Officiellement en retraite depuis sa défaite face à Félix Auger‐Aliassime en huitièmes de finale de Paris‐Bercy le 3 novembre dernier, Gilles Simon, toujours aussi bavard et ouvert au débat, s’est longuement exprimé dans une récente interview accordée à la chaîne Youtube de la FFT.
Et après avoir évoqué le parcours de Richard Gasquet et le décalage entre la carrière qu’on lui prédisait et la réalité, Gilou a cette fois abordé un thème précieux à ses yeux : l’idée que le grand public et les médias se font d’un style de jeu, et plus particulièrement de son style de jeu. Extraits.
« Quand Djokovic fait 100 fautes directes contre moi à l’Open d’Australie (en 2016), c’est pour moi très facile à expliquer parce qu’il en a fait à chaque fois qu’on s’est joué. Pourquoi les joueurs faisaient 60 fautes ou en font 20 de plus contre Andy (Murray) ou Gaël (Monfils), c’est très facile à expliquer quand tu sais ce que toi tu cherches. Mais c’est là où parfois les représentations médiatiques viennent bloquer des choses qui sont finalement assez simples. Je joue Novak en Australie, il vient de gagner tous les Grands Chelems, il est numéro un, tout le monde me demande avant le match : ‘Pourquoi tu vas sur le terrain ? Tu n’as strictement aucune chance. Tu ne peux rien faire, le mec est imbattable’. Moi, je suis là, je veux y aller quand même, car il me semble que je le connais et que non, il ne sait pas tout faire, et que non, il y a des trucs sur lesquels il galère, et moi en plus je me sens bien et je veux voir ce que cela donne. Et j’arrive à le faire (à rivaliser, ndlr) et ça donne ça (défaite en 5 sets après 4h30 de jeu, ndlr). Mais on dit, ‘ça y est il l’a rendu fou’. Mais on ne sait pas l’expliquer. C’est pour cela que j’ai toujours dit que quand Jo (Tsonga) joue bien, et il y a là aussi un impact, quand Jo bat Federer, Nadal ou Djokovic, c’est lui qui les a battus. Parce qu’avec son jeu, on te dit : ‘Jo il a fait un match énorme, il a servi, il a envoyé des aces, des coups droits, il lui est rentré dedans’. Si moi je bats Roger, c’est Roger qui a mal joué. Je l’ai fait déjouer, je l’ai fait mal jouer, jamais j’ai bien joué en fait, jamais j’ai été plus fort que l’autre. C’est toujours : je suis rentré dans sa tête, du coup il a fait que des fautes, du coup il ratait des trucs qu’il ne raterait jamais. Et j’ai toujours trouvé que c’était une manière très péjorative de qualifier un style de jeu par rapport à un autre et aussi de te « voler » ta victoire. »
Publié le dimanche 27 novembre 2022 à 15:45