Sur les 6 Tricolores qui avaient fait le déplacement à Toulon le week‐end dernier pour le premier tour de Coupe Davis, seul deux sont toujours en course à Indian Wells. Normal, ils n’ont pas encore joué. Simon, Gasquet, Llodra et Benneteau ont tous mordu la poussière dès le premier tour. Gaël Monfils et Jo‐Wilfried entrent en lice ce soir respectivement face à Simon Greul et Marinko Matosevic. L’occasion de venger leur collègues de Toulon, Gasquet et Llodra, tous deux battus par ces deux hommes vendredi. Alors, comment expliquer ces défaites prématurées ? Effets secondaires du voyage en Coupe Davis ? Ou simple plantages individuels répétés ? Analyse.
Gilles Simon, un mal profond ?
Arrivé à Toulon dans le rôle de sparring bis et de supporter numéro 1 de l’équipe de France de Coupe Davis, Gilles Simon avait visiblement retrouvé la forme. Si quelques réglages devaient encore être effectués, sa séance avec Richard Gasquet avait laissé entrevoir des signes encourageants. Rapide, affûté, accrocheur et déterminé, le Niçois n’avait perdu le set d’entraînement que 6⁄4. Mais à Indian Wells, tout s’est déglingué. Pour son troisième tournoi, et troisième match de la saison, Simon n’a pas su éviter une troisième défaite d’affilée, la troisième de l’année. Pire, il n’a toujours pas remporté le moindre set en match officiel entre Marseille, Dubaï et donc Indian Wells. Hier, suite à sa dernière « contre » face au 175ème joueur mondial, l’Argentin Brian Dabul, Gilles s’est livré dans L’Equipe à un état des lieux plutôt inquiétant. « Là je suis à saturation. Y a rien qui va. Et le pire, c’est que je ne vois pas pourquoi ça irait bien. » Ne cherchez pas du côté du genou, celui qui grinçait depuis le dernier Roland Garros, vous feriez fausse route. « Mon genou va bien. » Seul souci : « Il n’y a que là où je n’ai pas mal. » On est donc parti pour la pénible énumération des blessures parfois bénines mais souvent très pénibles pour un joueur pro. « Je me suis bloqué le dos il y a trois jours, impossible de travailler mon service normalement. J’ai aussi les pieds et les mains en sang. Des ampoules, partout des ampoules ! Ah oui, j’oubliais ! Ce matin, j’avais un mal de chien aux abdos. » Conclusion du patient : « Tout mon corps déconne parce qu’il n’a pas encore retrouvé l’habitude des efforts. » On n’a plus qu’à souhaiter un bon rétablissement à l’ex‐numéro 6 mondial.
Llodra, erreur de parcours
Opposé au modeste Slovaque Marinko Matosevic, Michael Llodra avait statistiquement parlant de grandes chances de se qualifier pour le deuxième tour. Le Parisien, ou plutôt son service, en avait décidé autrement. Ne passant que 43% de premières balles, Mika n’a pu développer son jeu d’attaquant et dystiller ses volées tranchantes. Résultat, une défaite surprise face au 240ème joueur mondial. Une douleur à la cuisse droite déjà ressentie à Dubaï et en Coupe Davis pourrait expliquer ce surprenant accroc pour un Mika qui enchaînait les bons résultats ces derniers temps (victoire à Marseille et en double de Coupe Davis).
Benneteau, victime d’un revenant
A la différence de Llodra, Bennet’ n’avait pas franchement été épargné par le tirage au sort. Se coltiner Mario Ancic d’entrée, bien que ce dernier effectue sa grande rentrée à Indian Wells, rien de tel pour se faire de bonnes petites frayeurs. Et des frayeurs ou autres émotions fortes, le Bressan en aura connues lors de ce premier tour. Mené 5⁄0 dans le seconde manche après avoir remporté la première 6⁄3, Benneteau a aligné 6 jeux d’affilée avant de perdre le tie‐break 7 points à 5. De nouveau breaké dans l’ultime set (4−1), le Français a trouvé la force de revenir à 4–3 mais pas celle de passer devant dans le sprint final. Ancic s’impose après plus de 2h40 de jeu (3÷6 7⁄6 6⁄3) et laisse le Tricolore à ses regrets. Particulièrement en forme ces derniers temps, que ce soit à Marseille ou en Coupe Davis, Julien Benneteau ambitionnait probablement de se mesurer à Rafael Nadal en seizième de finale. Il n’en sera rien, et c’est bien l’ex‐numéro 7 mondial croate qui aura l’honneur de défier Monsieur le tenant du titre sur le central d’Indian Wells la nuit prochaine.
Gasquet, la « contre » qui fâche
Richard Gasquet a décidément du mal avec les matches serrés cette année. Ce petit plus dans les moments chauds, ce petit surplus de confiance qui permet de passer devant en fin de set, toutes ces petites choses qui font la différence sont bien dures à retrouver pour l’ex‐numéro 7 mondial. Nouvel ajout à cette série de défaites fâcheuses (Youzhny à Melbourne, Almagro à Acapulco), ce premier tour d’Indian Wells, perdu 7/6[6] 7/6[7] contre Simon Greul. Particulièrement énervé à l’issue de la rencontre, Gasquet avait foncé tout droit dans sa chambre d’hotel, refusant de parler à qui que ce soit. La déception un peu passée, le Français a accepté de s’exprimer dans L’Equipe. « J’étais très énervé. J’ai eu trois balles de break, une balle de set à 6–5 au tie‐break du premier set, mais je ne les ai pas faites. J’ai servi de façon dégueulasse et mal retourné. » Une explication à ce fâcheux état de fait ? « Je manque de confiance. J’ai perdu beaucoup de matches compliqués. Je sens que je retiens mes coups. Et puis ce n’est pas facile physiquement. » Selon Gabriel Markus, coach de Richard depuis un mois, c’est l’approche mentale des points importants qui est défectueuse. « Richard a eu sept occasions de faire la différence et, chaque fois, il n’a pas frappé la balle. Quand c’est une ou deux fois, ça va encore, mais quand c’est tout le temps, c’est une question d’attitude. Il peut changer, mais doit s’en convaincre. Là, sur les balles importantes, il pense “faux”. C’est plus une question de mental. » Comme thérapie, Richard Gasquet a choisi la compétition, les matches, les points, les balles de break, encore et encore. C’est pourquoi il mettra le cap sur Miami et son Challenger de Sunrise qui débute mardi. Miami, où Richard a décidé de se faire accompagner en plus de son coach argentin par Eric Deblicker et probablement sa maman.
De cette première partie du mois de mars, les 4 Frenchies cités préfèreront probablement retenir l’ambiance festive de la Coupe Davis à celle plutôt morose du désert d’Indian Wells. Mais que ce soit Llodra, Benneteau, Simon ou Gasquet, l’épopée toulonnaise n’est probablement pas à pointer du doigt. Tous les 4 ont certes quitté Indian Wells prématurément. Mais les raisons de ces échecs apparaissent propres à chacun d’entre eux. Maintenant, place à Tsonga et Monfils !
Publié le dimanche 14 mars 2010 à 19:24