Il a un nom à faire sourire ceux qui ont l’humour facile et le jeu de mot leste. Il est l’archétype du joueur inconnu du grand public, pourtant présent dans le top 100 depuis six mois. Il est le genre de surprises qui fait la saveur de ces débuts d’année où rien n’est encore assuré, où tout peut se passer. Aljaz Bedene. A la Rédaction, nous en avons fait notre coup de cœur de cette première semaine de l’année 2013.
A l’inverse de ce que son nom pourrait laisser imaginer, Aljaz est un grand garçon au physique plutôt sec, qui troque volontiers son coup de fourchette pour le service, son préféré. Âgé de 23 ans, il fait partie de ces joueurs à suivre, selon Emilie Loit. « C’est un bon espoir, un joueur fin et habile, assez talentueux… » déclare‐t‐elle sur Eurosport. Un joueur dont le modèle serait Fernando Gonzalez – ça promet du punch et du spectacle…
A Chennai, ce jeune homme s’est illustré, nous en donnant un avant goût. Face à Joao Sousa, au premier tour, il n’a pas tremblé. Puis, contre Robin Haase, tête de série numéro six, il s’est offert une performance de choix… Une victoire solide 7–5 6–3, qui le propulse vers Stanislas Wawrinka, top 20. Bedene s’impose 6–2 7–6(6) en se sortant les tripes. Car c’est aux nerfs et au mental qu’il remporte ce match. Un Wawrinka d’abord déconcentré dans le premier set, qui accumule les erreurs et discute avec l’arbitre. Puis qui le pousse, au deuxième set, dans un jeu décisif hautement délicat. Mais Aljaz, constant, fait parler la régularité de son service. C’est son calme qui parle – ce même calme qui lui permet de sauver deux balles de break dans le sixième jeu – et son calme qui l’amène au succès. Avant qu’il ne s’incline, en demi‐finale, face à Janko Tipsarevic, non sans combattre, 4–6 6–2 6–2.
Certes, Aljaz Bedene a, depuis, perdu au premier tour du tournoi de Sydney. Kevin Anderson, vainqueur 6–3 3–6 6–3, constituait un obstacle trop important, après cette épopée indienne. Une défaite néanmoins positive, puisqu’elle va permettre au Slovène de se reposer en vue de l’Open d’Australie. Surtout, elle ne change rien à la progression du bonhomme. Janko Tipsarevic le dit, lui qui a joué Bedene à deux reprises : « Je trouve qu’il est vraiment en progression. A mon avis, il sera bientôt dans le top 50 – il l’a montré cette semaine. Il va être un dangereux adversaire. » Une déclaration élogieuse d’un membre du top 10 qui possède un point commun de choix avec l’ami Aljaz : le même équipementier, Tecnifibre.
La progression, c’est bien ce qui laisse augurer un bel avenir à ce jeune homme. 540ème mondial début 2011, le voilà 77ème, qui vit ses premières belles expériences ATP avec réussite. Quart de finaliste à Vienne, en octobre dernier, il va même faire ses premiers pas en Grand Chelem, à Melbourne. Et risque de recaler rapidement Blaz Kavcic, compatriote, au rôle de remplaçant en Coupe Davis.
Il symbolise, d’ailleurs, assez bien l’actuelle forme du tennis slovène. Grega Zemlja pointe au 56ème rang mondial et s’est offert Julien Benneteau en finale du Championnat de France, après avoir atteint la finale, là aussi, au tournoi de Vienne. Avec Kavcic, également dans le top 100, ou encore Polona Hercog, chez les femmes, les fans de cette petite république des Balkans ont enfin du tennis à se mettre sous la dents. Et dans le ventre.
Alors, évidemment, Aljaz Bedene ne peut se prévaloir que d’un seul coup d’éclat. Un coup surprise, un coup de début d’année. Un coup d’un jour ? On ne lui souhaite pas. En attendant, ce coup, c’est notre coup de cœur de la première semaine. Ca valait le coup d’œil, en attendant un gros coup dans le bide – dès le début de l’Open d’Australie ?
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Publié le mardi 8 janvier 2013 à 18:30