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Guy Forget : « Une affiche exceptionnelle »

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Guy Forget a sélec­tionné Jo‐Wilfried Tsonga, Julien Benneteau, Michael Llodra, Gaël Monfils et Richard Gasquet pour le quart de finale de Coupe Davis face à l’Espagne. Le capi­taine a donné une longue inter­view sur le site de la FFT pour expli­quer ses choix et donner son senti­ment sur la rencontre à venir.

Quels joueurs avez‐vous retenus pour affronter l’Espagne ?

J’ai retenu Jo‐Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Julien Benneteau, Michaël Llodra et Richard Gasquet. On part donc à cinq. Dans mon esprit, il n’y a pas de cinquième (NDLR : Richard Gasquet est pour l’instant retenu comme cinquième joueur mais Guy Forget a la possi­bi­lité de l’intégrer dans l’équipe jusqu’au tirage au sort de la rencontre, le 8 juillet prochain). A Clermont, on va évoluer sur une surface rapide, on va tous se tester un peu, voir où l’on en est. Et parmi ces cinq joueurs, je choi­sirai les quatre qui dispu­te­ront la rencontre, puis les deux qui joue­ront les simples de vendredi. Aujourd’hui, j’ai plusieurs options possibles. Chacun de ces joueurs repré­sentent quelque chose d’intéressant pour moi. Voilà pour­quoi je fais appel à ces cinq garçons.


Gaël Monfils souffre encore un peu d’un genou et Richard Gasquet vient tout juste de reprendre après avoir dû renoncer à Wimbledon en raison de douleurs au dos. Vous ont‐ils rassuré sur leur état de santé ?

Oui, ça évolue plutôt dans le bons sens. Mais c’est aussi pour cette raison que ce n’est pas un luxe de préparer cinq joueurs pour une telle rencontre. D’une part, il y a un aspect physique qui peut, à un moment donné, être un problème, notam­ment si un joueur n’est pas en pleine posses­sion de ses moyens. D’autre part, par rapport aux simples, mais égale­ment au double, je peux avoir diffé­rentes options. On ne sait pas non plus qui va jouer exac­te­ment en face, côté espa­gnol. Je pense donc qu’il est inté­res­sant de s’offrir une certaine flexi­bi­lité. En sachant qu’au niveau du jeu, les gars sont assez proches les uns des autres.

Pour cette rencontre, vous aviez même l’embarras du choix, avec Paul‐Henri Mathieu, Gilles Simon qui rejouent bien, voire même Jérémy Chardy. N’avez-vous pas envi­sagé de prendre un sixième joueur ?

Effectivement, j’y ai pensé. Si l’un des cinq joueurs retenus avait un pépin physique, j’en appel­lerai un autre immé­dia­te­ment. Mais je pense qu’avec ces cinq‐là, on a de quoi voir venir !

Autant le bilan fran­çais après Roland‐Garros était morose, autant la saison sur gazon est de nature à vous rassurer…

Ce n’est pas nouveau. Depuis quelques années, les Français ont souvent mieux joué sur herbe que sur terre battue. Quand on me parlait de l’échec des Français à Roland‐Garros cette année, je répon­dais : « Vous allez voir, cela se passe souvent mieux à Wimbledon et on se met alors à parler de leurs bons résul­tats sur gazon. » Et cela a effec­ti­ve­ment été le cas pour les meilleurs et pour les autres. Depuis deux ans, excepté peut‐être Gaël (Monfils) qui joue vrai­ment bien sur terre battue, les autres ont enre­gistré des résul­tats mitigés sur cette surface. Or, sur gazon, la plupart des Français jouent bien.


Que pensez‐vous de Jo‐Wilfried Tsonga qui brille actuel­le­ment à Wimbledon ?

Il joue bien, il n’a pas de pépins physiques. Ce n’était pour­tant pas évident parce qu’il n’avait pas joué depuis Roland‐Garros. Maintenant, son quart de finale contre Murray va être un bon test pour lui. Il ne sera pas favori. C’est bien d’être arrivé là en battant des joueurs que tu étais censé battre, parce que tu as quand même un peu de pres­sion sur les épaules. Mais main­te­nant, c’est tout bonus pour lui. J’espère vrai­ment qu’il va faire un gros match contre Murray.


Vous affrontez l’Espagne, qui est proba­ble­ment la meilleure équipe du monde. Elle reste sur deux victoires d’affilée en Coupe Davis, elle compte cinq joueurs dans le Top 20. Pourtant, on sent un vrai vent d’optimisme autour de l’équipe de France, qu’il y a vrai­ment quelque chose à faire…

Avant le forfait de Nadal, objec­ti­ve­ment, les Espagnols étaient beau­coup mieux que nous. Chez les coaches et les book­ma­kers, ils étaient vrai­ment favoris. Aujourd’hui, l’écart se resserre. C’est plutôt quelque chose de positif, mais même sans son numéro 1, cette équipe reste très forte. D’ailleurs, quand les Espagnols avaient battu l’Argentine en finale en 2008, Rafael Nadal n’avait pas joué. C’est Verdasco et Lopez qui avaient fait gagner l’équipe. Donc même sans Nadal, l’Espagne est capable de remporter le titre. Elle sera un peu moins forte sans lui, pour autant, elle demeure favo­rite et nous, on a envie de la faire tomber, de l’empêcher de faire la passe de trois.

