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Quand les frap­peurs se prennent au jeu

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Juan Martin Del Potro et Nikolay Davydenko se retrouvent en début d’après-midi pour la finale du Masters. Il s’agit pour l’Argentin de la confir­ma­tion de son grand talent et pour le Russe l’opportunité de glaner son premier grand titre.

Il est bien loin le temps où Juan Martin Del Potro avait perdu les cinq premiers jeux qu’il a disputés lors de ce Masters. Mené 5–0 par Andy Murray en vingt petites minutes, dans un match fina­le­ment perdu, 6–3, 3–6, 6–2. Depuis, la tour Tandil est allée cres­cendo, en battant succes­si­ve­ment Fernando Verdasco, Roger Federer et Robin Soderling, hier en demi‐finale, en trois manches. Et comme une bonne habi­tude dans les grands rendez‐vous, l’Argentin a été intrai­table dans les jeux déci­sifs cruciaux, à la fois contre l’Espagnol, 7–1 au tie‐break final, et 7–3 contre le Suédois. Le numéro 5 mondial se donne un malin plaisir à lancer la machine à aces au bon moment, deux hier dans le jeu décisif, dont un sur la balle de match, ou encore à 30A, quand son adver­saire croit perce­voir une petite ouverture.

La tour sera‐t‐elle impre­nable ? Nikolay Davydenko mène 2–1 dans le tête‐à‐tête qui les oppose. Mais la dernière rencontre remonte au Masters de Shanghai l’année dernière, et depuis, l’Argentin est un autre homme, il est devenu un cham­pion. Un vain­queur de Grand Chelem, et il apprend vite. Fessé par Federer en quart de finale de l’Open d’Australie, 6–3, 6–0, 6–0, l’Argentin a bous­culé le Suisse en demi‐finale de Roland Garros, ne perdant que 6–4 au cinquième, avant de glaner l’US Open en le battant en finale. Il est devenu le seul joueur avec Rafael Nadal à voir battu le numéro 1 dans une finale d’un tournoi majeur.

C’est dire la diffi­culté tâche qui attend Nikolay Davydenko. Mais le Russe ne cesse de surprendre. Vainqueur de Nadal pour la quatrième fois en huit rencontres, et de Federer hier en demi‐finale, pour la première fois en treize matchs, ‘Koyla’ acquiert petit à petit cette confiance indis­pen­sable pour renverser des adver­saires autre­fois trop grands pour lui. « Je sais que je peux battre n’importe qui du top 10. » La réfé­rence helvète semble donner des ailes à ses vain­queurs. Surtout, l’homme de Volgograd a apporté quelques varia­tions salva­trices à son rythme de folie. Si, comme l’écrivait votre Apolline Céleste « même mal, Federer joue au tennis et il a surtout obligé tout le monde à se remettre sérieu­se­ment à ce sport », Davydenko peut devenir un joueur d’une autre dimen­sion car on l’a vu monter à contre temps, slicer et utiliser avec plus d’envie le contre pied. 

Cette évolu­tion semble bien­venue pour le Russe. « Je suis plus vieux, peut‐être que je commence à jouer un peu mieux », avait lâché le numéro 6 mondial avant les demi‐finales. « Je pense que c’est une bonne chose de venir au filet, de bien servir, ça me donne de la confiance. » Cette décla­ra­tion fait écho aux propos de Del Potro avant le Masters. « Pour conti­nuer à progresser, je n’ai pas besoin du slice ni de la volée pour devenir numéro 4 ou numéro 3 mondial. Mais j’en aurais besoin pour être numéro 1 mondial. » Federer semble être le déno­mi­na­teur commun des deux fina­listes, et peut‐être de pour bon nombre d’autres joueurs, et ils ont fina­le­ment réussi à vaincre le Suisse après que celui‐ci ait bous­culé leurs certi­tudes de cogneurs du fond de court.

Ce n’est pas sûr que cet après‐midi le dernier match de la saison donne lieu à beau­coup de varia­tions, mais ce Masters fera date proba­ble­ment dans l’histoire du tennis. Allez messieurs, jouez !

De votre envoyé spécial à Londres