Septuple vainqueur de Roland Garros, Rafael Nadal s’est présenté tout sourire en conférence de presse. Le joueur le plus titré de l’histoire des Internationaux de France est revenu sur son match éprouvant face au numéro 1 mondial, Novak Djokovic, évoquant au passage l’interruption qui a forcément eu un rôle important dans cette finale. L’Espagnol a également tenté d’expliquer pourquoi il domine tant la surface.
Cette finale a été difficile en deux parties. Depuis hier soir, comment vous êtes‐vous préparé physiquement, mentalement, moralement ? Comment analysez‐vous ces huit jeux d’affilée que vous avez perdus, ce qui est inhabituel ?
Les conditions étaient inhabituelles. Les balles étaient plus lourdes que jamais. Les rebonds étaient très mauvais sur la dernière demi‐heure de match, hier soir. De mon opinion, les conditions étaient beaucoup plus favorables pour Novak que pour moi. Il ne faut pas oublier que je jouais contre le meilleur joueur du monde, avec de très bonnes conditions pour lui.
Il a extrêmement bien joué sur ces huit jeux d’affilée. Il n’a fait aucune erreur. Il retournait de manière fantastique. Il a tout fait de manière extraordinaire pendant cette partie du match. J’ai reculé plusieurs mètres derrière la ligne de fond de court. Ce que j’ai ressenti à ce moment‐là, c’est que je n’étais pas en mesure de le repousser comme je l’avais fait, surtout au début du match. C’est lui qui a été en mesure de me repousser pratiquement tout le temps. J’ai eu le sentiment d’être débordé, dans une position très négative. Pour moi, le dernier jeu a été très important. Une fois que vous avez perdu huit jeux d’affilée, gagner un jeu, juste avant l’interruption, pour remettre le score à 2–1, c’est très important.
Êtes vous content que le match ait été interrompu hier soir ? Avez‐vous pu dormir facilement hier soir ?
Pour être honnête, j’ai été très nerveux toute la nuit. J’étais anxieux de reprendre le match avec ce qu’il restait à jouer. Même si, très clairement, c’était bien mieux pour moi que le match soit interrompu hier soir, vu les conditions. Sur les deux derniers jeux, les conditions du court n’étaient pas celles qu’il faut pour jouer un tournoi du Grand Chelem. Il fallait donc qu’on s’arrête. Cette interruption a été positive pour moi.
Vous avez remporté ce titre à sept reprises. Pouvez‐vous nous en parler et revenir sur ce que nous disait Novak à savoir que vous êtes le meilleur joueur ayant jamais joué sur cette surface ?
Je tiens à remercier Novak pour ce qu’il a dit. Je ne sais pas si je suis le meilleur ou pas. Honnêtement, ce n’est pas à moi de le dire. Tout ce que je sais, c’est que j’ai sans doute les meilleurs résultats sur ce type de surface. Pour moi, c’est énorme. C’est beaucoup d’émotions aujourd’hui. J’ai encore remporté le titre ici. Ce septième titre est important parce que je suis le joueur qui a remporté le plus de titres sur cette surface aujourd’hui.
ce record était accessoire, le plus important était de gagner le tournoi. Je suis très heureux de la manière dont j’ai joué aujourd’hui, parce que j’ai joué beaucoup plus agressif. Lors des deux premiers sets, hier, j’étais très agressif aussi. Ensuite, au troisième set, franchement, je n’avais pas le sentiment de bien jouer. Aujourd’hui, j’ai beaucoup mieux joué. Mon service et mon coup droit fonctionnaient mieux. Mon déplacement était meilleur.
Vous nous dites que vous aimez gagner tous les titres. Mais l’émotion de ce titre était plus forte que d’habitude…
Bien entendu, c’était une victoire très importante pour moi. J’ai passé une soirée un peu difficile. En fait, je joue ce match depuis vendredi dans ma tête. Et puis, il y a eu les interruptions. Je me sentais fatigué et nerveux avant le match. Donc, j’avais la sensation de ne pas être totalement prêt. Depuis que nous avons interrompu le match hier, c’est la première fois que je me suis senti en confiance pour aller jouer. Jusqu’à ce moment‐là, j’étais vraiment nerveux, sans doute beaucoup trop pour relever le défi.
Djokovic a perdu contre vous sur une double faute. À Rome, il a fait également des doubles fautes. Pensez‐vous que quelque chose a changé dans son attitude ? L’année dernière, alors qu’il était invincible, cela ne se serait pas produit. Est‐il plus tendu qu’il ne l’était l’année dernière ?
