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Federer, l’up­percut !

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Roger Federer s’im­pose en demi‐finale de Wimbledon. Le Suisse fait exploser Djokovic, 6–3 3–6 6–4 6–3, en 2h19 de jeu. Il jouera Jo‐Wilfried Tsonga ou Andy Murray pour un septième titre sur le gazon londo­nien.

Roger Federer lance sa première balle de service dans les cieux londo­niens. Le bras s’élève. Part à 200. Au T. Djokovic se jette. Bas du filet… Victoire ! Roger lance ses poings pour tutoyer le ciel. Il jubile. C’est énorme, c’est immense. Le voilà qui vient de battre Novak Djokovic, numéro un mondial. Le voilà qui atteint la finale de Wimbledon pour la huitième fois de sa carrière. Le voilà qui joue pour l’his­toire et les records. Un septième titre pour égaler Pete Sampras, une 286ème semaine à la place de numéro un pour égaler Pete Sampras. Un 17ème titre en Grand Chelem pour dépasser… Federer. Aujourd’hui, c’est Novak Djokovic qui a fait les frais de l’ap­pétit du Suisse, son appétit de jeu, de perfor­mances et de grands matches. Ce vendredi, le numéro trois mondial est rede­venu, les temps de deux heures, le patron du tennis mondial. 

« Unbelievable. » Comment est‐ce arrivé ? Comment Federer a‑t‐il pu renverser un garçon qui l’avait battu six fois lors de leurs sept dernières rencontres ? C’est simple. Une mise en route plus que diesel de part et d’autres, mais, côté Roger, un service infaillible. 83% de points gagnés derrière sa première, c’est bon. Mais 83% derrière sa deuxième… C’est énorme ! Novak n’est pas dans son match, il semble crispé et multi­plie les fautes. Résultat : il laisse son adver­saire s’en­voler au score et remporter la première manche 6–3.

Dans la deuxième, le scénario est inverse. Roger Federer ne hausse pas son niveau de jeu, mais concède son service d’en­trée, pour la septième fois du tournoi. Djoko lui, plus mobile, plus dur à l’échange, s’ap­puie sur ses fonda­men­taux : une bonne couver­ture de terrain et un coup droit qui cherche à faire craquer. C’est son tour d’être intrai­table au service : il ne laisse rien à son vis‐à‐vis et remporte 93% des points sur ses premières. Un partout, balle au centre, 6–3 3–6.

Une deuxième balle majuscule !

Troisième set. Et le bras de fer s’en­gage. Les échanges se durcissent, le niveau de jeu s’élève sensi­ble­ment. A ce jeu‐là, c’est Roger Federer qui tire son épingle. Il sauve la seule balle de break qu’il concède et concré­tise, lui, son unique oppor­tu­nité… sur balle de set. A partir de la moitié de ce troi­sième exer­cice, c’est du Roger grand format. Enfin, a‑t‐on envie de dire, tant cette demie a mis du temps à démarrer. Neuf points gagnants, quatre fautes directes et, surtout, toujours cet hallu­ci­nant pour­cen­tage de points gagnés en deuxième balle : 75%, trois points sur quatre. Le troi­sième joueur mondial mène deux sets à un, 6–3 3–6 6–4.

Quatrième… et récital Roger Federer. Novak Djokovic n’est plus là. Il explose sous la constance du Suisse. Neuf points gagnants, une faute directe et la même rigueur au service. Pas de break concédé, c’est normal, pas d’oc­ca­sions lais­sées. Djokovic, lui, présente un ratio de six points gagnants pour cinq fautes directes. Autant vous dire que l’ini­tia­tive est l’apa­nage du Suisse, du rouge à croix blanche et de la ricola. Roger breake tout de suite dans ce set… et n’est plus inquiété. Sur un ultime service gagnant, il s’im­pose et élimine le numéro un mondial, tenant du titre, rendant possible ce qu’on ne croyait plus imagi­nable : 6–3 3–6 6–4 6–3, en 2h19. 31 points gagnants, 10 fautes directes. 28 et 21 pour le Serbe. Et puis, 75% de points gagnés derrière sa première, 72% derrière sa deuxième, contre 71% et 57% à Djokovic. Voilà tout. C’est fait.

Une perfor­mance excep­tion­nelle. Non pas dans le jeu, tant ce match a mis long­temps à démarrer, mais dans ses enjeux, dans son contexte, dans son terreau. Un terreau fertile à la légende, qui offre à Roger Federer la possi­bi­lité de lier un peu plus son nom à celui de l’Histoire. Il jouera dimanche sa première finale de Grand Chelem depuis Roland Garros 2011. Dans son jardin d’Eden. Dans cet endroit où s’ex­prime à merveille sa légè­reté et sa grâce rêveuse. Où son corps crie d’amour pour ce jeu qu’il aime plus que n’im­porte qui. 

Et aujourd’hui, oui. C’est vrai. Roger Federer a aimé ce jeu un peu plus que Novak Djokovic.

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