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Paire, quelle victoire !

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Benoît Paire s’offre Juan Martin Del Potro, en huitièmes de finale, à Rome. Le Français s’im­pose 6–4 7–6(3) au terme d’un match parfai­te­ment maîtrisé. Le voilà en quarts de finale : il y affron­tera Marcel Granollers ou Jérémy Chardy.

« Si je pouvais être tête de série à Roland et passer la barre du top 30 cette année, j’ai­me­rais bien ! Mais si je n’y arrive pas, ce ne sera pas une immense décep­tion. […] Je n’ai jamais eu d’ob­jec­tifs de clas­se­ment. Je cherche juste à progresser. » En un match, le voilà presque entiè­re­ment comblé ! A Rome, Benoît Paire a réussi une perfor­mance d’ex­cep­tion pour battre Juan Martin Del Potro, septième joueur mondial. Il s’as­sure quasi­ment, ce faisant, du statut de tête de série à Roland Garros ; peut‐être, très prochai­ne­ment, d’une place dans le top 30 ; tout en faisant preuve d’une soli­dité mentale éton­nante – de gros progrès, en somme.

Et c’est bien de cette constance inha­bi­tuelle qu’il nous a bluffés, l’ami Benoît ! Il nous le disait derniè­re­ment : « Mentalement, j’ai égale­ment un gros boulot à faire. Il faut que je progresse encore, c’est l’ob­jectif numéro un, parce que j’ai toujours des rechutes. » Pourtant, cet après‐midi, dès le début de la rencontre, il appa­raît concentré, parfai­te­ment dans sa rencontre et beau­coup plus impliqué que lors de certains autres de ses matches face à des tops players. C’est d’ailleurs lui qui réalise le premier break, fort d’un bel oppor­tu­nisme et d’une première balle solide. Après avoir laissé Del Potro revenir, il le double dans le neuvième jeu sur une balle liti­gieuse… C’est Juan Martin qui râle, quand Paire reste stoïque. Image para­doxale, comme celle de la fin de manche : Benoît prend l’avan­tage 6–4 sur un ultime service gagnant.

Del Potro râle, Paire reste stoïque

On connaît l’animal, on se dit qu’il va lâcher, baisser d’in­ten­sité. Pourtant, Benoît Paire affiche un masque qu’on ne lui connaît pas : la concen­tra­tion. Les deux joueurs sont à touche‐touche et ne parviennent pas à s’in­quiéter sur leur service respectif. Del Potro, dans une forme moyenne, semble néan­moins retrouver du poil de la bête en milieu de manche. Appuyant ses coups droits, il n’est pas loin de faire vaciller le Tricolore. Mais ce dernier laisse passer l’orage. Et s’ac­croche jusqu’au tie‐break. Le tie‐break, ou l’épreuve de force de la dimen­sion mentale de ce sport. Paire nous étonne toujours plus : il réalise le mini‐break à 4–2 en sa faveur, s’en­vole… et arrache la victoire, 6–4 7–6(3).

38 points gagnants‐18 fautes directes pour Paire

Une victoire ample­ment méritée : le Français s’est montré sérieux du premier au dernier coup de raquette. Très inspiré tacti­que­ment, il a, dans un premier temps, avorté les coups de fusil du coup droit adverse. Avant de le désta­bi­liser par un revers splen­dide et des amor­ties souvent périlleuses… et désta­bi­li­santes. Une manière de casser le rythme diable­ment effi­cace pour des statis­tiques finales de grande qualité : 38 points gagnants pour 18 fautes directes. Avec, en plus, 87% de points gagnés derrière sa première balle, témoi­gnage d’une grande perfor­mance sur sa mise en jeu. Si l’on ajoute à ces sympa­thiques réjouis­sances un compor­te­ment pour une fois exem­plaire et un coup droit – son point faible – loin d’être ridi­cule… Un mot, un seul : bravo ! 

Benoît Paire remporte ainsi son premier match en carrière face à un joueur du top 10. Qui sait, ses récentes défaites face à Rafael Nadal l’ont peut‐être aidé à tirer quelques salu­taires conclu­sions ? Mieux, il se qualifie pour son tout premier quart de finale en Masters 1000, après avoir aussi battu Juan Monaco, cette semaine. Et peut voir un peu plus loin ! Car, après l’abandon d’Andy Murray hier, le voilà qui jouera sa place pour une demi‐finale face à Jérémy Chardy ou Marcel Granollers. A sa portée, non ? A voir. C’est demain que le plus dur commence : parvenir à surfer sur cette même dyna­mique en gardant le même niveau de concen­tra­tion. S’il y parvient, il peut clai­re­ment s’as­surer une place dans le top 30. De quoi espérer de belles choses à Roland Garros ? Il nous l’a dit : « Je vise une deuxième semaine. »

Mais chut, ne nous embal­lons pas…

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