AccueilATPATP - Rolex Paris MastersJanowicz: "J'espère gagner"

Janowicz : « J’espère gagner »

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Fatigué mais serein, Jerzy Janowicz ne compte pas s’ar­rêter là comme il l’a évoqué lors de sa confé­rence de presse. Interview du héros de la semaine.

Une fois encore, une incroyable perfor­mance de votre part aujourd’hui. Vous sentez‐vous toujours en plein rêve ou au deuxième set vous commen­ciez à comprendre ce qui vous arrivait ?
Ma réponse sera la même qu’hier  et qu’il y a 2 jours. Je suis en finale ! C’est incroyable ! Je n’au­rais jamais pensé arriver là il y a une semaine. Quand j’ai eu la balle de match aujourd’hui, je me suis senti bizarre, j’avais la chair de poule et j’étais un peu anxieux en jouant ce point. Mais c’était un senti­ment extra­or­di­naire et je me suis dit avant cette balle de match qu’il ne fallait rien changer et jouer exac­te­ment pareil qu’a­vant, et c’est ce que j’ai fait et j’ai fini le match avec encore une amortie.

Bien joué ! Bien sûr, vous ne pensiez pas arriver en finale. Mais pensiez‐vous pouvoir jouer au tennis à ce niveau‐là ? Quelque part en vous, y avait‐il ce niveau de jeu ?
Je suis quel­qu’un qui a toujours eu confiance et je rêvais de rentrer dans les 100 meilleurs. J’y suis arrivé cette année. Mais je n’au­rais jamais pensé quelque chose comme ça. Je suis venu ici pour jouer les quali­fi­ca­tions et brus­que­ment je me retrouve en finale ! Je suis 69e mondial et je me retrouve brus­que­ment en finale ! Mais je ne peux pas y croire ! Comment est‐ce possible ? Je suis venu pour jouer les quali­fi­ca­tions et, quelques jours plus tard, je me retrouve en finale. Je ne sais pas comment j’ai fait ça ! Demain, il y a une finale qui m’attend !


Vous aviez dit que vous aviez des diffi­cultés à trouver des spon­sors. Avez‐vous reçu des coups de télé­phone ces derniers jours ?

La rue, juste à côté de chez moi, est complè­te­ment bloquée. Il y a 10 voitures, des télé­vi­sions, tout est bloqué ! ·On ne peut pas accéder à ma maison. Après la finale, je crois que je vais avoir la possi­bi­lité de trouver un bon sponsor et que je n’aurai plus à me soucier de l’argent. Déjà, je vais rece­voir de l’argent du tournoi. Quand vous arrivez en finale dans ce type de tournoi, de toute façon, on doit pouvoir trouver un sponsor !

Certains ici disent que votre jeu ressemble à celui de Safin quand il a gagné en 2004. Pensez‐vous que la compa­raison est juste ?
Je ne sais pas si je peux me comparer à un tel joueur, pour moi, c’est une super­star. Ce n’est qu’un tournoi ici. Il faut que j’at­tende un peu avant de pouvoir envi­sager une compa­raison. J’ai toujours aimé Safin. Il était toujours très compé­titif sur le court. Il se battait sur chaque point, et parfois, il se battait aussi contre lui‐même d’ailleurs ! Mais il faut attendre encore un peu. Là, ce n’est qu’une semaine. J’ai besoin de travailler encore beau­coup plus pour pouvoir devenir un jour un joueur comme lui.

C’est la première fois de votre vie que vous attei­gnez ce stade dans ce type de tournoi. Il y a quelque chose de très impres­sion­nant chez vous : vous arrivez à rester calme, tran­quille pendant le jeu. Comment arrivez‐vous à rester aussi calme ?
J’ai toujours dit que j’étais très fort menta­le­ment. Je n’ai jamais eu de problèmes de stress. En fait, je ne m’at­ten­dais quand même pas à être aussi fort, parce que c’était mon premier match de demi‐finales dans ce type de tournoi. Je ne savais pas vrai­ment à quoi m’at­tendre de ma part. Je ne savais pas si j’al­lais être suffi­sam­ment fort pour subir la pres­sion, surtout contre un Français. Tout le public fran­çais l’ap­plau­dis­sait quand je faisais des doubles fautes ou quand je ratais mon premier service. Mais j’ai réussi à faire cela et je ne sais pas comment. Et demain, je ferai la même chose.

