AccueilRoger Federer : "J'ai gâché trop d'occasion"

Roger Federer : « J’ai gâché trop d’occasion »

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En confé­rence de presse, Roger Federer est revenu sur les raisons de sa défaite face à Robin Söderling. Sans se cher­cher d’ex­cuses, le numéro 1 mondial a loué la qualité de jeu de son adver­saire. Le Suisse a égale­ment évoqué la fin de sa série de demi‐finales consé­cu­tives en Grand Chelem. Interview.

Deux heures après le match, pouvez‐vous revenir un peu sur vos émotions ? Vous devez être très déçu.

Oui, déçu. Mais à un certain degré. Je ne crois pas avoir joué un mauvais match, c’est plus facile de perdre ainsi, je pense. Les condi­tions étaient très diffi­ciles pour nous deux et puis il a joué un super tennis. C’est un poil plus facile de digérer la défaite ainsi.


Aviez‐vous déjà affronté un aussi gros frap­peur que le Söderling d’au­jourd’hui ?

Oui.

Qui ?

Del Potro. Vous l’avez oublié parce qu’il est blessé.


Vous avez eu une balle de set avant l’in­ter­rup­tion. Si vous gagnez cette deuxième manche, ça aurait pu être une autre histoire non ? Ou il a vrai­ment commencé à trop bien jouer ensuite ?

Dans un match au meilleur des 5 manches, vous avez toujours des oppor­tu­nités. J’en ai clai­re­ment eu, à 5–4, 0–30 notam­ment. Il a frappé un coup droit qui a touché la ligne à 0–30. S’il sort, ça fait 0–40. Et là, c’est resté à 15–30. C’est clai­re­ment une grosse diffé­rence. Sur la balle de set, quand je smatche si loin de ma ligne et qu’il réussit sa volée de revers avec le cadre… Je veux dire, c’est quand même un coup très diffi­cile à faire, enfin je le pensais. Il l’a réussi. Bon et puis il a joué de manière agres­sive et s’est battu pour revenir. Quand les condi­tions sont deve­nues plus lourdes, après l’in­ter­rup­tion, il a très bien joué. C’était diffi­cile pour moi de perdre ce set après avoir eu ces occa­sions. Et puis j’ai aussi mené 40–15 sur mon service à 5 partout avant de me faire breaker…


Vous aviez cette fantas­tique série de demi‐finales consé­cu­tives en Grand Chelem. Elle est désor­mais rompue. Qu’est‐ce que cela signifie pour vous ? D’un côté, toutes les bonnes choses ont une fin…

Oui, comme vous avez dit, elles ont toutes une fin. Vous espérez que cela n’ar­rive pas mais ça se produit quand même. C’était une belle série. Maintenant, j’ima­gine que j’ai une série de quarts de finale toujours valide ? (Rires) Cette série avait commencé après ma défaite ici en 2004 contre Kuerten il me semble. Si j’avais su que j’at­tein­drais toutes ces demi‐finales d’af­filée en Grand Chelem par la suite, j’au­rais signé tout de suite. J’étais fier de cette série et c’est proba­ble­ment l’une des meilleures que j’aie dans mon « livre des records » en quelque sorte. Pour moi c’est l’une des meilleures en tout cas.

La diffé­rence entre le Soderling de cette année et celui de la finale de l’an passé était‐elle significative ?

Bon, je crois que déjà, les condi­tions étaient plus diffi­ciles aujourd’hui. Après, j’ai eu un bon départ aujourd’hui, ce qui avait déjà été le cas l’an passé. A certains moments, j’ima­gine que j’au­rais pu jouer un peu mieux. Lui a bien servi. Je n’ai pas saisi les chances que j’ai eues en début de second set. Et de même dans le troi­sième set. Pour faire simple, j’ai juste loupé trop d’op­por­tu­nités aujourd’hui. Ce qui n’était pas arrivé l’an passé. J’avais su saisir ces occa­sions et tenir mon avance. Aujourd’hui, je n’en ai pas été capable. 

Vous étiez à 12–0 contre lui. Qu’a‐t‐il fait aujourd’hui qui vous a vrai­ment gêné sur le court ?

