Le débat fait rage, outre‐Manche, suite à la décision de Rafael Nadal de ne pas disputer le tournoi du Queen’s en 2012. La raison invoquée par le numéro deux mondial : les taxes trop importantes en vigueur, du côté du Royaume Uni.
« Je joue au Royaume‐Uni et je perds de l’argent. » C’est l’excuse présentée par Rafael Nadal pour justifier sa non‐participation au prestigieux tournoi du Queen’s, l’année prochaine. En effet, avec la semaine passée à Londres, à laquelle s’ajoutent deux autres durant Wimbledon, huit jours, exceptionnels, à l’occasion des Jeux Olympiques, et huit, encore, pour le Masters de fin d’année, le Majorquin pourrait avoir pas mal d’argent à donner au fisc britannique… L’Equipe nous rappelle que le régime fiscal de nos insulaires voisins impose à hauteur de 50% les cachets des sportifs, mais aussi « une fraction de leurs revenus en provenance du monde entier, en fonction du temps qu’ils passent au Royaume‐Uni pendant l’année ». Avec cinq semaines de compétition et de revenus sur le sol de la Reine, Rafa affirme qu’il perdrait de l’argent. « J’ai fait beaucoup d’efforts depuis quatre ans, mais c’est de plus en plus difficile de jouer au Royaume‐Uni. C’est trop. » Du coup, il s’alignera au tournoi de Halle, Herr Weber lui offrant un chèque de 850 000€ – c’est ce qu’il semblerait, même si Nadal se défend d’avoir motivé sa décision par cet argument‐là.
Si l’on reparle de cette affaire, c’est que les amateurs de tennis, outre‐Manche, sont partagés. Quand certains estiment qu’il est normal de voir les joueurs payer des taxes au Royaume‐Uni à partir du moment où ils y ont gagné de l’argent ou qu’il est anormal qu’ils se plaignent, lors même qu’ils gagnent des sommes faramineuses, d’autres pointent du doigt l’incohérent règlement du fisc britannique, imposant aussi les joueurs sur leurs revenus de par le monde. Sur Eurosport.co.uk, Simon Reed, chroniqueur, affirme que les choses doivent changer, sous peine de voir les meilleurs fuir les tournois de Grande‐Bretagne. « Etes‐vous prêts à travailler et à perdre de l’argent ? » interroge‐t‐il de manière ironique. L’année dernière, Usain Bolt avait refusé de disputer la réunion de Londres, comptant pour la Ligue de Diamants, nous rappelle Simon. La raison, implicitement admise, était la même. Le risque : voir les Masters de fin d’année quitter la capitale anglaise – ils s’y déroulent jusqu’en 2012, mais les organisateurs ne désespèrent pas signer à nouveau avec l’ATP. « Si vous êtes mécontent de ne pas voir Rafael Nadal au Queen’s, en 2012, ce n’est pas à lui qu’il faut vous en prendre, mais au gouvernement », continue Reed.
Evidemment, nous ne sommes pas là pour discuter de la politique anglaise. Mais ces arguments relancent un débat vieux comme le sport professionnel et médiatique. Des joueurs surpayés ? qui peuvent prendre les événements en otage ? ou qui récoltent logiquement le fruit de la valeur accordée à leurs exploits ? dont l’impact sur le monde – les multiples classements de popularité et de réputation en témoignerait – justifie leurs revenus ? Dans le football, les discussions sur les avantages fiscaux de tels ou tels championnats sont légion… Le tennis, à sa manière, peut‐il avoir des problèmes similaires ? Un débat presque idéologique.
La tenue de Rafael Nadal est sur Tennis Warehouse
Publié le mercredi 19 octobre 2011 à 13:44