AccueilDocuGarcia : "J’ai appris à me connaître" (1/2)

Garcia : « J’ai appris à me connaître » (1÷2)

-

Avec une fin de saison toni­truante, Caroline Garcia a marqué cette année 2017. Huitième mondiale, elle a passé un cap. Simple et sincère, la Lyonnaise nous a donc accordé un entre­tien sans langue de bois où l’on comprend fina­le­ment le pour­quoi du comment d’une saison réussie.

Contexte :

Mardi 31 octobre au siège du Progrès à Lyon, Caroline Garcia nous consacre une heure d’en­tre­tien. Elle est accom­pa­gnée de son père et de Sammy Dancyger, la personne chargée de sa commu­ni­ca­tion. L’entretien se passe dans une bonne ambiance même s’ils sont revenus de Singapour la veille. Il faut dire qu’à GrandChelem, on connaît bien Caroline.

C’est quoi la vie de Caroline Garcia aujourd’hui ?

Caroline Garcia : C’est toujours la même, je n’ai pas envie d’en changer. Je suis bien avec mon team et ma famille. Après, j’ai aussi pris conscience que mon parcours à Wuhan et Pékin a eu de réper­cus­sions inat­ten­dues. C’est très agréable de constater cet engoue­ment car j’aime partager mon « aven­ture ». Après je ne veux pas me trans­former par rapport à cela, je reste ce que je suis.

Logiquement on vous a parlé de votre déclic cette saison, est‐ce qu’il a eu lieu d’un coup, ou est‐ce que cela s’est fait progressivement ?

CG : C’est quelque chose qui a évolué progres­si­ve­ment. Le discours de mon père et celui de mon équipe est toujours resté le même. En fait, ce sont des mots qui se mettent à cliquer ensemble alors que ce n’était pas le cas dans d’autres circons­tances. Après, sur le court, tu sens la diffé­rence, tu constates que tu as passé un cap. Mais j’in­siste, ce n’est pas du jour au lende­main que tu vois la fameuse lumière. Ce sont plus des mots qui tiltent d’un coup et qui te permettent d’avancer sur certains sujets.

On est obligé d’aborder la ques­tion de la crise Fed Cup après ton forfait pour bles­sure et les réac­tions qui ont suivi. Avec le recul, cela a été fina­le­ment un mal pour un bien ?

CG : Disons qu’il faut quelques fois savoir faire des choix et prendre des déci­sions qui ne sont pas faciles mais qui peuvent changer les choses. Après, tu essayes d’ex­pli­quer ton choix le mieux possible mais il est évident que tu ne sais pas si cela va fonc­tionner ou pas. Et surtout ce n’est pas parce que aujourd’hui cela a été effi­cace que l’on va crier sur les toits que l’on avait pris la bonne déci­sion. On voulait juste prendre ce chemin là et on n’avait surtout pas envie de prouver quoi que ce soit à quel­qu’un. Cette crise m’a permis de me centrer sur mon clan et surtout de mieux me connaître. C’est para­doxal mais c’est ainsi.

As‐tu été blessée par cette situation ?

CG : Oui bien sûr, il ne faut pas le nier, mais l’ac­cepter, l’ana­lyser, et posi­tiver, c’est ce que j’ai fait.

Finalement, cette crise a agi comme un ressort ?

CG : J’insiste, ce n’est jamais quelque chose que tu as envie de vivre. Cela a été une expé­rience diffi­cile et compli­quée. Mais il ne faut pas en faire trop non plus car cela peut arriver dans n’im­porte quel domaine. Ce sont ce que l’on appelle des épreuves de la vie.

A ce moment‐là, Louis‐Paul, son père, présent pendant l’en­tre­tien rajoute :

Ça rend plus fort mais jamais l’idée de se venger n’a été une de nos moti­va­tions. Car la meilleure des moti­va­tions c’est la moti­va­tion intrin­sèque. Donc, le constat que je dresse, c’est qu’elle en est sortie plus forte. Son chemin, elle l’a accompli par rapport à elle‐même et il n’y avait pas de moti­va­tion par rapport aux autres, ou ceux qui lui avaient fait du mal.

Vous attendiez‐vous à des réac­tions aussi « violentes » ?

Louis‐Paul Garcia : On ne s’at­ten­dait pas vrai­ment à tout cela et même aujourd’hui on peut dire que cela n’a pas de sens. Ce n’est pas normal de sur‐réagir comme cela. Après ce qui a été inté­res­sant, c’est d’avoir annoncé son inten­tion de ne pas jouer la Fed Cup en décembre.

Oui mais cette réac­tion, c’est aussi parce qu’il y avait beau­coup de décep­tion car Caroline compte aux yeux du public…

L‑PG : J’ai envie de dire que cela on le savait déjà, il suffi­sait d’ailleurs d’être présent sur la finale à Strasbourg pour voir ce que veut dire « l’es­prit Bleu » pour Caroline.

Nous réali­sons dossier sur la fameuse culture de la gagne, cette notion raisonne‐t‐elle chez toi ?

CG : Déjà la culture de la gagne, je ne pense pas que cela dépende d’un pays ou d’un autre. Ça s’ex­prime diffé­rem­ment d’une personne à une autre. Savoir gérer les émotions, travailler sur soi, te préparer avec minutie. Pour moi, c’est un peu tout cela la culture de la gagne. Cette année, on a par exemple trouvé des bonnes solu­tions dans le domaine de la prépa­ra­tion. La façon aussi de penser sur le terrain m’a permis d’être plus perfor­mante. Réussir à être plus stable, moins de stress négatif, raisonner posi­ti­ve­ment pour trouver la bonne énergie.

As‐tu travaillé diffé­rem­ment pour atteindre ces résul­tats, ou est‐ce que l’on revient à cette idée du long chemin à parcourir ?

CG : C’est un long chemin et il n’y a pas quelque chose qui a fonda­men­ta­le­ment changé. Je suis juste plus centrée sur moi, mon équipe et surtout je parviens à oublier davan­tage les enjeux par rapport à la compétition.

Ce que tu ne faisais pas par le passé ?

CG : Oui, par exemple je regar­dais les tableaux, etc. Maintenant je suis vrai­ment concen­trée sur mon match, sur l’idée de progresser, de profiter au maximum du match, de l’ex­pé­rience que cela peut m’ap­porter. Cela m’aide à être plus dans le présent et de profiter du moment. Après cela dépend aussi de sa person­na­lité. Il y en a qui aime bien se projeter, se motiver par rapport à des éléments exté­rieurs. Faut réussir avec le temps à mieux se connaître, devenir plus mature. Tout cela t’aide quand il y a des moments diffi­ciles sportivement.

Tu te connais mieux en fait ?

CG : Oui c’est évident et cela m’aide beau­coup sur le terrain, mais aussi dans la prépa­ra­tion. Il faut savoir anti­ciper ce qu’il peut arriver pour ne pas perdre pied pendant la rencontre. C’est plein de petits détails qui font que je suis parvenue à passer un cap.

Retrouvez gratui­te­ment et en inté­gra­lité le numéro 61, le dernier numéro de notre maga­zine GrandChelem… Bonne lecture !