Les choses sont comme elles sont. On ne peut pas jouer de manière fantastique tout le temps. On ne peut pas s’attendre à ce que tous les joueurs servent sur les points les plus importants, avec un service extraordinaire. N’oubliez pas que Novak a gagné en Australie, à Miami, à Indian Well’s. Il a fait les finales à Monte‐Carlo, à Rome et ici. Il a fait une saison extraordinaire. Ses doubles fautes ne sont que des coïncidences, de mon point de vue. N’oubliez pas non plus que, l’année dernière, il a sauvé son match en demi‐finale de l’US Open de manière incroyable. Cette année, ici, il a sauvé son match contre Seppi, pui sauvé encore quatre balles de match contre Tsonga. On ne peut pas s’attendre à ce qu’il puisse tout le temps s’en sortir comme cela, en jouant aussi bien qu’il jouait contre Tsonga. Il a fait tout ce qu’il pouvait. De toute façon, quel que soit le joueur, on ne peut pas jouer de manière parfaite à tous les coups.
Pensez‐vous que votre niveau se soit amélioré, que vous allez pouvoir conquérir d’autres titres sur d’autres surfaces ? D’autant plus après avoir battu Novak ?
J’ai déjà remporté quatre titres cette saison sur ma surface favorite, la terre. Je n’ai pas la possibilité de jouer sur ma surface favorite tout le reste de la saison. N’oubliez pas que j’ai disputé les cinq dernières finales de Grand Chelem d’affilée. Ce ne sont pas des titres, mais ce sont des résultats extraordinaires. Je ne me souviens plus de l’année dernière, mais après avoir joué Roland Garros, j’ai très mal joué à Montréal et à Cincinnati. Par contre, l’US Open a été très bon. J’ai sans doute mal joué à Shanghaï. Mais, en finale de Coupe Davis, j’ai très bien joué. Il faut trouver son moment. Comme je vous le disais, pour Novak, je répète la même chose pour moi, nous ne pouvons pas être parfaits, à 100 % sur tous les tournois. Si Dieu le veut, j’ai encore des possibilités de gagner. J’en avais l’année dernière, je les ai pratiquement toutes loupées. J’espère continuer à bien jouer, avoir des possibilités de gagner et, si Dieu le veut, gagner.
Pouvez‐vous trouver une explication qui permette de comprendre pourquoi vous êtes vraiment meilleur que les autres sur terre battue ?
D’une manière générale, j’ai toujours bien réussi sur terre battue, ces huit dernières années. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que c’est parce que j’ai travaillé très dur pendant toute ma vie. Je pense que c’est parce que mon jeu s’adapte très bien à cette surface, parce que mon déplacement est adapté à cette surface. Je pense, également, que mes amorties sont celles qui conviennent à ce type de surface également. Au niveau mental, il faut être aussi très fort parce qu’il faut courir, souffrir, avoir plus de tactique. On a plus le temps de réfléchir, de faire les choses. J’ai toujours peur de perdre. C’est pour cela que, tous les jours, je rentre sur le court avec énormément de respect pour mon adversaire, sachant que je peux gagner ou perdre. C’est impossible de jouer à mon meilleur niveau à chaque fois… Parfois, je joue moyennement. Par contre, je suis présent à 100% mentalement. C’est ça qui me donne un avantage .
Pensez‐vous que la finale d’aujourd’hui a été la plus difficile des sept que vous avez jouées ici ?
Cela a été une finale compliquée, surtout lors des deux derniers sets. De plus, j’ai déjà perdu trois finales de Grand Chelem consécutives contre lui. Voilà pourquoi c’était important de gagner aujourd’hui. Au début, j’étais très tendu.
En termes de résultat, c’était important également, aussi important que la finale contre Federer en 2006 et que celle contre Puerta, en 2005. Cette année, j’ai moins souffert mentalement car j’avais gagné trois tournois sur terre battue, ce qui m’a donné beaucoup de confiance.
Je me sens mieux que l’année dernière. Les choses évoluent. Chacun a des hauts et des bas. En fin de compte, tout tient à très peu de choses.
Que représente pour vous, le fait de jouer à la même époque que Djokovic et Federer ? Toni pense que ce n’est pas de chance…
J’ai énormément de chance. J’ai de très grands rivaux. Je trouve que c’est une très belle époque pour jouer au tennis parce qu’on joue contre des joueurs fantastiques. Je suis plus qu’heureux de jouer des matchs comme celui que je viens de jouer. J’ai beaucoup aimé la finale en Australie. J’ai souffert mais j’ai beaucoup apprécié. Ce sont des grands moments à vivre.
Publié le lundi 11 juin 2012 à 20:22