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Edito : Tous coachs ?

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Tous coachs
de Roger

Le coach pour motiver le personnel, le
coach pour motiver les cadres, le coach
pour gérer la crise, mais aussi le coach pour
entre­tenir la forme, le coach pour prendre
confiance en soi, le coach pour s’habiller, le
coach pour la Star’Ac, le coach pour choisir
le bon coach, mon coach, ton coach, son
coach, nous voilà dans l’ère des coachs, un
terme anglais si puis­sant qu’il a infusé toute
la société fran­çaise au point même d’éclipser
sa noble étymo­logie spor­tive : celle
d’entraîneur ou d’éducateur. Dépassées
ces fonc­tions archaïques, l’entreprise, les
parti­cu­liers et même certains prési­dents de
la République veulent du coach, du gourou
qui booste, l’homme miracle qui remet
la tête à l’endroit, un nettoyeur efficace
qui résout les casse‐tête en deux temps,
trois mouve­ments. Ils prennent d’ailleurs
souvent un sportif, un mec qui a fini un jour
premier. Ils le prennent pour redonner la
pêche et trans­mettre la culture de la gagne.
Ils ont oublié une chose, c’est justement
parce qu’il s’est pris de terribles claques
que le cham­pion a gagné. Et s’il progresse
encore, c’est parce qu’il trouve chaque
jour une solu­tion tota­le­ment origi­nale qui
résout certains problèmes… le temps d’en
créer d’autres qu’il essayera encore de
solu­tionner de manière inno­vante jusqu’à
ce jour prochain où il ne résoudra plus rien.
Bref les recettes tout faites, c’est fini. L’apprentissage
de la perfor­mance, c’est celui
d’accepter d’être sur un fil, dans l’invention
perma­nente et surtout dans l’acceptation
de l’échec comme seul moteur possible
de futurs succès. Voilà ce que nos experts,
Patrice Hagelauer, Toni Nadal, Claude
Onesta, Patrick Mouratoglou, Ronan Lafaix,
Sam Sumyk, Cédric Nouvel, Edgar Grospiron
et Makis Chamalidis, nous ont tous
confirmé. Ironie de l’histoire, c’est à l’heure
où les plus grosses multi­na­tio­nales rêveraient
d’un ancien premier mondial comme
Roger Federer en consul­tant de luxe pour
24 heures de moti­va­tion de leur force de
vente, que ce dernier se voit rattrapé par
les démons du tennis, cet infernal rubik’s
cube de l’âme. Et vlan ! c’est sa belle
Wilson qui a morflé pour tous les coups
droits partis valser depuis trois mois dans la
luzerne. Et le monde du tennis dans sa totalité,
de John McEnroe aux plus anonymes
des lecteurs de GrandChelem et de
Welovetennis, de proposer moult conseils
et services gratuits pour remettre le Suisse
sur le droit chemin. Tous coachs ? Certes,
mais qui pour­rait se vanter aujourd’hui
de savoir quoi dire à Roger Federer ?
Qui aurait le CV pour expli­quer quoi que
ce soit au « plus grand joueur de tous les
temps » ? Et surtout ques­tion du serpent
fede­rien qui se mord la queue : le « plus
grand joueur de tous les temps » ne le serat‐
il pas défi­ni­ti­ve­ment à ses propres yeux
par le fait même d’avoir démontré qu’il n’a
eu besoin de personne pour planter les
derniers clous de son Anthologie ? Coach
or not coach, that is the ques­tion of the superbanco.