Le choix de la surface est capital face à une telle équipe…

Il n’aurait pas été « futé » de notre part de les jouer sur terre battue, en exté­rieur à Roland‐Garros ! On a même songé, à un moment donné, construire un terrain en dur sur le court Philippe‐Chatrier à Roland‐Garros. Mais jouer en exté­rieur n’est pas forcé­ment quelque chose qui les dérange. Or, on a vu par le passé que nos joueurs ont souvent très bien joué en indoor. Dans ces condi­tions, pour­quoi se prendre la tête ? On s’est dit : « Allons jouer là où on joue très bien et où les Espagnols sont un peu moins à l’aise. » Tout en sachant que le court à Clermont‐Ferrand ne sera pas non plus une toile cirée !


Quelle est exac­te­ment la surface choisie ?

C’est une surface proche de celle utilisée à Bercy, mais un peu plus rapide. L’ITF nous impose des normes concer­nant la vitesse. Dans la four­chette auto­risée, on s’est donc orienté vers quelque chose de rela­ti­ve­ment rapide.


Quels seront les points forts de votre équipe face à l’Espagne ?

La capa­cité de mes joueurs à pouvoir prati­quer un jeu d’attaque perfor­mant, et là je pense à chacun d’entre eux ; un jeu physique ; un niveau tech­nique qui n’est pas du tout infé­rieur à celui des Espagnols, au contraire. Après, il y a bien sûr le fait de jouer devant notre public, à Clermont‐Ferrand dans une salle que l’on connaît bien, avec un public qui sera derrière nous. C’est indé­nia­ble­ment un atout supplémentaire.

Les billets pour la rencontre ont été vendus en quelques heures. Cet engoue­ment extra­or­di­naire vous donne‐t‐il envie de faire encore plus ?

Oui, c’est fabu­leux ! On a toujours eu en France, et notam­ment à Clermont‐Ferrand où l’on a dominé la Roumanie au premier tour en 2007, un soutien fabu­leux de la part du public. Franchement, on est ravis d’aller disputer cette rencontre là‐bas. Contre l’Espagne la dernière fois dans les arènes d’Alicante, c’était vrai­ment pénible ! Là, la tendance sera inversée.


Justement, cette rencontre à Alicante en 2004 est la dernière demi‐finale disputée par l’équipe de France en Coupe Davis. Cela remonte à quelques années…

Oui, mais quand on regarde notre parcours depuis, je crois qu’on était à notre place. Les choses n’arrivent pas par hasard. Dans les tour­nois, la logique est souvent respectée. Là, contre la meilleure équipe du monde, c’est une affiche excep­tion­nelle. De telles rencontres, dans une carrière, on n’en joue pas vingt‐cinq ! Je le redirai aux joueurs bien sûr, mais j’espère qu’ils vont plei­ne­ment prendre conscience que c’est rare. J’espère donc qu’on saura saisir notre chance ce jour‐là. Parce que quand on rejouera les Espagnols ensuite, ce sera chez eux et les choses seront beau­coup plus complexes…

Avez‐vous le senti­ment de diriger l’équipe de France au plus fort poten­tiel depuis longtemps ?

Le plus fort poten­tiel, ça ne veut pas dire grand chose. Je me méfie beau­coup de ce genre d’affirmation. Cela fait déjà trois ou quatre ans que l’on parle de cette notion de plus fort poten­tiel. Mais le poten­tiel est une chose et ce qu’on met dedans en est une autre. Et puis, il y a surtout la capa­cité de tout le monde à bien jouer en même temps. C’est très fragile tout ça, parfois très éphé­mère. Il faut que tout se « goupille » bien en même temps. Il y a eu des moments où l’on était tous prêts, où tout le monde jouait bien, mais il n’y avait pas de rencontre à ce moment‐là. Et quand on a disputé le match, un mois et demi plus tard, les joueurs n’étaient plus en forme, certains étaient blessés.
D’autres fois, avec des équipes moins fortes sur le papier, il nous est arrivé de gagner l’épreuve parce qu’on avait eu un bon timing, un peu de chance aussi. Il faut provo­quer la chance. Ce quart de finale est, pour nous, presque une finale avant l’heure. Mettons‐nous dans la peau d’une équipe qui dispute une finale de Coupe Davis face à l’Espagne. On n’a rien à perdre et il faut vrai­ment l’affronter avec un esprit conquérant.

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