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C’était Montréal

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Hier s’est achevé le Master 1000 de Montréal, premier événe­ment majeur de l’US Open Series, et syno­nyme de réveil pour la planète tennis. Tous les meilleurs étaient venus, du tout nouveau papa Federer, à l’homme qui revient de bles­sure Rafael Nadal, sans oublier les Murray, Djokovic, Roddick, Del Potro, Tsonga, Davydenko… Ils étaient d’ailleurs tous présents en quarts de finale, en tant que 8 meilleurs mondiaux, une première dans l’Histoire. Ce plateau de luxe, apposé à une certaine impa­tiente des passionnés de la balle jaune, qui depuis Wimbledon souffrent d’un net fléchis­se­ment de l’in­ten­sité de l’ac­ti­vité tennis­tique, a offert un superbe spec­tacle mêlant suspense, beau jeu, surprises, victoires au finish… Le tournoi de Montréal était une belle réussite

Retour sur une semaine de tennis riche en évène­ments, et en enseignements.

La bonne, non, l’ex­cel­lente, opéra­tion d’Andy Murray

Montréal, 16h14, Andy Murray claque un dernier ace au T et remporte l’ul­time point du Master 1000 cana­dien. Son adver­saire Juan Martin Del Potro a cédé après plus de 2h40 de jeu pour ce qui consti­tuait sa première finale dans un tournoi de cette enver­gure. L’Écossais s’ad­juge son 13ème titre en carrière, le 5ème cette saison, et cerise sur le gâteau, chipe la deuxième place mondiale à Rafael Nadal, désor­mais numéro 3 devant Novak Djokovic. Et même s’il attaque la partie de saison où il aura le plus de points à défendre (2 titres en Masters 1000, finale à l’US Open, demi‐finale aux Masters…), tout va bien pour Andy Murray, très bien même. Merci pour lui. 

Le retour du Roi

Il y a tout juste un an, la planète du tennis vivait un évène­ment très parti­cu­lier. Roger Federer, atomisé en finale de Roland Garros, puis déchu à Wimbledon, allait perdre sa place de numéro 1 mondial, qu’il déte­nait depuis plus de quatre ans. Rafael Nadal se rappro­chait dange­reu­se­ment. Celui‐ci était alors dans une passe victo­rieuse excep­tion­nelle qui l’avait vu s’ad­juger notam­ment le Master 1000 du Canada. La semaine suivante, à Cincinnati, Rafa décro­chait le Graal. C’était donc lui, bien lui, le roi du circuit. 

Un an après, les choses ont bien changé, et le roi fraî­che­ment rede­venu dauphin, arrive à Montréal à tâtons, en essayant de faire le moins de bruit possible. Rafa n’est pas sûr de lui, de son jeu, de son niveau, de son dépla­ce­ment, de son physique et ne le cache pas. Lui qui « ne pensait pas arriver en quarts de finale ici » a tout de même réussi une semaine correcte. Pas réel­le­ment testé avant son fameux quart de finale (Rafa s’était succes­si­ve­ment débar­rassé de Ferrer, abandon à 4–3 premier set, et de Petzschner, 39ème mondial), le Majorquin a fait un bon premier set face à Juan Marin Del Potro, lâché au tie‐break. Oubliez ce deuxième set perdu 61. Rafa est satis­fait de ce qu’il a accompli cette semaine. « C’est normal que je baisse un peu dans le second, non ? Je suis très content de mon premier set. J’ai joué mon meilleur tennis depuis ma bles­sure. Je jouais très bien je crois. Donc très content de mon match du jour, non ? » Vous le consta­terez vous‐mêmes, si Rafa a bien perdu quelques auto­ma­tismes sur le terrain, il n’en a pas moins gardé ses habi­tudes en confé­rence de presse. 

