Après le succès de Karen Khachanov aux dépens de Novak Djokovic (7−5, 6–4), Guy Forget, directeur du Rolex Paris Masters, a dressé le bilan de cette édition 2018. Et il voit dans le Russe l’avenir du tennis mondial.
Quel regard avez‐vous sur le titre de Karen Khachanov ?
C’était un super finale et un excellent tournoi de Karen Khachanov. Avant son match, beaucoup de spécialistes voyaient Novak Djokovic remporter un cinquième titre ici. Le match a failli tourner rapidement en sa faveur, mais Khachanov est vite revenu au score. Il finit le set avec des coups extraordinaires. Il montre, enfin, son véritable visage au plus haut‐niveau face aux meilleurs joueurs du monde. Au moment de conclure, il ne flanche pas. La nouvelle génération, dont on avait parlé au début du tournoi, répond présente. Il faudra compter sur Khachanov à l’avenir. Il est jeune, il est grand, il est puissant. Il est capable de tenir la pression dans les moments importants lorsqu’il est dos au mur. Ce sont des choses qui ne trompent pas. En plus, je trouve qu’il a encore des aspects perfectibles dans son jeu : la volée, son déplacement et des petites choses techniques qu’il peut mieux faire. S’il continue à travailler, imaginez quel sera son potentiel d’ici deux ou trois ans.
On le compare souvent à Marat Safin…
Il y a des similitudes, notamment côté revers et un peu en coup droit. Il en y a aussi au niveau de la personnalité car c’est un garçon très attachant. Il est généreux, très chaleureux et il est apprécié par l’ensemble des joueurs dans le vestiaire. Il y a des points communs. Maintenant, Marat Safin a gagné des tournois encore plus grands que celui‐là (Bercy), alors c’est tout ce qu’on souhaite à Karen.
Comment voyez‐vous la nouvelle génération ?
Si on se projette dans les trois ou quatre prochaines années en mettant de côté Nadal, Djokovic, Federer et même Murray, on peu imaginer un podium avec Zverev, Khachanov et Thiem sur terre battue. Il y a pas mal de places à prendre et j’espère d’ailleurs que Pouille aura envie de rejoindre ce peloton de tête. Ils sont six à huit joueurs à pouvoir prétendre aux premiers rôles dans les Masters 1000 et les Grands Chelems. Avec cette victoire, Khachanov tape un grand coup sur la table, comme l’avait fait Zverev avant lui. Leur prochaine rencontre promet car ils vont avoir envie de s’expliquer. C’est comme ça qu’on prend l’ascendant pour l’avenir.
Quel bilan faites‐vous de cette édition 2018 ?
On est très satisfaits, on a vendu plus de 140 000 billets, donc le record absolu a été battu. On fait une belle semaine, alors que l’on avait vécu une édition 2017 délicate avec énormément de forfaits ce qui prouve que notre public n’en a pas tenu rigueur. Bien au contraire, il est revenu nombreux. On se souviendra encore longtemps de cette demi‐finale entre Djokovic et Federer. Quand on a les meilleurs joueurs du monde, en salle et y compris en fin d’année, on assiste à un tennis époustouflant. C’est la raison pour laquelle le tournoi a encore de beaux jours devant lui.
De votre envoyé spécial à Bercy
Publié le lundi 5 novembre 2018 à 11:11