Pourriez‐vous nous parler de votre coach ? Depuis combien de temps l’avez‐vous ?
On n’est pas un couple ! Cela fait presque quatre ans que je m’en­traîne avec lui. En fait c’est un très bon ami à moi. Il me connaît très bien. Enfin, il ne connaît pas tout… On se dispute de temps en temps mais je crois que c’est normal. C’est normal de se fâcher avec son coach, surtout quand le joueur perd des matches stupides. Là, je me fâche et lui aussi et on se dispute un peu. Mais après, cette semaine, je pense que notre rela­tion va être renforcée et que cela va être encore plus agréable de travailler ensemble.

Vous dites que vous allez passer sur toutes les télé­vi­sions en Pologne. Pensez‐vous que vous allez parler au Président ?
Je ne sais pas si je peux répondre à cette ques­tion… Je n’ai pas de conver­sa­tion avec lui. J’aimerais beau­coup parler avec lui. Je crois qu’il y a une possi­bi­lité que je puisse lui parler, effectivement.

Quand vous êtes tombé sur vos genoux à la fin du match et que vous n’ar­ri­viez pas à parler, qu’est‐ce qui vous est passé par la tête ? Avez‐vous pensé à votre famille ? Pourquoi étiez‐vous si ému ?

Je ne pensais à rien. Je ne sais pas à quoi j’étais censé penser. Il y avait des milliers de senti­ments diffé­rents qui se bous­cu­laient. C’était juste une réac­tion natu­relle de ma part. Il me faut du temps encore pour pouvoir repenser à ce match, prendre un peu de recul et pour accepter cette situa­tion. Là, je suis en finale. Donc après la balle de match, je me suis senti tout d’un coup déprimé, j’ai pleuré comme un bébé, un grand bébé de deux mètres. Mais je ne pensais à rien. C’est juste ce qui m’est venu naturellement.

C’est la première fois dans votre carrière que vous avez gagné autant de matches à la suite. Votre corps commence‐t‐il à ressentir quelques douleurs ? Comment récupérez‐vous ? Avec des massages ?
Vous me posez une ques­tion sur mon corps et ma récu­pé­ra­tion ·: bien sûr, je suis fatigué, menta­le­ment et physi­que­ment. Ce n’est pas facile de gérer ce type de pres­sion pendant autant de jours. Mais dans ma tête je me dis que demain est le dernier match, quoi qu’il arrive, que je gagne ou que je perde. Il va falloir que je trouve à l’in­té­rieur de moi dans mon cœur un peu de puis­sance pour me battre demain sur chaque balle. J’espère gagner ce match, je l’es­père au fond de moi.

Vous avez dit qu’au début de l’année, vous n’aviez pas assez d’argent pour aller à l’Open d’Australie. Que pensiez‐vous de votre carrière et comment vous alliez faire à ce moment‐là ?
J’étais en colère parce que j’avais le clas­se­ment pour jouer les quali­fi­ca­tions à l’Open d’Australie. C’est un grand Chelem, un des ·plus impor­tants tournoi. J’étais en colère. Et ça m’a donné une moti­va­tion supplé­men­taire parce que je me suis dit : l’année prochaine, je vais essayer de ne pas me retrouver dans cette même situa­tion. Je veux rentrer dans les 100 meilleurs et avoir l’argent pour jouer les plus grands tour­nois. À la limite, on peut dire que cela m’a aidé.

Il y a deux jours, vous avez expliqué que vos parents avaient fait beau­coup de sacri­fices pour vous aider. Pensez‐vous qu’ils pour­ront venir demain pour partager ce moment avec vous ?

Non, je ne crois pas qu’ils le pour­ront. Je leur ai parlé et leur ai dit : il vaut mieux que vous ne veniez pas, que vous ne chan­giez pas ma routine de victoire. J’ai toujours pris des anti‐douleurs. Je vais utiliser mon vieux sac tout sale et toutes les mêmes choses que j’uti­lise. Bien sûr, mes parents vont regarder mon match mais à la télé­vi­sion. Je ne vais rien changer à ma routine.

Vous avez presque le même âge que Raonic. Vous pensez faire aussi bien ou mieux que lui ?
Je n’aime pas me comparer à d’autres joueurs. Raonic a mon âge, et il a de bons résul­tats. Il a très bien joué l’année dernière déjà. J’aimerais être un joueur comme lui. Je ne sais pas où il en est. Je crois qu’il est quin­zième. J’espère moi aussi arriver là un jour.

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