Ronan Lafaix, le coach de Stéphane Robert, est revenu pour nous sur la performance assez incroyable de Del Potro.
» Ce qui m’épate chez ce joueur c’est déjà la demi‐finale qu’il a réalisée. On sait que Rafael Nadal était blessé, c’est vrai, mais Del Potro a aussi fait un match parfait. Le gros coup de Rafa c’est de te sortir du court sur la « diag », lors de ce duel l’Argentin n’a jamais été gêné. Au contraire, il s’est toujours appuyé sur la balle de son adversaire pour accélérer le jeu. En finale, cela a été aussi le cas même si la balle de Federer n’est pas la même. Del Potro est l’incarnation du tennis « moderne ». Il joue droit, fort, il a ses zones. Il ne s’adapte pas à l’adversaire. Il impose son jeu. Cela me fait penser à un samouraï. Avec Del Potro le tennis devient un art martial. Oui, à un samouraï conscient de sa force. Sa force c’est déjà une technique simple, efficace et impeccable. Et aussi un relâchement dans l’action assez impressionnant. Quelque part son jeu est une série de « pénalties », il cherche le coup dur à chaque fois.
A la manière d’un Safin de la grande époque, il est sur le court comme s’il était sur une table de ping pong. Cela parait simple mais c’est un travail assez remarquable au niveau physique pour gérer sa respiration, pour pouvoir maintenir ce rythme. Et comme le physique et le mental sont liés, Del Potro a aussi compris qu’il fallait rester dans une certaine bulle, que le plus grand adversaire, c’est soi même. C’est pour cela qu’il tente de ne pas trop se laisser envahir par ses émotions, qu’il exulte mais sans en faire trop avec le public. Moi, je pense que l’énergie consacrée à invectiver la foule se paye toujours cash surtout à ce niveau. Au contraire, Del Potro a su rester « dedans » et ce même dans des situations critiques. Cela veut dire que c’est un grand, et qu’il va falloir compter sur lui.
Sa victoire sur Federer est un sacré exploit, l’autre c’est aussi d’avoir mis une « rouste » à Nadal. D’ailleurs, la situation de Rafa m’attriste un peu. Je lis partout qu’il souffre, qu’il a a appris à jouer en se faisant mal. J’ai envie de dire que ce n’est pas cela le sport, que l’on joue aussi au tennis pour se faire plaisir, que le plaisir vient aussi du relâchement, de la respiration. Pour moi, Del Potro est le prototype même des futurs joueurs du circuit, technique simple, sans fioriture, peu d’effets, mais de l’efficacité et des plans de jeux très clairs.
Enfin, je tenais aussi à profiter de cette chronique pour remercier toutes les personnes qui soutiennent notre team. Je le fais aujourd’hui car ce mardi Stéphane Robert a atteint le meilleur classement de l’année avec une 135e place. Sans eux, nous ne serions jamais arrivés à ce résultat. Merci donc à Jean‐Jacques Poupon de chez Babolat, à Aurelia Dubois d’Asics, Ronan Dubois, Yohan Barras, Patrick Mouratoglou et la ligue du centre. Je sais cela fait un peu « spécial dédicaces » mais il faut savoir qu’il y a plus d’un an, Stéphane Robert était très très loin du Top100 et tout le monde n’a pas cru que nous allions parvenir à revenir dans la « grande famille du tennis ».
Ronan Lafaix est l’auteur du livre : Soyez PRO. Ce livre est édité chez Amphora, il sera bientôt disponible dans la boutique de Welovetennis.
Publié le mercredi 16 septembre 2009 à 23:09