GrandChelem 32, avril 2013, notre reporter Vincent Grethen est parti en reportage sur le Challenger en Guadeloupe. Il a la chance de s’entretenir avec Benoit Paire juste après le fameux incident avec Michaël Llodra. On vous a sélectionné le passage qui est plus actuel avec notamment l’histoire de sa relation avec Stan Wawrinka.
Tu es d’accord avec ton image de joueur colérique ?
Ah mais oui, je suis complètement d’accord, je sais comment je suis ! Je sais que je peux être un petit con sur le terrain. Mais c’est toujours par rapport à moi, par rapport à mon jeu. Parfois, c’est vrai aussi, je joue un peu en marchant. Franchement, j’accepte tout ce qu’on dit sur moi tant que c’est vrai ! Sincèrement. C’est vrai que je m’énerve, que je suis colérique. Mais ça va de mieux en mieux. Si certains m’avaient vu il y a dix ans… Ils se diraient, aujourd’hui, « c’est un ange » ! (Rires) Je suis colérique, mais je fais des efforts, crois‐moi.
On parle de ton côté impulsif. Il y a un autre joueur qui était un peu comme ça dans sa jeunesse. Et pas des moindres… C’est Roger Federer. Toi qui l’as déjà côtoyé, tu lui en as parlé ?
Pour moi, Roger, c’est quelqu’un de parfait. Alors, bien sûr, si jamais il veut jouer l’après-midi et que son adversaire préfère le soir… le match se jouera l’après-midi (sourire). Mais c’est un homme qui est très, très sympathique, très agréable, toujours souriant, qui dit toujours bonjour. Franchement, je le respecte énormément. En plus, maintenant, c’est quelqu’un que je connais un peu plus humainement. Et non plus comme le gamin fan de son idole. Je joue avec lui, on s’entraîne parfois ensemble. En‐dehors du terrain, il est top.
« Roger, c’est quelqu’un de parfait. C’est un homme qui est très, très sympathique, très agréable, toujours souriant, qui dit toujours bonjour. Franchement, je le respecte énormément. »
Il y a d’autres similitudes : lui aussi a hésité entre le foot et le tennis…
Oui et il cassait également toutes ses raquettes. On a quelques points communs, mais bon… Je l’écoute. On discute, notamment, du comportement. L’année dernière, à Roland, on a eu une belle discussion à ce sujet‐là. Il m’a raconté qu’il était, lui aussi, très nerveux, plus jeune. Et qu’il avait eu un déclic qui l’avait transformé. A partir de ce moment‐là, il a franchi toutes les étapes et il est devenu numéro un ! Bien sûr, je ne suis pas Federer, je ne me fais pas de films là‐dessus, je sais très bien que je ne serai jamais numéro un mondial. Mais, voilà, pour moi, c’est un exemple à suivre, c’est un mec que j’écoute, que je respecte. L’entendre raconter son histoire, parler de son comportement, de ses pétages de plombs… Quand je le vois aujourd’hui, honnêtement, je me dis que ce n’est pas possible, quoi ! (Rires) C’est qu’il a énormément travaillé là‐dessus et que ça a payé. Pourquoi ça ne le ferait pas avec moi ?
J’ai constaté, Benoît, que tu es un joueur qui a beaucoup de meilleurs souvenirs. Le Cap d’Ail, les qualifs à Roland… Quand on te pose la question, tu as toujours du mal à répondre clairement ! (Rires) Alors, fais un effort : si tu dois en retenir un seul et unique ?
(Rires) Bah… des souvenirs de tennis, comme tu dis, j’en ai plein de bons ! Des frissons, j’en ai eu beaucoup. Mais, allez, je fais un effort… Il y en a un qui restera vraiment gravé à jamais, c’est ma victoire en double avec Stan (NDLR : Wawrinka, à Chennai, en 2013). Stan, c’est quelqu’un que j’apprécie vraiment énormément, énormément. Alors gagner un titre avec lui, en double… J’étais limite plus heureux que si j’avais gagné un titre en simple ! Pour moi, ça représentait vraiment quelque chose. Faire ça avec lui, gagner avec lui. Je me suis dit « putain »… C’est une amitié en‐dehors du court et, finalement, même sur le terrain on arrive à profiter et à s’amuser. Toute la semaine, on a été ensemble, on a rigolé et on s’est motivés, on s’est encouragés. Ca restera quelque chose de très, très fort. Une victoire en double avec Stan, mon meilleur ami… Trop bon !
Tu anticipes mes questions… Comment vous vous êtes trouvés avec Stan’ Wawrinka ?
C’est simple. En fait, mon entraîneur le connaissait un petit peu. Il m’a présenté Stan il y a trois ans, sur un tournoi, à Stockholm. Moi, j’étais seulement en qualifications et, à mes yeux, c’était un joueur très fort. Petit à petit, on a commencé à se connaître. Il y a un an, on a passé toute la semaine ensemble, à Chennai, on a bien rigolé, on s’est bien entendus. Il n’y a aucune rivalité entre nous ! Lui, il est Suisse. Moi, je suis Français. Je suis jeune, lui l’est un peu moins. Notre relation est saine. Quand il gagne un match, je suis super content.
Il te donne des conseils ?
Oui, il me conseille et, moi, je l’écoute quand il me parle de tennis. Il a quand même été top 10, donc il sait de quoi il parle. On reste ensemble, quand on est en tournoi. On peut se dire la vérité, il sait tout sur moi, je sais tout sur lui. On a une relation de confiance, on sait qu’il n’y aura pas de coups de pute. On s’est déjà joués trois fois, il n’y a jamais eu de problèmes. C’est quelqu’un de très franc et, ça, c’est important, parce que je suis aussi comme ça. Il est très sensible également. On a quelques points communs, même s’il est plus fan de hockey que de foot ! (Rires) C’est vraiment un mec sympa.
Publié le dimanche 19 avril 2020 à 14:25