Timea Bacsinszky est passée par de drôles d’épreuves ces trois dernières années : blessures, remise en question psychologique… Au point que la Suissesse a arrêté le tennis pendant plusieurs mois. En conférence de presse, à Roland Garros, elle savoure sa victoire sur Maryna Zanevska au premier tour, 6–1 6–4. Surtout, elle raconte son parcours avec beaucoup d’émotion.
A un moment donné, j’ai eu du mal à me réveiller le matin et à mettre toute mon énergie dans le tennis. J’ai décidé d’arrêter de jouer et j’ai fréquenté une école d’hôtellerie connue. J’ai fait un stage dans un hôtel 5 étoiles pour travailler à la réception, puis au service restauration, etc. Je suis passée un peu par tous les services. J’ai adoré cela franchement. Ce n’est pas parce que cela ne me plaisait pas de faire la vaisselle, non, cela me plaisait énormément.
Mais, l’année dernière, j’ai reçu un e‑mail de Roland Garros qui m’a dit que j’étais en avant dernière position, de nombreux joueurs qualifiés ne venaient pas parce qu’ils étaient impliqués dans d’autres tournois. Cela m’a pris par surprise. Je n’avais pas joué pendant six mois, c’était très long, juste un ou deux tournois. Je me suis dit : « Pourquoi pas, j’y vais ». J’ai téléphoné à mon directeur et je lui ai dit : « Désolée, je ne peux pas ouvrir le bar ce matin, je vais jouer au tennis » et j’ai pris ma voiture et je suis venue. Ma raquette était à peine prête, avec des cordes à peine utilisables. Tout le monde se souvenait de moi et les personnes m’ont dit : « Vous êtes une joueuse de tennis ».
« Désolée, je ne peux pas ouvrir le bar ce matin, je vais jouer au tennis »
En venant ici, tout ce que j’avais fait avec le psychologue que j’avais vu auparavant a fonctionné. Tout s’est mis en place, j’ai compris beaucoup de choses. C’est incroyable comment votre vie peut basculer un beau jour. J’ai compris que je pouvais enfin prendre des décisions et que personne n’avait le droit de décider à ma place, que j’étais une adulte, que je gagnais ma vie et que si j’avais envie de dépenser mon argent d’une certaine manière, c’était ma décision, que j’avais la capacité de le faire et que personne n’avait le droit de me dire ce qui était bien ou mal.
Le match que j’ai gagné aujourd’hui, et tous ceux que j’ai gagnés cette année, représentent donc beaucoup de travail, c’est un long parcours. Cela a commencé l’année dernière pas ici mais la semaine après Roland Garros. Je me suis mise à travailler avec mon entraîneur. Il m’a préparé. Il me disait : sois prête, tu vas jouer. Ne soit pas surprise que les gens s’intéressent à toi, la presse, tout le monde. »
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Publié le lundi 26 mai 2014 à 15:31