C’est fait pour la neuvième fois de sa carrière ! Rafael Nadal remporte son neuvième titre à Roland Garros et garnit un peu plus sa légende incommensurable. Il dispose de Novak Djokovic en quatre manches 3–6 7–5 6–2 6–4 au terme d’un match encore une fois surpuissant. Il rejoint Pete Sampras à la deuxième place des joueurs les plus titrés en Grand Chelem avec 14 titres. Stratosphérique !
Les mots manquent. Les mots manquent tout simplement parce qu’on ne sait pas s’il est possible d’en utiliser qui soient à la hauteur du phénomène. Chaque année, on écrit la même chose. Chaque année, on rivalise de superlatifs pour décrire les performances de Rafael Nadal dans cette antre. Mais cela ne sert plus à rien. Cela n’a plus de sens. Cela échappe à la langue, à l’humanité, au réel. L’Espagnol est au‐delà de tout ça. Et encore une fois, il a construit et bâti ce nouvel exploit en dépit de tout ce qui semble rattacher l’Homme à sa condition : la souffrance, l’essoufflement, la défaite. Novak Djokovic voulait enfin le faire chuter de son piédestal. Il devra attendre.
Un Djokovic entreprenant
C’est pourtant bien de l’autre côté du filet qu’il fallait regarder. Ou bien que même que tout le monde regardait au début du match. Entreprenant, Novak Djokovic a pris les choses en main le premier dans une rencontre où il savait qu’il lui faudrait tenter, tenter et encore tenter pour déborder l’indébordable Nadal. C’est le parti qu’avait pris Robin Soderling en 2009, quand il avait sorti le maître des lieux (sa seule défaite à Roland à ce jour), jouant les lignes avec une réussite d’une insolence terrifiante. Pilonner le revers de Rafa, maintenir la comparaison avec son coup droit ultra‐fouetté grâce à un revers infaillible – le coup fort de Nole. Ca a plutôt bien fonctionné d’abord, puisque c’est bien le Serbe qui s’est signalé avec le gain de la première manche sur le score de 6–3. Une première victoire pour un homme qui jusqu’à aujourd’hui présentait un bilan de 35 victoires pour 0 défaites dans les finales où il avait gagné le premier set. Mais pas une raison pour arborer une confiance totale. Dans son jardin, Rafa a un caractère et une force de vaincre… indéfectibles.
La bête s’est réveillée… pour ne plus se rendormir
La deuxième manche s’est très rapidement équilibrée. Un peu plus bousculé par un Nadal touché dans son orgueil – mais aussi effrayé par l’idée de la défaite – Djokovic s’est de plus en plus éteint. Le numéro 2 mondial a lâché une première fois son service avant de débreaker au courage derrière. Très marqué physiquement par la chaleur qui a frappé Paris et l’ensemble de la France aujourd’hui, le Djoker n’a pu cacher ses difficultés à reprendre ses esprits. Une aubaine pour le Majorquin qui a profité des frappes plus molles de son adversaire pour égaliser à une manche partout. Et derrière, tout s’est délité. Malgré les sursauts du champion, Nadal, dont le coup droit qui avait détruit Murray deux jours plus tôt semblait un peu grippé depuis le début du match, a de nouveau fait mouche. Et quelle grosse mouche ! Du fond de court, le tenant du titre a déposé 27 coups gagnants avec son arme liftée surpuissante. Une entreprise de démolition qui a poussé jusqu’à un semi‐vomissement Novak au cours du troisième set.
Une double‐faute, et c’est l’extase
Le Serbe a pourtant eu un soubresaut dans la quatrième manche. Breaké, il a poussé le Majorquin à la faute plusieurs fois pour égaliser à 4–4. Mais deux jeux plus tard, c’est sur une double‐faute déchirante que Novak, désabusé comme tout au long de la deuxième partie de match, a finalement offert le titre à son rival. Un clin d’oeil malheureux à la finale de 2012 ici‐même qui s’était terminée exactement de la même façon. C’est par conséquent à genoux et la tête dans les mains que Rafa a célébré cette neuvième victoire dans son sanctuaire inviolable. Déjà seul au monde l’an passé en étant l’unique homme à gagner huit fois le même tournoi du Grand Chelem, le voilà qui repousse encore les limites, comme pour placer la barre à une telle hauteur qu’il faudra attendre de voir surgir on ne sait quel robot pour la faire tomber. Rafa rejoint aussi un certain Pete Sampras au palmarès des majeurs avec 14 titres, se rapprochant aussi des 17 trophées de son éternel rival Roger Federer. Mais ça, pour l’instant, Rafa n’y pense pas. Submergé par l’émotion – et oui, c’est possible même après « l’habitude » – il pourra en profiter pour contempler sa nonuple trace laissée sur la terre d’un lieu mythique… où il ferait presque aujourd’hui office de dieu vivant.
Publié le dimanche 8 juin 2014 à 19:44