Au lendemain de sa défaite d’entrée contre Fernando Verdasco, de nombreuses questions se posent autour de Rafael Nadal. Le Majorquin, que l’on disait reparti vers le succès, semble replonger dans le doute après ce revers. La route vers Roland‐Garros s’annonce décisive pour la suite…
On a tous été saisis par la sortie du court de Rafael Nadal, qui passe devant « lui » dans les couloirs de la Rod Laver Arena. Tête basse, l’image est frappante. Poignante même. L’immense champion qu’il est ne rugit plus. Le constat est sans appel. Sur les trois derniers tournois du Grand Chelem, il n’a pas disputé la moindre deuxième semaine : deuxième tour à Wimbledon (Dustin Brown), troisième tour à l’US Open (Fabio Fognini) et premier tour de l’Open d’Australie (Fernando Verdasco).
triste image quand nadal passe a coté de lui quand il dominait le monde du tennis pic.twitter.com/dArMpBCfKf
— philippe (@philousports) 19 Janvier 2016
Un coup droit devenu inoffensif
Oui, le gladiateur qu’il a été ne fait plus peur. Aujourd’hui son regard n’effraie plus le vestiaire comme ce fut le cas. Terrible, car depuis cinq mois, on le sentait sur le bon chemin, retrouvant le sourire et le plaisir en indoor, une surface qui, jadis, l’a tant fait souffrir. Son coup droit lifté est pointé du doigt. Lui‐même le reconnaît. « Je n’ai pas su lui poser des problèmes avec mon coup droit. Il arrivait même à frapper des coups gagnants. Cela ne doit pas arriver avec mon coup droit (…) Je n’ai pas été assez agressif avec mon coup droit. Je ne le sentais pas. J’ai essayé. Je me suis battu. J’étais prêt à le faire. Mais je ne l’ai pas fait. Je n’en suis pas satisfait. » Et pour retrouver un coup droit qui fait mal, Rafa doit se réinventer. La encore, il le dit lui‐même. « J’essaie d’être plus à l’intérieur du court. Ces changements ne sont pas faciles à mettre en place surtout quand vous êtes en période de compétition. Si je ne le fais pas, je suis mort. On peut être défensif ou offensif. Mais si on est au milieu, on n’arrive à rien. »
Place à un nouveau discours ?
C’est rare d’entendre de tels propos de sa part. Pour continuer à se réinventer, le Taureau de Manacor a besoin d’un nouveau discours, de nouvelle(s) personnes(s) pour évoluer vers un nouveau mode de fonctionnement. À 29 ans (30 le 3 juin prochain), c’est une évidence s’il ne veut pas vivre une fin de carrière insipide. Oui, Rafa est devenu une légende grâce à Toni. Alors attention. Évoluer ne veut pas dire mettre Toni au placard. Loin de là. Simplement avoir un conseiller. S’il n’en est pas convaincu, il n’a qu’à demander à son bon vieux copain Roger les bienfaits de l’apport de Stefan Edberg. Et je suis convaincu que les prétendants pourraient se bousculer à son chevet.
Pour l’instant, il est encore trop tôt pour dire que 2016 sera chaotique. Chacun sait que Rafa mise (tout) sur la terre battue. Le bilan devra être fait après. Mais cette saison sur l’ocre va s’avérer décisive pour la suite. Sur terre, sa surface naturelle, Rafa espère retrouver de sa splendeur pour vivre, encore, l’ivresse des sommets et des succès. Imaginez un seul instant la valeur d’un dixième titre à Roland‐Garros après toutes ces souffrances… Alors oui, s’il est capable d’une mutation, sa hargne légendaire brillera de nouveau. Le « vamos » rugira encore plus fort.
Publié le mercredi 20 janvier 2016 à 18:00