L’élimination de Roger Federer dès les quarts de finale à Wimbledon a suscité bon nombre de réactions dans le monde du tennis. Si certains le voient déjà quasi « fini », d’autres se montrent plus optimiste quant à l’avenir de l’ex‐numéro 1 mondial. Panaché de réactions.
Nick Bollettieri, célèbre entraîneur américain et fondateur de l’académie éponyme (pour Le Matin) : « Mercredi a été un jour de grande incrédulité à mes yeux. Roger Federer m’est apparu comme perdu sur le court. Ça commençait déjà avec ses mouvements : il était incapable de se positionner correctement, il n’a jamais trouvé son rythme. C’est Tomas Berdych qui avait le contrôle du terrain. En plus, et cela n’arrivait jamais, je l’ai trouvé émotionnellement très affecté. A quatre ou cinq reprises, il est apparu inquiet, voire effrayé. Quant à l’avenir, lui seul sait ce qu’il en est. Il est difficile de prédire l’avenir. Il a besoin de temps, sans doute. Par rapport à la blessure qu’il a évoquée, s’il souffre effectivement du bas du dos, il doit faire très attention à revenir seulement aux 100% de ses moyens, sans quoi cela peut lui être fatal. Je pense qu’il n’est pas fini, mais sa forme physique n’est pas adéquate à l’heure actuelle. N’oubliez pas que personne ne croit davantage que moi en lui. Nous ne voulons pas le perdre. Le tennis ne veut pas le perdre. »
Guy Forget, capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis et ex‐numéro 4 mondial (pour la Tribune de Genève) : « Les statistiques de Federer sont tellement hallucinantes que tout le monde se penche au chevet du malade à la moindre alerte. Mais il n’y a rien d’inquiétant. Avant lui, Pete Sampras était passé par là lui aussi. Cela ne l’a pas empêché de gagner l’US Open en 2002, six ans après sa dernière victoire. Et puis perdre contre Tomas Berdych n’a rien d’infamant. […] Par contre j’ai trouvé Roger moins bien dans le domaine du petit jeu de jambe où il était toujours si aérien. Il est devenu plus lent et moins fort dans ses appuis, ce qui peut expliquer ses grosses « bâches ». Est‐ce que ce sont ces douleurs au dos et à la jambe qui sont à l’origine de ces lacunes ? Est‐ce que sa préparation a été perturbée par une gêne physique ? A vrai dire, je n’en sais rien. Si le travail a été mal fait en amont, il suffirait que Roger se remette au boulot pour que tout rentre dans l’ordre. Et si son corps commençait à montrer des signes de fatigue et ne le laissait plus en paix, là, ce serait plus ennuyeux. »
Philippe Bouin, journaliste à L’Equipe : « Roger Federer entre dans l’antichambre du déclin. Pour tous les champions, les signes avant‐coureurs de l’usure sont la multiplication des jours sans, celle des passages à vide de concentration dans un même match et celle des douleurs. Federer présente tous ces symptômes. »
Pat Cash, interrogé par Le Matin : « Nous n’avons pas encore lu la dernière des pages de Federer. Sa domination a été si flagrante… Il rentre un peu dans le rang mais n’est pas sur le déclin. Dans ses bons jours, il sera toujours difficile à battre sur les Grands Chelems. Seulement, il ne les gagnera plus aussi régulièrement que par le passé. »
Publié le vendredi 2 juillet 2010 à 14:25