Nous étions passé à côté samedi : Roger Federer a accordé un bel entretien pour au quotidien Le Temps. Décontracté, le Suisse s’est livré sans concession, abordant sereinement différentes thématiques : son état de forme, ses objectifs, la démission de Nadal du conseil des joueurs, sa famille. Extraits. L’article est à retrouver en intégralité, ici.
Sa vie, son œuvre et ce qu’il aime
« J’aime les variations, les angles, les effets, le physique, le fait de devoir se battre jour après jour, minute après minute pour atteindre un objectif. J’aime la différence entre un entraînement et l’atmosphère dans le stade. J’apprécie les voyages. Ils ne me dérangent pas du tout. Certes, on bouge beaucoup mais les déplacements font sens. On ne fait pas sans cesse des allers‐retours d’un continent à l’autre. Ou du moins c’est rare. Aujourd’hui, ce que je vis dépasse largement ce que j’aurais pu imaginer dans mes rêves par le passé. Alors, il faut savoir savourer ça maintenant. Je n’aurais jamais imaginé être autant aimé et jouer aussi souvent sur un court central. Je me souviens encore comment c’était sur le court 17 avec un vent pas possible parce qu’il n’y a pas de gradins pour le bloquer ; de l’ombre partout ; pas un rat pour te regarder ; le pire juge de ligne. C’est là que c’est difficile de se motiver match après match. Mais dans les conditions qui sont les miennes aujourd’hui, ça va de soi. Et c’est tellement facile que je n’aimerais pas laisser passer une telle opportunité. C’est comme ça que je vois les choses et du coup, ce n’est pas un problème pour moi de me lever le matin et d’aller travailler dur. »
Ce qu’on peut lui souhaiter de gagner cette année
« Wimbledon et les Jeux olympiques. Cette combinaison‐là, je dirais. Gagner le doublé serait sensationnel. Mais remporter l’un des deux serait déjà magnifique. J’espère surtout pouvoir être en forme au maximum car cette phase‐là va être unique. Car je ne pense pas que l’on aura l’occasion de revoir les Jeux olympiques à Londres. Pour nous, joueurs de tennis, c’est un rêve qui se réalise. Et me dire que je suis en situation de pouvoir peut‐être gagner les JO à Wimbledon est une perspective qui me réjouit. »
L’idée du travail et du beau jeu
« Oui, au début de ma carrière j’ai essayé de jouer de manière… je ne vais pas dire belle… mais avec une technique qui me plaise et me corresponde. Je me souviens que je regardais beaucoup mes matchs pour voir comment jouer au mieux tactiquement. Et je me disais que je ne voulais pas être un deuxième Sampras, un deuxième Edberg en revers ou un deuxième Becker au service. Je tenais à avoir mon propre style. Et plus je suis devenu musclé et fort physiquement, plus j’ai pu varier et jouer de différentes façons. Si je prends le revers, par exemple. Au début je le passais davantage avec le corps alors que maintenant je peux le faire plus avec le bras et le poignet. Du coup, c’est plus beau. Même si c’est plus brusque aussi. En effet, aujourd’hui, on n’a plus le temps d’adopter la position classique qui consiste à mettre la jambe gauche en avant sur le coup droit et la droite sur le revers. On joue désormais les jambes écartées. Je suis donc surpris de parvenir à garder malgré cela une certaine élégance. Grâce à un travail physique de mon jeu de jambes, j’arrive à me déplacer élégamment. Parvenir à bouger d’une façon qui plaît aux gens est intéressant. »
Son avis sur la démission de Rafael Nadal du Conseil des Joueurs
« C’est sûr qu’à chaud, tu as envie de démissionner tout de suite. Parce que certains joueurs sont souvent extrêmes dans leur manière de s’exprimer. Mais si tu jettes l’éponge, derrière plus rien ne se passe. Je m’efforce de rester calme. Et je prends le temps de parler avec les joueurs. Je l’ai fait à Miami pour leur expliquer comment cela se passait avec les Grand Chelems car certains étaient trop agressifs dans les mesures qu’ils envisageaient de prendre. Je leur ai dit d’attendre de voir ce que Roland Garros et Wimbledon allaient faire. Et on a eu la réponse. Ils sont en train de bouger. La menace de grève est‐elle écartée?– Je ne sais pas où en sont les joueurs dans leur réflexion. Je verrai à Madrid. Les décisions prises par Roland et Wimbledon vont dans la bonne direction. Maintenant c’est à l’US Open de faire un pas. »
La tenue de Roger Federer, ici !
Publié le mercredi 2 mai 2012 à 10:43