Roger Federer a reçu la presse de son pays, à Feusisberg. Il a notamment accordé une très longue interview au Tages Anzeiger. Nous avons pris la peine de vous en traduire de longs extraits. Roger fait le point sur les échéances à venir et ses ambitions cette année. Il aborde également dans le détail les différends qui l’ont dernièrement opposé à Rafael Nadal. L’entretien est à retrouver dans sa totalité, en Allemand – pour les plus courageux -, ici.
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A Madrid, vous jouerez, pour la première fois, sur de la terre battue bleue. Que dîtes‐vous de ces dispositions révolutionnaires ?
Je n’ai aucune idée de ce que ça va rendre. Nous étions contre, Nadal avec véhémence et je l’ai soutenu. Il s’inquiète de voir la tradition cassée, de voir un organisateur décider que l’on jouera sur la terre battue bleue, tandis qu’un autre nous fera jouer sur de la terre grise, verte ou rouge… C’est à cause de la tradition, même si je comprends que l’on essaie de nouvelles choses. Ce qui est sûr, c’est que la terre devra être parfaite à Madrid, si le tournoi veut éviter une débâcle.
Vous n’êtes donc pas aussi contre que Nadal ?
Je suis contre parce que Nadal est contre et qu’il y a d’autres options. Mais Ion (Tiriac) a beaucoup insisté. Nous pouvions le faire taire, mais ça n’aurait pas été bon, parce que c’est lui qui a les choses en main.
Quel tournoi souhaiteriez‐vous le plus gagner en 2012 : Paris, Wimbledon, l’US Open ou les Jeux Olympiques ?
Pour moi, Wimbledon reste le nec plus ultra. C’est un tournoi spécial. C’est une grande chance pour notre génération que de pouvoir y jouer à la fois en Grand Chelem et pour les Jeux Olympiques, en l’espace d’un mois. C’est bien, parce que je pense avoir mes chances de partout. J’espère pouvoir gagner quelques uns de ces tournois…
Si vous pouviez choisir, vous prendriez le titre à Wimbledon ou celui de champion olympique ?
Je n’ai pas de préférence, les deux sont tout aussi important pour moi. Même si le titre olympique présente la valeur de la rareté. Beaucoup de gens pensent que je ferai plus pour la Suisse avec une médaille d’or olympique, mais je vois pas les choses tout à fait comme ça. Ce qui me réjouit, c’est qu’on va y jouer avec une forte génération de joueurs, Djokovic, Nadal, Murray et moi. Le tennis va être sur toutes les lèvres durant ce mois. Ca devrait être une bonne publicité pour l’avenir de notre sport aux Jeux Olympiques.
« Je considère qu’il n’est pas impossible que je puisse jouer à Rio »
Le fait que vous puissiez disputer votre dernier match aux JO, ça augmente la pression ?
Je considère qu’il n’est pas impossible que je puisse jouer à Rio. La pression, nous l’avons déjà de partout. Ce qui va rendre ce tournoi olympique délicat, c’est que l’on va jouer au début au meilleur des trois manches. Il faudra entrer rapidement dans les matches. C’est comme une discipline différente de celle des tournois du Grand Chelem.
Une question taraude les fans : parviendrez‐vous encore à être numéro un mondial et à remporter un 17ème tournoi du Grand Chelem ?
Je ne sais pas, moi non plus. Mais, à cela, nous voyons quelles possibilités incroyables se présentent encore à moi ; et, pourtant, nous parlons de succès absolument énormes. C’est aussi la raison pour laquelle je m’entraîne dur et donne tout. La place de numéro un mondial est encore possible pour moi cette année ; mais il faudra que je joue vraiment bien. Djokovic peut gagner à Paris son quatrième titre du Grand Chelem d’affilée. S’il y arrive, ce sera très dur pour moi de redevenir numéro un mondial. On doit respecter ça. Mais, pour le moment, il n’a pas encore gagné à Paris. Et, si je continue à jouer aussi bien, je me mettrai au moins dans une bonne position pour gagner un Grand Chelem.
Ce serait le couronnement ?
Devenir encore une fois numéro un mondial, ce serait réellement un couronnement, absolument, ce serait incroyable. C’est pourquoi je fais tout ce que je fais et c’est pour ça que j’ai aussi joué plus de tournois.
