Andy Murray l’a fait. Pour la troisième année consécutive, le Britannique ira en finale à Shanghai. Sa victime du jour ? Personne d’autre que Roger Federer, numéro un mondial, vaincu en deux manches 6–4 6–4. Le Suisse, en dedans, n’a jamais semblé pouvoir lutter contre un Murray sur‐motivé. Un match à oublier pour le Bâlois. Une référence pour l’Ecossais.
« J’attends avec impatience ce match. C’est toujours génial de défier les meilleurs joueurs. C’est le genre de match que vous voulez essayer de gagner parce que ça peut faire bouger le classement, même si je pense que ça n’importe pas tellement dans ce cas là vu que vous restez dans le top 4. Ce sera un match difficile, un bon match. De mon côté je n’ai toujours pas décidé de la façon avec laquelle je vais jouer. » Peut‐être aurait‐il fallu le savoir Roger ? Face à un adversaire qui ne l’avait plus battu sur dur depuis une finale à… Shanghai, Federer s’est peut‐être senti trop en confiance. Celle acquise par cette 300e semaine assurée en qualité de numéro un.
Mais aujourd’hui, la clé du match était ailleurs. Il n’y avait juste rien à faire pour Roger. Andy Murray était trop fort. Même la foule chinoise n’a rien pu faire pour épauler Federer, qui a semblé traîner comme une âme en peine sur le court du Stadium de Shanghai. Et tout s’est senti très rapidement. Dès le premier jeu, Roger n’y est pas. Andy en revanche a faim. Très faim. Une attitude ferme, déterminée, qui tranche terriblement avec cet ancien Murray qui semblait toujours si inquiet. Il break d’entrée un numéro un mondial qui semble un peu hors du coup. Ceci ne l’empêche pas reprendre le service de Murray juste derrière…avant de le perdre trois jeux plus tard. On voit tout de suite la différence. Le service de Roger est en berne et même ses premières ne déstabilisent pas le Britannique qui retourne absolument tout. Les mises en jeu du Suisse sont disputées. Celles de Murray se concluent plus rapidement. 6–4 dans la première manche pour Andy Murray et honnêtement, on ne trouve rien à redire. Le tenant du titre est dingue sur les retours et profite des faibles deuxièmes balles de son adversaire pour propulser des balles à plus de 130 km/h dans le court.
Le deuxième set démarre sur le service de Federer et une fois de plus, on sent le vainqueur de Wimbledon fébrile. Il commet énormément d’erreurs et de fautes de directes. Et si ce n’était qu’un mauvais jour ? Non. Non il y a en face un homme qui ne prend aucun risque et renvoie comme un mur les balles de Roger. Murray attend les fautes et Murray les obtient. Il pousse Roger dans ses derniers retranchements et l’oblige à sauver un grand nombre de balles de break dès ce premier jeu. C’est alors qu’intervient la pluie. Federer en profite et estime ne pas pouvoir jouer dans ces conditions. L’arbitre s’exécute et on attend que ça se calme. Au retour, Roger semble un peu mieux. Il remporte son jeu de service en ayant sauvé sept balles de break. Les deux hommes se rendent coup pour coup sous un ciel menaçant. La foule pousse, pousse et pousse encore derrière Federer. L’atmosphère est presque irrespirable et le public s’extasie dès que les échanges deviennent fous.
C’est pourtant Murray qui garde la main. Le Britannique retourne toujours aussi bien, sans parler de sa défense qui ne faillit que sur les rares coups de génie du Suisse. C’est à 2–2 que l’Ecossais lâche à nouveau les chevaux pour reprendre le service de Federer. Ce dernier ne le reverra plus jamais dans ce match. Pas même l’interruption de plusieurs minutes à 5–4 pour Murray, service à suivre, n’ont pu permettre à Federer d’inverser la tendance. C’est bien le double tenant du titre qui ira défier Novak Djokovic pour tenter d’ancrer un peu plus son nom dans l’histoire du tournoi. Peut‐être parce qu’il en avait plus envie. Roger, lui, n’a pas mordu dans la balle. Roger ne semblait pas en vouloir. Roger ne semblait aussi plus en pouvoir. A contrario, Andy Murray monte en puissance et affirme son identité de jeu. Défenseur acharné et complet, Murray semble avoir trouvé son rythme sur le circuit.
Au souvenir de la finale de l’US Open, Djokovic peut trembler. Ce Murray là est un autre homme.
Publié le samedi 13 octobre 2012 à 16:30