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Nadal, et maintenant ?

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Au lende­main de sa défaite d’entrée contre Fernando Verdasco, de nombreuses ques­tions se posent autour de Rafael Nadal. Le Majorquin, que l’on disait reparti vers le succès, semble replonger dans le doute après ce revers. La route vers Roland‐Garros s’annonce déci­sive pour la suite…

On a tous été saisis par la sortie du court de Rafael Nadal, qui passe devant « lui » dans les couloirs de la Rod Laver Arena. Tête basse, l’image est frap­pante. Poignante même. L’immense cham­pion qu’il est ne rugit plus. Le constat est sans appel. Sur les trois derniers tour­nois du Grand Chelem, il n’a pas disputé la moindre deuxième semaine : deuxième tour à Wimbledon (Dustin Brown), troi­sième tour à l’US Open (Fabio Fognini) et premier tour de l’Open d’Australie (Fernando Verdasco).

Un coup droit devenu inoffensif

Oui, le gladia­teur qu’il a été ne fait plus peur. Aujourd’hui son regard n’effraie plus le vestiaire comme ce fut le cas. Terrible, car depuis cinq mois, on le sentait sur le bon chemin, retrou­vant le sourire et le plaisir en indoor, une surface qui, jadis, l’a tant fait souf­frir. Son coup droit lifté est pointé du doigt. Lui‐même le recon­naît. « Je n’ai pas su lui poser des problèmes avec mon coup droit. Il arri­vait même à frapper des coups gagnants. Cela ne doit pas arriver avec mon coup droit (…) Je n’ai pas été assez agressif avec mon coup droit. Je ne le sentais pas. J’ai essayé. Je me suis battu. J’étais prêt à le faire. Mais je ne l’ai pas fait. Je n’en suis pas satis­fait. » Et pour retrouver un coup droit qui fait mal, Rafa doit se réin­venter. La encore, il le dit lui‐même. « J’essaie d’être plus à l’intérieur du court. Ces chan­ge­ments ne sont pas faciles à mettre en place surtout quand vous êtes en période de compé­ti­tion. Si je ne le fais pas, je suis mort. On peut être défensif ou offensif. Mais si on est au milieu, on n’arrive à rien. »

Place à un nouveau discours ?

C’est rare d’entendre de tels propos de sa part. Pour conti­nuer à se réin­venter, le Taureau de Manacor a besoin d’un nouveau discours, de nouvelle(s) personnes(s) pour évoluer vers un nouveau mode de fonc­tion­ne­ment. À 29 ans (30 le 3 juin prochain), c’est une évidence s’il ne veut pas vivre une fin de carrière insi­pide. Oui, Rafa est devenu une légende grâce à Toni. Alors atten­tion. Évoluer ne veut pas dire mettre Toni au placard. Loin de là. Simplement avoir un conseiller. S’il n’en est pas convaincu, il n’a qu’à demander à son bon vieux copain Roger les bien­faits de l’apport de Stefan Edberg. Et je suis convaincu que les préten­dants pour­raient se bous­culer à son chevet.

Pour l’instant, il est encore trop tôt pour dire que 2016 sera chao­tique. Chacun sait que Rafa mise (tout) sur la terre battue. Le bilan devra être fait après. Mais cette saison sur l’ocre va s’avérer déci­sive pour la suite. Sur terre, sa surface natu­relle, Rafa espère retrouver de sa splen­deur pour vivre, encore, l’ivresse des sommets et des succès. Imaginez un seul instant la valeur d’un dixième titre à Roland‐Garros après toutes ces souf­frances… Alors oui, s’il est capable d’une muta­tion, sa hargne légen­daire brillera de nouveau. Le « vamos » rugira encore plus fort.