Federer et les Masters 1000

Que dire de Roger Federer ? Numéro 1 mondial, déten­teur du record de titres en Grand Chelem, vain­queur à Roland Garros puis à Wimbledon, récent papa de jumelles… L’été n’a pas mal démarré pour le Suisse. Et pour­tant cette semaine s’est terminée en queue de poisson pour lui. Vainqueur de Niemeyer pour son premier match puis de Wawrinka en huitièmes, Roger commen­çait à montrer de belles choses. Efficace au service, vif sur les jambes, explosif dans ses frappes. On avait à faire à du bon Roger. Et Jo pouvait trem­bler. Il risquait fort d’en ramasser une belle, comme à Madrid il y a un peu moins d’un an. Il n’en fut rien. Et personne n’au­rait pu prédire le scénario complè­te­ment fou de ce match. 

Personne n’au­rait pu penser que Federer se lais­se­rait remonter de 5–1 à 5 partout dans la troi­sième manche. Qui aurait pu imaginer qu’il lais­se­rait Tsonga affronter Murray en demie en servant une double‐faute sur balle de match. A partir de là un certain nombre de ques­tions se posent. Federer aurait‐il lâché de la même manière, se serait‐il laissé remonter ainsi, si ce match avait eu lieu dans le cadre d’un tournoi du Grand Chelem ? Sûrement pas. Un tel dénoue­ment peut‐il affecter la confiance, pour­tant si haute en cette période de gloire, du numéro 1 mondial ? Difficile à dire. Mais surtout, Federer est‐il toujours inté­ressé par les Masters 1000 ? Ne les considère‐t‐il pas plutôt comme de simples tour­nois de prépa­ra­tion, lui permet­tant de se régler en vue des Grands Chelems et éven­tuel­le­ment de se tester face aux tous meilleurs, sans pour autant avoir une déter­mi­na­tion à toute épreuve ? Nouvel élément de réponse dès la semaine prochaine à Cincinnati.


Le Top 10 est bien là

Les Roddick, Djokovic, Del Potro, Verdasco et autres Davydenko ont montré qu’ils étaient bien présents et déjà très affûtés en vue de l’US Open qui débu­tera dans une quin­zaine de jours seule­ment. Nous offrant même quelques excel­lents matches, dont le Roddick‐Verdasco des huitièmes conclu au tie‐break du troi­sième set, les membres du Top 10 n’ont pas déçu, à l’ex­cep­tion peut‐être de Gilles Simon, 9ème, qui peine à retrouver le niveau qui avait fait de lui un des épou­van­tails de la fin de saison passée. Les six petits jeux inscrits face à son compa­triote Tsonga ne pèsent pas bien lourds comparés aux splen­dides matches qu’il nous avait sortis l’an passé à la même époque. Tiens, les Français d’ailleurs, parlons‐en. Que penser de leurs perfor­mances dans ce tournoi ?

Le bilan mitigé des Français

Ils étaient sept au départ de ce Master 1000 cana­dien. Quatre d’entre eux ont cédé dès le premier tour, sans démé­riter pour autant. Paul Henri Mathieu en deux tie‐breaks face à Davydenko, Jeremy Chardy qui regret­tera les 10 balles de break non conver­ties contre Andy Murray, Florent Serra face à Schuettler et Julien Benneteau contre Hernych. Et nos quatre fantas­tiques dans tout ça ? Ils n’étaient que trois sur la ligne de départ, toujours privés de Richard Gasquet, « l’homme invi­sible » qui refuse encore de montrer le bout de son nez sur un tournoi offi­ciel préfé­rant l’in­ti­mité d’un court d’en­trai­ne­ment. Gaël Monfils, ou Monsieur Elastic, a déçu face à Ferrero, s’in­cli­nant dès le deuxième tour malgré un sursaut d’or­gueil qui l’avait vu remonter d’un break dans le second set. Jo‐Wilfried Tsonga a quant à lui réussi son tournoi. Après avoir galéré face à Schuettler, puis convaincu contre Simon, le père Jo s’est payé Roger Federer en personne, le tout après avoir été mené 5–1 dans la troi­sième manche. La classe. Mais cela n’aura pas suffi à la torche humaine pour éteindre les ambi­tions d’un Britannique aux dents longues et acérées.

Murray aura fina­le­ment traversé, survolé?, ce tableau de Montréal. Un Écossais qui, désor­mais numéro 2 mondial, serait peut‐être en train de revêtir le costume de favori pour l’US Open. Même si les Roger, Rafa, Novak, Juan Martin et autres Andy n’ont pas dit leur dernier mot.