Il faut bien le reconnaître, avec les éliminations précoces de Mauresmo et de Bartoli et les forfaits de Gasquet, Tsonga et Golovin, les chances de voir un représentant tricolore en deuxième semaine étaient bien maigres il y a encore quelques jours. Mais la tendance s’est inversée et cinq d’entre eux (Benneteau et Serra pour le deuxième tour, Chardy, Llodra et Mathieu pour les 16e de finale) ont enflammé la terre battue parisienne aujourd’hui.
Chardy intraitable
Le phénomène de Roland Garros 2008 se nomme Jérémy Chardy. Après avoir écœuré Nalbandian en alternant puissance et finesse, le Palois a récidivé en effectuant une partie incroyablement solide contre Dimitri Tursunov (7−6, 6–3, 6–4), énorme frappeur du fond du court qui a trouvé son maître en ce vendredi. Puissant et précis au service, auteur d’amortis toujours aussi savoureux et inattendus, quasiment impeccable en revers, Chardy a logiquement gagné le droit de changer encore de style au prochain tour. En effet, en 1/8e de finale, il verra Nicolas Almagro croiser sa route. « Quand je joue, il me semble que c’est un peu comme dans un rêve. J’ai dit à mon entraîneur, dans le vestiaire : « Maintenant, il ne me reste plus qu’une chose à faire, c’est me réveiller après le tournoi ! » » a commenté le héros du jour après la rencontre.
Llodra, à contre‐temps
Avant de regarder la démonstration de force du fond du court de Paul‐Henri Mathieu, le public du Central a eu droit à un spectacle complètement différent avec le match Llodra – Bolelli. Le Français a tout simplement sapé le moral de l’Italien, impuissant devant les montées incessantes du Parisien sur son service. Incontestable tournant du match, ce smash de Bolleli que Llodra contre en étant monté à la volée dans le second set, alors que Bolelli avait un break d’avance. Dans la foulée, le Français remportera les neuf points suivants, et s’envolera vers une victoire impeccable (7−6, 6–4, 7–6). « Un point clef où j’anticipe le smash avec de la réussite. J’avais fait le même coup à Tim Henman il y a quelques années. Après, il se pose beaucoup de questions et fait la double faute. Cela lui a mis un coup au moral, je le break dans la foulée, je fais 6÷4… A deux sets‐zéro, je me sens bien plus fort ! ». Il faudra bien cela pour se défaire, en 1/8e de finale, d’une autre sensation du tournoi, le Letton en acier, Ernest Gulbis.
Mathieu et le coup de l’essui‐glace
En tombant sur Eduardo Schwank, Paul‐Henri avait un plan bien précis. Faire courir l’Argentin – plutôt lourdaud malgré des prédispositions intéressantes pour le glissé de fond de court – de droite à gauche grâce à sa collection de coups frappés. Un plan élaboré par Mats Wilander, transformé en véritable cheerleader pendant le match, et qui a parfaitement marché, même si le Strasbourgeois a du se sortir les trippes lors de l’ultime tie‐break pour gagner le droit d’affronter Novak Djokovic en 1/8e de finale (6−2, 6–3, 3–6, 7–6). Seul point noir, une nouvelle fois, Mathieu a connu toutes les peines du monde à garder sa concentration sur trois sets, et a désormais un peu plus de temps de jeu à force de manquer les occasions d’assommer ses adversaires.
Serra et Benneteau dans le rythme
De son côté, Julien Benneteau s’est offert un deuxième marathon en deux matchs. Après Spadea, c’est le Colombien Falla qui a succombé en cinq sets (1−6, 7–6, 6–3, 6–7, 6–0), complètement perclus de crampes. « Je me sens bien physiquement pour l’instant, même un jour de repos m’aurait fait le plus grand bien », a admis Benneteau, qui affrontera dès ce samedi, Robin Soderling, qui n’a perdu que 15 jeux depuis le début du tournoi. Florent Serra a également gagné, avec un jour de retard, sa place en 16e de finale. Il a fini le travail en remportant le dernier set contre le Roumain Victor Hanescu (6−4, 6–3, 6–7, 7–6).
Chou blanc côté filles
En revanche, il n’y a plus de Françaises dans le tableau féminin. Alizé Cornet (6−4, 6–4 contre A. Radwanska), Emilie Loit (7−6, 5–7, 6–2 contre Schnyder) n’ont pas réussi à passer l’obstacle des 16e de finale.
Publié le vendredi 30 mai 2008 à 21:09