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Isner, la tour

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La marque Prince vous propose une série de portraits sur plusieurs de ses cham­pions. Aujourd’hui, place à John Isner !

« Je sais que j’ai les armes pour battre n’im­porte qui. » Au début du prin­temps 2012, John Isner était l’un des hommes les plus confiants du circuit. Et pour cause, ce géant de 111 kg, qui culmine à 2m06, réali­sait le meilleur départ de sa carrière. A 26 ans, l’Américain a battu Roger Federer en Coupe Davis et Novak Djokovic en demi‐finale, à Indian Wells. En attei­gnant sa toute première finale en Master 1000, cet ancien membre de l’Université de Géorgie s’est égale­ment offert une place dans le top 10. Aujourd’hui, en perte de vitesse, il n’en conserve pas moins une dixième place mondiale.


« Je ne suis pas surpris qu’il joue si bien en ce moment
 », avoue Roger Federer, en Californie. « John a tout dans son tennis pour réussir. Depuis la première fois que je l’ai affronté, il y a près de cinq ans, j’ai toujours pensé qu’il inté­gre­rait le top 10 un jour. Je suis content qu’il y soit parvenu et je crois qu’il va y rester pendant un sacré bout de temps. Franchement, ce n’est pas le genre de gars qu’on a envie de voir dans son tableau. Avec le service qu’il possède, c’est quel­qu’un de très diffi­cile à affronter. » Vous l’aurez compris : le service, première, comme seconde balle, est incon­tes­ta­ble­ment l’arme maîtresse de ce colosse des courts. « Quand il est en danger, il met sans problème 20–30 km/h de plus dans sa première et ça change tout », explique Gilles Simon, récente victime du géant à Indian Wells. « Quant à la seconde balle, avec les rebonds hauts, c’est impos­sible de retourner ses énormes kicks. » Gaël Monfils confirme : « Quand John sert, d’abord, tu ne vois pas partir la balle. Et quand tu l’as repérée, elle rebondit au‐dessus de ta tête. Je fais 1m92 et le mec peut me lobber sans problème. Tout le monde sert super bien, mais, lui, c’est vrai­ment n’im­porte quoi. C’est une boucherie ! »

« J’ai toujours pensé qu’Isner inté­gre­rait le top 10 un jour »

Outre le service, Isner possède égale­ment un très bon coup droit d’at­taque, ainsi qu’un jeu de fond de court musclé et plutôt solide. « C’est simple, Isner, c’est un Karlovic en puis­sance », résume Andy Murray. Alors comment expli­quer l’éclo­sion tardive de ce joueur, qui semble enfin exploiter son poten­tiel, à bientôt 27 ans ? Parole à l’in­té­ressé : « J’ai toujours été assez lent à la matu­ra­tion. Chez les Juniors, j’avais un niveau décent, sans plus. Puis je suis devenu numéro un de mon « college » quelques temps après. J’ai toujours progressé en prenant de l’âge. Je me suis moi‐même surpris année après année. Quand j’ai intégré le top 50, il y a 2 ans, j’ai commencé à croire que je pour­rais être top 10 un jour. Puis, j’ai continué à progresser. Et main­te­nant que j’y suis, j’ai l’im­pres­sion d’être à ma place, tout simple­ment. »

Avec la confiance accu­mulée ces six derniers mois et ses récentes victoires face aux meilleurs, le géant gagne en appétit. « Certes, j’ai 26 ans et ce n’est pas vrai­ment jeune. Mais je sens que mes meilleures années de tennis sont devant moi. Ma victoire contre Roger en Coupe Davis a été énorme pour ma confiance, comme celle contre Djokovic. Et la confiance est peut‐être la chose la plus impor­tante au tennis. Regardez les meilleurs, ils ont toujours confiance en eux. Je vais essayer de conti­nuer à surfer sur cette vague et on verra jusqu’où elle me mènera. »

« Je sens que mes meilleures années de tennis sont devant moi »

Dans ces condi­tions, quelles ambi­tions John Isner peut‐il légi­ti­me­ment nourrir ? Car si l’Américain est devenu parti­cu­liè­re­ment dange­reux, il n’en reste pas moins un joueur haute­ment perfec­tible. Son dépla­ce­ment manque cruel­le­ment de viva­cité, comme de préci­sion. Techniquement, sa volée et son revers restent assez sommaires. Enfin, tacti­que­ment, Big John manque encore souvent de varia­tion et d’ins­pi­ra­tion. Mais, peu importe. Isner a effectué toute sa forma­tion aux Etats‐Unis, baignant dans l’am­biance du « think posi­tive, believe in your­self » 100% améri­cain. Demandez‐lui s’il craint le quatuor magique Federer‐Nadal‐ Djokovic‐Murray… Il vous répondra « non ». « Quel que soit mon adver­saire, quand j’entre sur le court, je le fais pour gagner et je crois en la victoire. » Se sent‐il capable de gagner un Grand Chelem ? Il vous répondra oui. « Même si c’est très dur physi­que­ment, je crois que je peux le faire. » C’est dit !

Le livre « Grand Chelem, mon amour » est dispo­nible. Retrouvez les 40 matches de légendes de la décennie 2001–2011. Un livre de la rédac­tion de GrandChelem/Welovetennis.