avant la finale. Plus on arrive avec de la confiance, et mieux ce sera. Comme quand on avait fini à Rouen (en quarts de finale, en avril), il y a de nombreuses échéances avant la finale. On repart sur notre carrière personnelle. Avant de penser à la Coupe Davis, je vais essayer d’avoir les meilleurs résultats possibles. Cela commence par Metz. D’ailleurs, je n’y vais pas pour défendre mon titre, on ne défend jamais rien. L’objectif est de gagner un titre de plus. Ensuite, il faudra aller le plus loin possible à Pékin, Shanghai et Bercy qui est un tournoi qui me tient à cœur. C’est le dernier en France et comme je n’ai pas bien joué à Roland Garros, je veux faire le maximum à Bercy.
A la suite de ta défaite, Noah t’a beaucoup défendu. Est‐ce ton impression ? Est‐ce qu’il t’a stressé ?
Non, je n’ai pas réellement eu ce sentiment. On est tous très particulier. On est des joueurs de tennis, livrés à nous‐même sans cesse sur le terrain. On vit des émotions particulières et on peut avoir des réactions bizarres parfois (sourire). Quand j’arrive sur la chaise, ce ne doit pas être évident pour le capitaine également. Il faut trouver un juste milieu, un équilibre entre lui et moi. On doit travailler tous les deux. Ce que je peux lui donner comme message, comme « j’ai besoin d’être tranquille » ; « pousse moi à fond » ; « il faut que tu m’aides », c’est très important pour que l’on soit le plus fort possible tous les deux sur le terrain.
La Coupe Davis occupe une place importante en France. Est‐ce que le fait de la remporter pourrait te servir de déclic ?
Probablement, je pense que ça donnera beaucoup de confiance et d’envie pour la suite. Après, j’ai conscience que je peux faire de bonnes choses sur un plan tennistique, que je peux aller loin dans les grands tournois et que je peux battre les meilleurs. Cette saison, je n’ai pas réussi à le faire alors je repars au travail. L’objectif principal de cette fin de saison est cette Coupe Davis et être au mieux le jour J. Cela passe par des résultats pour gagner en confiance et remporter cette compétition qui nous tient tellement à cœur.
La France jouera la 18ème finale de l’histoire. Elle tentera donc de soulever à Lille du 24 au 26 novembre le dixième Saladier d’Argent de son histoire après le derniers acquis en Australie en 2001. Sur les 4 dernières finales à domicile, une seule a été synonyme de succès, c’était à Lyon en 1991. Depuis cette date, il y a eu trois défaites (Nice 1999, Bercy 2002, Lille 2014).
Publié le lundi 2 octobre 2017 à 18:30