A Monte‐Carlo, vous auriez pu devenir numéro deux si vous aviez joué…
Oui, mais il ne faut pas faire n’importe quoi. Je ne vais pas non plus courir disputer le tournoi de Rosmalen seulement pour rester numéro un mondial une semaine de plus et battre le record de Pete Sampras.
Pourquoi vous avez refusé de jouer avec Nadal, à Bernabeu, le 14 juillet prochain, pour sa Fondation ?
La date. Le premier samedi après Wimbledon. Ca ne me convient pas du tout. Je suis en vacances ! Une semaine plus tard, j’aurais pu le faire, mais ce n’était pas possible. Ca aurait été sympathique ! J’espère qu’il aura beaucoup de succès avec Djokovic.
« Je n’ai aucun problème avec Nadal, ça m’est égal ce qu’il dit et pense »
Votre relation avec Rafael Nadal s’est refroidie ces derniers mois en raison de vos désaccords ?
Nous nous sommes certainement vus moins. Il n’était pas à Rotterdam et à Dubaï, je n’étais pas à Shanghai, il n’était pas à Bercy. Nous nous vus seulement à Londres, Melbourne et peu de temps à Indian Wells. Nous sommes actuellement plus distants que durant des périodes où nous nous voyions presque tous les jours pendant des semaines. Si des problèmes ont surgi, c’est parce que nous étions moins en mesure de communiquer, malheureusement. Ca ne doit pas être une excuse, bien sûr. Mais je pense aussi qu’il est normal que nous ayons des divergences d’opinion. Je n’ai aucun problème avec Nadal, ça m’est égal ce qu’il dit et pense. Ce qui est important, c’est qu’il s’intéresse à l’avenir du circuit et fasse bouger les choses.
Vous soutenez Rafael Nadal sur ce problème de terre bleue pour manifester votre bonne volonté ?
Ca n’a rien à voir. On avait déjà parlé de ce sujet il y a un an de ça, bien avant nos désaccords sur l’élection du nouveau Directeur Général de l’ATP ou du calcul du classement mondial.
Vous n’avez pas gagné grand chose à être Président du conseil des joueurs, non ? Vous avez été souvent soumis aux critiques de joueurs comme Stakhovsky, Nadal, Davydenko… Vous n’avez jamais pensé à démissionner ?
C’est clair : si j’avais réagi spontanément, j’aurais peut‐être déjà démissionné. Mais je ne me suis encore jamais vraiment senti personnellement attaqué. En outre, beaucoup de joueurs exagèrent dans leurs menaces et, pourtant, rien ne se passe. Certains voulaient agir trop agressivement contre les tournois de Grand Chelem, parce qu’ils trouvent que les bénéfices sont trops mal répartis. Roland Garros et Wimbledon ont réagi, entre temps, et ont donné des réponses. Maintenant, les joueurs sont plus contents.
A Roland Garros, Nadal peut écrire l’histoire avec un septième titre, tout comme Djokovic. Vous vous voyez à Paris comme un trouble‐fête ?
Non. Mais il est déjà incroyable pour Djokovic d’être en mesure de remporter quatre Grands Chelems d’affilée. J’ai eu l’occasion deux fois ; Nadal aussi à Melbourne, en 2011. Dans l’histoire du tennis, ça n’était encore jamais arrivé que trois joueurs aient cette possibilité en un si court laps de temps. Je trouve ça super, de voir que les meilleurs joueurs puissent tous aussi bien jouer en même temps. Quand je ne gagne pas un tournoi, je sais que c’est l’un des autres joueurs du top 4. C’est assez incroyable !
Vous étiez le joueur le plus en forme ces derniers mois. Désormais, vous vous trouvez à nouveau dans l’ombre de Nadal et Djokovic. Ca vous dérange ?
C’est parce que je n’ai pas joué à Monte‐Carlo, tandis que Djokovic gagnait – à Miami – et Nadal aussi. Quand vous partez en vacances, les choses ont souvent bien changé à votre retour ! (Rires) Mais j’ai bien profité d’être complètement tranquille, de ne parler à personne pendant un certain temps. En temps normal, je suis omniprésent en Suisse, dans le tennis… Donc cette situation m’a fait du bien.
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Publié le jeudi 26 avril 2012 à 17:39