Elle a réalisé son rêve. Elle y est allée avec son coeur, ses tripes, sa hargne et sa rage. Meilleure joueuse française depuis qu’Amélie Mauresmo a quitté le circuit, Marion Bartoli lui succède là où elle est allée chercher son dernier titre : dans le temple du tennis à Wimbledon. La tricolore remporte sa finale contre Sabine Lisicki 6–1 6–4 et rentre dans l’histoire du sport français. C’est mérité. Plus d’infos à suivre…
Incrédulité ou euphorie. Surprise ou joie. On ne sait pas, on ne sait plus, on ne saura jamais. L’instant est peut‐être juste à savourer tel quel, comme une belle bouteille de vin qui s’est bonifiée avec le temps ‑beaucoup de temps – et dont le parfum vous enivre, enfin. C’était tellement inattendu. C’est un poncif dont on use et dont on usera certainement encore longtemps mais : qui aurait parié là‐dessus ? Qui ? Certainement pas nous ! Personne d’ailleurs. A part peut‐être Marion elle‐même. C’est même certain. Mais quand même, après ce début de saison très en dessous de son niveau, sa période de transition, son père, Mauresmo, la Fédération… il y avait tellement de choses. Et la voilà qui soulève le trophée du plus beau tournoi du monde. Dans le stade considéré par beaucoup comme le lieu le plus mythique tous sports confondus. Ca fait beaucoup d’un coup.
A l’expérience
En se qualifiant pour la finale après un parcours, c’est vrai, que beaucoup estiment simple, Marion Bartoli était entre deux eaux. D’un côté, la Française n’avait pas eu à sortir de tout son tournoi des joueuses mieux classées qu’elle. Mais elle avait déjà l’expérience d’une finale jouée ici en 2007. De l’autre côté, Sabine Lisicki a réalisé un Wimbledon de haute facture, sortant tour à tour Stosur, Williams ou encore Radwanska. Un tableau de chasse de qualité. Et un ratio de victoires (3 à 1) favorable contre Marion. Quel paramètre allait rentrer en compte ? Pour le voir, il suffisait de regarder les dix premières minutes du match. Malgré un break concédé d’entrée sur son service, Marion a la main ferme et le regard tout aussi déterminé qu’en demi‐finale contre Flipkens. Elle reprend directement son service derrière pour gagner le suivant. La suite ? Lisicki déjoue complètement. Surchargée par l’émotion de se retrouver en finale d’un tournoi du Grand Chelem, l’Allemande suffoque, ne passe pas ses premières balles – son point fort – et tape la balle à l’emporte pièce. Marion enquille sans sourciller les jeux et finit par gagner le premier set facilement 6–1. L’assistance est abasourdie. Et nous aussi.
Une frayeur pour quelques frissons
Un indicateur de la différence d’appréhension entre les deux joueuses ? Sabine Lisicki profite de la fin du set pour aller au vestiaire. Selon des témoins, elle craque, fond en larmes, se fait violence. Revenue sur le court, elle doit se mettre à servir pour ouvrir le deuxième set. Elle retrouve un peu de couleurs et surtout son sourire pour remporter sa mise en jeu. Mais en face, Marion est toujours aussi accrocheuse. Dans un jeu où Sabine se procure quatre balles de break, elle tient le coup et égalise. La suite ressemble bizarrement à la première manche. Lisicki déjoue, commence à sangloter de ne pas pouvoir tenir la comparaison avec son adversaire qui, elle, semble parfaitement dans son match. Jusqu’à la petite frayeur à 5–2, service à suivre pour Bartoli. La Française commence à voir son bras se tendre. Elle se crispe, sert moins bien et perd son jeu de service. Lisicki n’a plus rien à perdre et pousse pour revenir à 5–4. Les coeurs français battent à fond. Va‐t‐elle craquer face à l’enjeu ? Marion sautille, se motive et lève sa première balle. Ca passe enfin de nouveau. Enchaînant les bonnes premières, elle se procure trois balles de match. La première suffit. D’un ace sur l’extérieur du carré adverse, elle chavire et nous avec. Marion Bartoli atteint enfin le but de toute une carrière : remporter un tournoi du Grand Chelem et ainsi succéder à Amélie Mauresmo. 6–1 6–4, pour une finale, c’est expéditif. Mais qu’importe le score, qu’importe la manière – bien qu’elle fut parfaite.
A la fin on ne retiendra que le nom de Miss Marion Bartoli gravé au côté des plus grandes. Et ça restera comme ceci pour l’éternité.
Publié le samedi 6 juillet 2013 à 16:33