AccueilATPEDITO : Dis, t'es Nadal ou Federer ?

EDITO : Dis, t’es Nadal ou Federer ?

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C’était il y a 30 ans. On était Borg ou on était McEnroe, on ne pouvait pas être les deux. On ne savait pas tout ce qui reliait secrè­te­ment les deux joueurs. On ne savait pas que l’un (McEnroe) admi­rait l’autre jusqu’à vouloir copier son look cheveux longs‐bandeau et se tenir à carreau dès qu’il jouait contre l’autre.

On ne savais pas que l’autre (Borg) admi­rait la passion et le talent que mettait le premier pour prendre le tennis et le filet d’as­saut. On parlait d’op­po­si­tion de style : le feu contre la glace, le volleyeur contre le lifteur. On ne voyait pas que Borg et McEnroe avait tant de choses en commun. On ne voyait pas que Borg gagnait Wimbledon en faisant service‐volée sur les deux balles. On ne savait pas que McEnroe avait appris le tennis sur terre battue. Depuis 3 ans que Rafael Nadal et Roger Federer se tirent la bourre, c’est le même débat qui est en train de s’en­gager au fil d’une riva­lité comme on ne l’avait plus vu depuis 30 ans (désolé, Pete et André), riva­lité récem­ment décu­plée par un moment de grâce. Car c’est bien dans une sorte de tunnel spatio‐temporel que les deux joueurs ont fait rentrer le tennis lors du 5ème set de la finale du dernier Wimbledon, une sorte de 4ème dimen­sion tennis­tique où, selon la belle expres­sion de Fabrice Santoro, il fut juste dommage que le tennis ne connut point le match nul. 

Et la ques­tion « T’es Nadal ou t’es Federer ? » de prendre un contour encore plus opaque que le débat Borg‐McEnroe en son temps. Non « être Nadal » ne peut plus signi­fier être le beso­gneux de la terre qui ne gagnera jamais ailleurs qu’à Paris. Non « être Federer » ça ne peut plus se résumer au génie ultra­doué qui va tout gagner parce qu’il est le plus grand joueur de tous les temps et puis c’est tout. Même Federer déteste qu’on parle d’innée à son endroit et c’est juste­ment à l’aune de l’im­mense respect, du mysté­rieux respect qui relie désor­mais les deux cham­pions et le talent spéci­fique qu’ils s’at­tri­buent, qu’il faut régler sa grille de lecture. C’est à cette décou­verte intime que vous invite ce GrandChelem numéro 9. Ne soyez pas étonner qu’on y découvre un Federer nada­lien et un Nadal fede­rien. Ces deux‐là seront à tout jamais insé­pa­rables. Et nous n’avons encore rien vu.

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