Il a très très bien joué et ce tout au long du match. Vraiment. Je ne vais pas dire que c’est à cause des condi­tions que j’ai perdu ou quoi que ce soit mais je pense qu’elles étaient en sa faveur vers la fin. Parce que c’étaient sérieu­se­ment des condi­tions très diffi­ciles. Je ne vais pas me plaindre parce que de toute façon, les condi­tions étaient les mêmes pour nous deux.
Mais bon, je suis déçu d’avoir perdu 3 matches sur terre sous la pluie cette saison : à Estoril, Rome et donc ici.

N’avez‐vous pas eu le moindre doute aujourd’hui en entrant sur court. Un doute vous disant que vous n’al­liez pas gagner ?

Je veux dire, je respecte tout le monde. Mais je suis toujours suffi­sam­ment honnête avec moi‐même pour savoir que je peux gagner tous ces matches‐là. Je me sentais confiant en entrant sur le court aujourd’hui parce que je savais que si je jouais bien, de manière solide, je gagne­rais proba­ble­ment le match.

Qu’est‐ce qui est le plus diffi­cile pour vous ? Céder en quarts de finale et donc perdre toute chance de gagner un autre Grand Chelem ou la pers­pec­tive de perdre votre place de numéro 1 ?

Vous prenez la défaite comme elle vient. Vous ne pensez pas aux consé­quences. Le plus déce­vant dans tout ça, c’est que je ne peux pas défendre mon titre ici. J’avais vrai­ment le senti­ment que mon tennis était suffi­sam­ment bon pour gagner à nouveau ici. Mais ça n’a pas été le cas aujourd’hui. Donc c’est plus la décep­tion de ne pas avoir livré le meilleur de moi‐même aujourd’hui. Les condi­tions et mon adver­saire ne me l’ont pas permis. Et puis après, vous conti­nuez. Vous passez à autre chose. Le gazon arrive. Il faut un petit peu oublier.

Pensez‐vous que Soderling puisse aller au bout cette année ?

Oui. Quand vous êtes en demi‐finale, il reste 4 joueurs qui peuvent tous aller au bout. Cela vaut pour lui aussi. Et puis il était en finale l’an passé ici, c’est un point positif supplé­men­taire pour lui. S’il va en finale à nouveau, il se sentira mieux. Peut‐être qu’il jouera une meilleure finale. Qui sait ? Mais il a clai­re­ment une chance, oui.

Avez‐vous senti que vous aviez retrouvé votre meilleur niveau sur terre battue lors de cette saison prin­ta­nière ou l’avez‐vous toujours cherché ? Et si vous l’avez retrouvé, quand était‐ce ?

J’ai eu le senti­ment d’avoir retrouvé mon jeu lorsque je suis arrivé à Madrid. Vraiment. Je pensais que mon jeu était suffi­sam­ment bon, de nouveau. C’est pour­quoi j’étais très satis­fait de mon niveau de jeu à Madrid et puis aussi ici, cette semaine. Et puis honnê­te­ment, je ne vais pas me prendre la tête des heures sur les raisons de ma défaite d’au­jourd’hui. Pour moi, c’est très clair. C’est d’ailleurs pour­quoi je pense que je vais rapi­de­ment pouvoir passer à autre chose et commencer à me concen­trer sur la saison sur gazon qui arrive.

Les condi­tions vous ont‐elles empêché de varier vos coups comme vous l’au­riez souhaité ?

Oui un petit peu. Mais dans l’en­semble, j’ai fait ce que je voulais faire. J’ai juste loupé quelques occa­sions à la fin du second set et au début du troi­sième. La pluie n’a rien arrangé. J’ai aussi eu un break d’avance dans le 4ème. Mais voilà, j’ai perdu trois sets. C’est pour­quoi c’est frus­trant de quitter le tournoi comme cela, malgré toutes ces occa­sions. Mais en fin de compte, il faut lui rendre son crédit. Il a joué incroya­ble­ment bien du début à la fin et ce dans de très diffi­ciles condi­tions. Les condi­tions étaient ce qu’elles étaient et il mérite sa victoire.