Suite à la défaite de la France face à la Grande‐Bretagne ce week‐end, de nombreuses questions reviennent, notamment sur les choix qu’a pu faire Arnaud Clément. En tant que capitaine de l’équipe de France, il n’a pas pu empêché les critiques de s’abattre sur lui. Clément s’explique donc dans une interview plus qu’intéressante, réalisée par nos confrères de L’Equipe.
Comment gagner sans leader ? C’est bien ce qui turlupine Arnaud Clément. Avec 4 joueurs très bien classés, il n’y a malheureusement pas l’un d’entre eux qui se démarque. Sans un joueur comme un Andy Murray ou un Novak Djokovic pour tirer ses compatriotes vers le haut, c’est forcément plus dur. Surtout lorsqu’un seul membre d’une équipe peut ramener deux points facilement :
« En regardant les stats, j’ai vu qu’aucune équipe depuis 2000 n’a gagné la Coupe Davis sans avoir un joueur du Top 10 ATP dans ses rangs. Je parle de joueurs qui y sont installés depuis des années hein !? On a déjà perdu contre Federer, ce week‐end contre Murray, bientôt ça pourrait être Nadal ou Djokovic. On a malheureusement pas de joueurs sur lequel les autres peuvent s’appuyer, qui va nous faire gagner des simples facilement etc. Je ne souhaite surtout pas manquer de respect à mes joueurs, ils sont juste moins forts qu’un joueur du calibre de Murray. »
Quel choix pour le double ?
Depuis l’année dernière, Arnaud Clément avait pris l’habitude de placer Jo‐Wilfried Tsonga et Richard Gasquet en double. Alors que les résultats étaient probants, cette paire commençait à trouver ses marques, ses automatismes, elle gagnait des matchs. Mais à la grande surprise générale, ce n’est pas ce double qui a été alignée ce week‐end face à la Grande‐Bretagne. La sélection de Nicolas Mahut en équipe de France aurait‐elle changé la donne ?
« Le double sur gazon, c’est vraiment quelque chose à part. Déjà Richard n’était pas prêt physiquement avant mercredi. Alors qu’un double ça se prépare ! Donc même si Richard et Jo sont très bons en simple sur cette surface, mais l’herbe demande beaucoup d’automatismes en double. Et Richard n’était pas prêt à taper dans la balle assez tôt, c’est tout. Et même pour les simples de vendredi. Richard est arrivé dimanche fatigué et touché au pied. Il a dû se faire soigner jusqu’à mercredi. A coté, j’avais Jo et Gilles en pleine forme. Le choix était logique ! Comparé aux Britanniques, moi j’avais le choix de ne pas aligner un demi‐finaliste de Wimbledon. Pour ce qui est de la paire Mahut‐Herbert, c’était une vraie solution. C’était justement celle qui avait le plus d’automatisme, la plus rodée. Mais les deux joueurs n’ont pratiquement aucune expérience en Coupe Davis. C’est pour ça que j’ai privilégié Jo, ce double, c’était le match le plus important du week‐end, avec beaucoup de pression autour. Mais c’est vrai que le manque de complicité tennistique entre les deux joueurs s’est ressentie durant le match. »
Quelle attitude avoir ?
Après Guy Forget, l’attitude d’Arnaud Clément parait très timide en tant que coach de l’Equipe de France. Très serein pendant les défaites, le capitaine essaie de rester tout le temps positif, sans jamais s’énerver ou même essayer de pousser ses joueurs dans leur retranchement. Un comportement qui contraste avec celle que nous avait habituée Clément lorsque c’était lui sur le court :
« Je me suis toujours dis qu’être capitaine de l’Equipe de France, c’est plus dur que pour d’autres équipes. J’ai des vrais choix à faire pour chaque rencontre, mais je sais dans quoi je me suis engagé quand j’ai accepté le poste. Et ce week‐end a été un de mes plus gros échecs, avec l’Argentine. Mon attitude sur le court elle, est étudiée, contrôlée. Je m’adapte à chaque joueur tout simplement, comment il aime être coaché, s’il préfère me voir excité ou au contraire plus calme. Ce n’est pas parce que je montre moins mes sentiments que je ne suis pas ultra‐motivé derrière. »
Publié le mardi 21 juillet 2015 à 11:40