AccueilUn peu de poésie... à grands coups de hachoir !

Un peu de poésie… à grands coups de hachoir !

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Maria Sharapova‐Eugénie Bouchard : c’est l’al­lé­chante affiche d’une des demi‐finales de Roland Garros, cette année. Qu’attendre de ce match qui débu­tera vers 15h00 ? Analyse.

Un match entre Eugénie Bouchard et Maria Sharapova, c’est un peu comme une rencontre entre Grigor Dimitrov et Roger Federer : deux miroirs qui se regardent. Bon, la compa­raison est un peu exagérée, certes, car, dans le jeu et la gestuelle, des nuances sont palpables. Mais cette préco­cité, cette cheve­lure blonde, ce joli minois, cette ambi­tion, ce côté bankable… « Genie » semble vrai­ment marcher dans les pas de son aînée Maria, dont elle a le même équi­pe­men­tier textile. Sur le court, les deux sont de vraies teignes. Sharapova l’a encore prouvé face à Garbine Muguruza en s’ac­cro­chant jusqu’à la fin pour renverser une situa­tion bien mal embar­quée (elle s’est imposée 1–6 7–5 6–1). Quant à Bouchard, elle en a fait de même contre Carla Suarez Navarro, reve­nant du diable Vauvert dans le premier set, avant de l’emporter 7–6(4) 2–6 7–5. Accroupie sur l’ocre du Lenglen, elle peut pousser un cri de rage final qui laisse imaginer toute sa volonté.

Quand on parle de ne rien lâcher…

Dans le jeu, néan­moins, si l’on retrouve la même gnakh, le même allant offensif, la même volonté de prendre la direc­tion des opéra­tions, chez Bouchard, tout se fait dans une flui­dité désar­mante. En coup droit, sa gestuelle très recon­nais­sable dévoile une vitesse de bras assez impres­sion­nante, avec cette raquette qui termine très loin derrière l’épaule. En revers, ça va aussi très, très vite. En somme, cette fille respire la faci­lité. Des simi­li­tudes avec Sharapova qui demeure, elle, dans quelque chose de beau­coup plus physique, servi par ses hurle­ments crépus­cu­laires et comme une violence hachée à l’im­pact. Quoi qu’il en soit, les deux sont de grandes cogneuses, adeptes de la ligne nettoyée et de la longueur de balle. On vous invite à tendre l’oreille, ce jeudi après‐midi, en faisant abstrac­tion des cris de Maria, pour vous en tenir au son des balles. Une musique qui devrait être pure, comme du cristal, bien sûr… 

Et la pres­sion, alors ?

A moins qu’elle ne soit perturbée par une mauvaise fréquence, celle qui vous flingue un match : la pres­sion. Cette pres­sion, Sharapova pour­rait en sentir les effets, consa­crée grande favo­rite au titre en tant qu’ex‐vainqueur et fina­liste sortante. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser qu’elle en a senti quelques effets lors de son début de match face à Muguruza. A moins que son expé­rience ne prenne le dessus – ce scénario est tout autant possible. Car la Russe connaît parfai­te­ment ces situa­tions : elle dispute sa 18ème demi‐finale en Grand Chelem. Cette pres­sion, Bouchard, elle aussi – et encore plus -, pour­rait y céder. Le bras qui tremble, la tête qui cogite et le coeur qui s’emballe… Un parfait cock­tail pour une pléïade de fautes et des erreurs à gogo. Il faudra que cette jeunette de 20 ans soit forte, très forte menta­le­ment, pour ne pas se laisser bouffer par le moment.

La dernière incer­ti­tude ? La qualité de service de Sharapova. Elle s’en sort pour le moment très bien depuis le début du tournoi, même si elle a commis huit doubles fautes au tour d’avant. Mais on sait qu’elle peut être très incons­tante dans ce domaine. Or, une Maria sans une première effi­cace, c’est une Maria souvent en diffi­culté. Classique dans le tennis féminin. La clef aujourd’hui ?

Eugénie Bouchard :

« D’être comparée à Maria Sharapova, une personne qui a gagné des Grands Chelems, qui a été numéro un mondiale, c’est un compli­ment. En même temps, je suis moi‐même. Et je veux être moi même sur le court. Je veux essayer d’at­teindre mes objec­tifs est d’être vue en tant que telle. Si nous ne sommes pas parti­cu­liè­re­ment amies, quand j’étais enfant, je la regar­dais jouer et je me disais que je voulais faire la même chose. Aujourd’hui, nous sommes en demi‐finale. Je la respecte mais je ne veux pas l’ido­lâ­trer, je veux une bataille, un combat. »

Maria Sharapova :

« Je ne la connais pas person­nel­le­ment, mais Eugénie Bouchard monte depuis deux ans, elle vient de percer en Grand Chelem avec sa demi‐finale en Australie, elle joue à un niveau excep­tionnel. L’année dernière, on s’est affronté au deuxième tour et aujourd’hui, on est en demie. C’est une très belle étape pour l’une comme pour l’autre. Cette jeune géné­ra­tion dont elle fait partie est clai­re­ment très ambi­tieuse. »

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