C’était un 5 juin 1983, Yannick Noah triomphait à Roland‐Garros face à Mats Wilander, et devenait ainsi le seul Français de l’histoire du tennis à s’imposer Porte d’Auteuil. Pour le 25ème anniversaire de cette épopée exceptionnelle, Noah est revenu sur son parcours magnifique, et sur l’attitude de la nouvelle génération des joueurs français.
Acteur principal d’un tournoi d’exception, Noah se livre sans compter et raconte sa préparation plutôt chaotique : « En fait, tout a commencé quelques semaines auparavant par une défaite honteuse au premier tour de Monte‐Carlo, dans un match supposé facile. Ce match avait lieu en fin de matinée, j’étais sorti tard la veille… J’avais carrément honte. Patrice Hagelauer, mon entraîneur, m’a pris entre quatre yeux : « Soit tu continues à faire le con, soit tu te fixes un objectif et tu t’y tiens. » Je me suis mis à bosser l’après‐midi même. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai travaillé jour et nuit pour arriver à un état de forme que je n’ai jamais retrouvé ensuite. Quand je suis arrivé à Roland, je volais. » se remémore le champion dans les locaux de Sport.
Entre humour et poésie, Yannick conte ensuite son début de tournoi sur la terre battue parisienne : « Je mets une branlée à Jarryd lors du premier tour. Arrive ensuite Pecci. Ce mec me fatiguait. C’était l’idole des femmes. Je voulais prendre sa place. Lui aussi je lui ai mis une branlée. ça m’a fait du bien. ». Puis quelques tours plus tard, la finale. Noah raconte son avant match : « Contrairement à mes habitudes, je fais un signe de croix avant d’entrer sur le court. Je suis habité. Soit je gagne, soit je meurs. Il n’y a pas d’autre issue. Toute ma vie, j’ai toujours eu un plan B, pour tous les cas de figures. Sauf ce jour‐là. »
Un quart de siècle plus tard, l’idole de toute une génération, a aussi une petite pensée pour les joueurs français : « En France, aujourd’hui, il faut savoir qu’un joueur qui évolue aux alentours de la quatre‐vingtième place mondiale, se voit proposer des contrats de sponsoring qui correspondent à ce que touche un Américain classé dixième mondial. Forcément, ça pose problème. A 20 ans, le joueur français a déjà sa Porsche et son appart’… Quelle motivation va‐t‐il trouver pour aller chercher des points ATP dans un tournoi en Inde, alors qu’il est tellement mieux à la maison, à Paris… euh, pardon… à Genève. »
A noter que c’est aujourd’hui, vendredi 23 mai, que Yannick Noah et Mats Wilander s’affrontent pour le remake de la finale de 1983. Le duel a lieu sur une péniche et le Suédois pourrait prendre sa revanche avec une raquette de la collection de la rédaction GrandChelem. Que du bonheur !
Interview à retrouver en intégralité sur myfreesport.
Publié le vendredi 23 mai 2008 à 10:47