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Notre consultant Olivier Delaitre revient sur la composition française de Yannick Noah. Le vainqueur de la Coupe Davis 1991 se dit surpris de la titularisation de Jérémy Chardy pour l’ouverture de la finale. Entretien.
Tsonga et Chardy alignés pour les deux premiers simples, quel est votre avis ?
Yannick est toujours aussi surprenant. Avec son groupe pour le stage, j’imaginais plus Pouille et Tsonga pour débuter la rencontre. Lucas a toujours joué et constitue un pilier du groupe depuis longtemps. C’est surprenant qu’il ait choisi Jérémy. Il a fait une bonne saison, mais il n’a pas eu des faits marquants dans les tournois majeurs. Jérémy aime jouer en deux ou trois frappes, c’est un joueur percutant alors ce sont des conditions – terre battue indoor – qui lui conviennent. Il doit être plus en forme que Lucas sur les derniers jours et le stage. C’est aussi le feeling du capitaine.
Le parcours de Tsonga rappelle celui de Leconte en 1991…
On sait que Jo a toujours un niveau dans les meilleurs mondiaux. Il a fait un bon match à Bercy (face à Raonic). Henri, c’était un peu différent. Il était capable de sortir un match de nulle part n’importe quand dans l’année et c’était le cas toute sa carrière. Jo a peut‐être besoin de plus de repères et de jouer des matchs. Mais le parallèle existe car Jo et Henri n’ont presque pas joué de la saison.
Comment jugez‐vous le choix de la terre battue qui n’a pas réussi lors des dernières finales disputées en France sur cette surface (1982, 1999, 2002 et 2014) ?
Choisir une surface revient à se dire : est‐ce qu’on tient compte des faiblesses de l’adversaire ou doit‐on privilégier nos points forts ? Cilic et Coric jouent bien sur terre, mais ils sont beaucoup plus efficaces sur dur. Cilic a remporté l’US Open et Coric a réalisé une excellente année avec récemment une finale à Shanghai. Ils ont raisonné par rapport aux faiblesses, ce qu’on avait fait par le passé aussi. En 2014, Wawrinka et Federer maîtrisaient la terre car ils ont tous les deux gagné Roland‐Garros. En 1999, les Australiens Woodford et Woodbridge étaient moins performants et Hewitt restait un guerrier, peu importe la surface. Maintenant, ce n’est pas ça qui peut faire basculer la rencontre.
Avoir fait une si longue préparation avec ce stage dans le Nord peut‐il avoir un impact par rapport à Cilic qui était au Masters et Coric remplaçant ?
Même si la finale avait été sur dur, c’était toujours bien de se donner les moyens de faire un tel stage. Ça permet de se concentrer et d’alimenter l’émulation au sein du groupe. En milieu de saison, ça n’a pas de sens car les joueurs sont dans leur truc et après ils continuent à jouer. Le stage est une bonne formule pour une finale. Cilic a joué uniquement contre des Top 10. En revanche, Coric, qui était remplaçant, peut éventuellement manquer de rythme puisqu’il est resté au bord du court. Maintenant, sur un match en finale, tout reste possible.
Comment voyez‐vous cette finale ?
À la différence de la Belgique où c’était plus faible derrière Goffin, la Croatie est une équipe solide et complète. Cette fois, il y a une vraie équipe en face. Les Français ont les moyens de gagner, ils ont leur chance. C’est ouvert. Sur terre battue, c’est sans doute du 50/50. Depuis deux ans, il a souvent manqué le numéro un dans l’équipe adverse. La Croatie s’appuie sur tous ses hommes forts, aucun n’est blessé. C’est un vrai test.
Et puis c’est la dernière finale sous le format historique, alors l’atmosphère sera très particulière…
Il va y avoir une ambiance de feu. Les Croates ont un public assez chaud. Je pense aussi que les matchs seront plus accrochés que l’année dernière, on devrait donc assister à de belles parties. Malheureusement, c’est aussi une histoire qui se tourne. Il fallait changer quelque chose dans la Coupe Davis, mais il existait d’autres solutions avant d’opter pour une réforme si radicale.
De votre envoyé spécial à Lille
Publié le jeudi 22 novembre 2018 à 19:30