C’est l’histoire d’une petite fille de quatre ans. Cette petite fille vit dans un club de tennis acheté par ses parents, tous deux professeurs de tennis. Tous les jours, elle se tient là, au milieu des courts et de la terre battue. Cette petite fille observe, elle écoute et elle sent. Son prénom : Emmanuelle.
Thierry Salas, son papa, se rappelle : « Toute petite, elle regardait les matches et les autres qui jouaient. Jamais nous n’avons voulu la pousser. C’est elle qui, un après‐midi, est venue vers moi, en disant : “Papa, j’aimerais taper dans la balle avec toi. ” » Depuis, elle n’a plus rangé sa raquette. « Au début, on ne faisait que des jeux », continue Thierry. « Je lui expliquais que sa raquette était un arc et la balle une flèche, qu’elle devait essayer de me faire transpirer. J’ai toujours parlé de plaisir, le plaisir de frapper la balle, le plaisir de courir. » Et courir, elle aime ça par‐dessus tout, peut‐être plus que le tennis. « Elle faisait toujours des courses avec ses copines derrière le club house. Très tôt, on s’est aperçu qu’elle aimait la compétition. »
Culture de la gagne
La compétition, c’est un premier tournoi à sept ans, où elle traverse le tableau et l’emporte en finale, 6–0 6–0. Très vite, elle est remarquée. Mais, très vite, le papa met son holà. « Je ne voulais pas qu’elle entre dans un moule. D’autant que le Centre de Ligue était très loin et il était hors de question de partir loin de nos bases. » Des résultats d’Emmanuelle suivent logiquement les notions de classement et de course à la performance. « En France, on joue plus pour le classement que pour les titres. J’ai toujours combattu ça, nous on veut la gagne. » La culture de la gagne, oui, mais pas à n’importe quel prix. « Maintenant qu’elle roule sa bosse en Europe, sur le circuit ITF, elle est confrontée à des situations totalement différentes », nous explique Thierry. « La tricherie, car ça existe, les comportements antisportifs aberrant aussi. J’ai tendance à dire que ce n’est pas grave. En revanche, on prend plus de temps pour lui expliquer les choses, car, quelques fois, elle ne comprend pas. »
Plaisir
On l’entend bien, le Team Salas a une règle de base : le plaisir. « Avec ma femme et le préparateur physique, on ne parle que de sensations, de relâchement et d’envie. Au fur et à mesure de sa progression, on a tous évolué dans notre approche de la compétition. » Finies les idées préconçues sur la précocité nécessaire pour devenir une championne. Un discours rare, pour un papa devenu, presque malgré lui, le coach de sa fille. « Si un jour, je sens que je suis incompétent ou que ma fille ne progresse plus, je passerai le témoin. On ne s’est pas fixé d’objectifs ; l’idée, c’est de parvenir à donner une certaine autonomie à ma fille. Si ça passe par le tennis, tant mieux ! »
Ivanovic, comme exemple
Et, pourtant, le papa pourrait perdre la tête : la petite affole les compteurs et les observateurs. « Il est certain qu’elle frappe fort, beaucoup trop fort pour son âge (rires). D’ailleurs, au début on l’avait surnommé “Nadalette”. » Un surnom qu’elle n’a pas apprécié ! « Ma joueuse préférée, c’est Ivanovic », claironne la petite Emmanuelle. Ma petite fille fait déjà très attention à ses tenues, à son look et, forcément, on est très attentif à l’évolution de son physique », explique Thierry. « Même si notre travail a toujours été millimétré, on sait qu’elle souffre déjà d’une légère scoliose. Le tennis est un sport brutal qui ne fait pas travailler toutes les parties du corps. Il faut savoir doser, s’entourer de personnes compétentes et ne pas brûler les étapes. »
L’importance du matériel
Ne pas brûler les étapes, c’est aussi rester raisonnable et raisonné dans l’appréhension du matériel. Thierry est catégorique : « Là aussi, il faut une vraie approche et ne rien négliger. Aujourd’hui, elle joue avec une raquette de 255 grammes, la TFIGHT 255. On a apporté certaines modifications, avec les experts de chez Tecnifibre, pour que la raquette soit plus lourde, tout en gardant un équilibre dans le manche. Il en va de même pour le cordage, avec le XOne. On fait aussi des tests régulièrement, car on sait qu’il faudra évoluer et changer de cadre à un moment donné. » Or, une erreur sur le matériel peut avoir de graves conséquences. « Sur le circuit, la tendance, c’est la frappe », continue le papa‐coach. « On voit des filles qui ne pèsent rien jouer avec des raquettes lourdes… Alors, c’est vrai qu’elles envoient, mais pas longtemps. Très vite, il y a des traumatismes et des blessures. Avec la TFlGHT255, on a trouvé un vrai compromis et, quand elle sera mieux armée physiquement, on ira sûrement vers des cadres proches des 290 grammes. Mais, là encore, il ne faut pas brûler les étapes. »
L’avenir proche
La prochaine, d’étape, pour Emmanuelle, c’est l’Orange Bowl. « Se confronter aux joueuses de tous les pays, c’est essentiel pour progresser », affirme son père. « Et, ce, même si c’est un lourd investissement financier. Heureusement, on a toujours été aidés. » Là aussi, le team Salas se différencie des classiques du genre, puisque Emmanuelle a intégré le programme de la fondation Sport for Life. Elle est également soutenue financièrement par PS Consulting, une société de conseil. Enfin, son équipementier tennis, Tecnifibre, est présent, à ses côtés, depuis le début. « On a beaucoup de chance, car tous nos partenaires nous laissent mener notre projet. Ils nous font confiance. Or, la confiance, dans le tennis, c’est très souvent la clé du succès. »
Publié le lundi 15 novembre 2010 à 13:20