Maria Sharapova‐Eugénie Bouchard : c’est l’alléchante affiche d’une des demi‐finales de Roland Garros, cette année. Qu’attendre de ce match qui débutera vers 15h00 ? Analyse.
Un match entre Eugénie Bouchard et Maria Sharapova, c’est un peu comme une rencontre entre Grigor Dimitrov et Roger Federer : deux miroirs qui se regardent. Bon, la comparaison est un peu exagérée, certes, car, dans le jeu et la gestuelle, des nuances sont palpables. Mais cette précocité, cette chevelure blonde, ce joli minois, cette ambition, ce côté bankable… « Genie » semble vraiment marcher dans les pas de son aînée Maria, dont elle a le même équipementier textile. Sur le court, les deux sont de vraies teignes. Sharapova l’a encore prouvé face à Garbine Muguruza en s’accrochant jusqu’à la fin pour renverser une situation bien mal embarquée (elle s’est imposée 1–6 7–5 6–1). Quant à Bouchard, elle en a fait de même contre Carla Suarez Navarro, revenant du diable Vauvert dans le premier set, avant de l’emporter 7–6(4) 2–6 7–5. Accroupie sur l’ocre du Lenglen, elle peut pousser un cri de rage final qui laisse imaginer toute sa volonté.
Dans le jeu, néanmoins, si l’on retrouve la même gnakh, le même allant offensif, la même volonté de prendre la direction des opérations, chez Bouchard, tout se fait dans une fluidité désarmante. En coup droit, sa gestuelle très reconnaissable dévoile une vitesse de bras assez impressionnante, avec cette raquette qui termine très loin derrière l’épaule. En revers, ça va aussi très, très vite. En somme, cette fille respire la facilité. Des similitudes avec Sharapova qui demeure, elle, dans quelque chose de beaucoup plus physique, servi par ses hurlements crépusculaires et comme une violence hachée à l’impact. Quoi qu’il en soit, les deux sont de grandes cogneuses, adeptes de la ligne nettoyée et de la longueur de balle. On vous invite à tendre l’oreille, ce jeudi après‐midi, en faisant abstraction des cris de Maria, pour vous en tenir au son des balles. Une musique qui devrait être pure, comme du cristal, bien sûr…
Et la pression, alors ?
A moins qu’elle ne soit perturbée par une mauvaise fréquence, celle qui vous flingue un match : la pression. Cette pression, Sharapova pourrait en sentir les effets, consacrée grande favorite au titre en tant qu’ex‐vainqueur et finaliste sortante. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser qu’elle en a senti quelques effets lors de son début de match face à Muguruza. A moins que son expérience ne prenne le dessus – ce scénario est tout autant possible. Car la Russe connaît parfaitement ces situations : elle dispute sa 18ème demi‐finale en Grand Chelem. Cette pression, Bouchard, elle aussi – et encore plus -, pourrait y céder. Le bras qui tremble, la tête qui cogite et le coeur qui s’emballe… Un parfait cocktail pour une pléïade de fautes et des erreurs à gogo. Il faudra que cette jeunette de 20 ans soit forte, très forte mentalement, pour ne pas se laisser bouffer par le moment.
La dernière incertitude ? La qualité de service de Sharapova. Elle s’en sort pour le moment très bien depuis le début du tournoi, même si elle a commis huit doubles fautes au tour d’avant. Mais on sait qu’elle peut être très inconstante dans ce domaine. Or, une Maria sans une première efficace, c’est une Maria souvent en difficulté. Classique dans le tennis féminin. La clef aujourd’hui ?
Eugénie Bouchard :
« D’être comparée à Maria Sharapova, une personne qui a gagné des Grands Chelems, qui a été numéro un mondiale, c’est un compliment. En même temps, je suis moi‐même. Et je veux être moi même sur le court. Je veux essayer d’atteindre mes objectifs est d’être vue en tant que telle. Si nous ne sommes pas particulièrement amies, quand j’étais enfant, je la regardais jouer et je me disais que je voulais faire la même chose. Aujourd’hui, nous sommes en demi‐finale. Je la respecte mais je ne veux pas l’idolâtrer, je veux une bataille, un combat. »
Maria Sharapova :
« Je ne la connais pas personnellement, mais Eugénie Bouchard monte depuis deux ans, elle vient de percer en Grand Chelem avec sa demi‐finale en Australie, elle joue à un niveau exceptionnel. L’année dernière, on s’est affronté au deuxième tour et aujourd’hui, on est en demie. C’est une très belle étape pour l’une comme pour l’autre. Cette jeune génération dont elle fait partie est clairement très ambitieuse. »
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Publié le jeudi 5 juin 2014 à 12:00