Guy Forget est revenu pour GrandChelem / WLT sur le 11e titre de Rafael Nadal. Le directeur du tournoi est impressionné par la remise en cause permanente de l’Espagnol.
Guy, les superlatifs manquent sur la performance de Rafael Nadal tant cela semble surnaturel…
Ça donne le vertige, surtout quand on voit la manière dont il démolit ses adversaires. Rafa a un jeu qui a toujours évolué avec une remise en question permanente. On a vu un Rafael Nadal très offensif, prendre la balle plus tôt. Cela prouve le champion qu’il est, la régularité dont il fait preuve. Il est aussi très agressif car il a parfois une statistique de coups de gagnants qui est tout simplement prodigieuse.
Cette remise en cause permanente est ce qui est le plus impressionnant chez lui ?
C’est la force de tous les grands champions et peu importe le sport. Ils sont dans un milieu où la concurrence est terrible. Le meilleur moyen de rester en haut de la hiérarchie, c’est de travailler sans cesse, de trouver son propre chemin. Quand on voit le Rafa de 2005, on se rend compte à quel point il a progressé.
Après son élimination en demi‐finale, Del Potro avait dit qu’il fallait attendre que Rafael Nadal arrête pour voir un autre vainqueur…
(Rire) Ou qu’il se blesse. Quand il s’est fait sortir à Roland, il n’était pas en pleine possession de ses moyens. Si on est critique, on peut aussi renvoyer la balle aux autres en se disant : est‐ce que l’on a vu chez tous les autres garçons les meilleures options tactiques ? N’est-ce pas à eux aussi de progresser pour être plus forts et réguliers ? On a vu Schwartzman lui prendre le premier set en jouant extrêmement bien. Ça doit donner des idées aux autres dans la manière dont il a conduit ses points. Quand on fait 20 centimètres en plus que lui et que l’on sert 20km/h plus vite, on peut lui prendre un ou deux sets. Or, on a vu beaucoup de joueurs, après la perte du premier set, qui se sont un peu « couchés » et ont acceptés la domination de Rafa.
Les deux numéros 1 mondiaux remportent le tournoi, une première à Paris depuis 1992. Sportivement, c’est un tournoi réussi ?
Cela prouve que la hiérarchie et le classement mondial sont bien faits. On sait que les matchs en cinq sets avantagent les meilleurs. Sur des matchs en trois sets, Thiem peut battre Rafa et on l’a vu à Madrid. Mais au niveau de la mer et en cinq sets, il faut faire preuve d’endurance et de constance mentale pour maintenir un niveau de jeu élevé pendant quatre heures. A ce jeu là, Rafa est encore le meilleur.
De votre envoyé spécial à Roland‐Garros
Publié le lundi 11 juin 2018 à 09:02