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Federer, le soir calme et profond

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Roger Federer a accordé un long entre­tien à Der Bund. Il y confirme sa parti­ci­pa­tion au tournoi de Bâle, son probable forfait à Bercy. Et revient sur ses déboires de ces dernières semaines : des résul­tats déce­vants et un physique en berne. Roger fait surtout étalage d’une tran­quillité toute suisse. Il a confiance ; faites‐en autant.

« La Suisse m’a manqué ces dernières années. Ca fait du bien de pouvoir jouer avec les petites dans la nature, d’être dans cet envi­ron­ne­ment, en famille, avec les amis. Ca permet de revenir à la norma­lité, de quitter le quoti­dien stres­sant du circuit… D’autant que 2012 a été une année parti­cu­liè­re­ment stres­sante, avec les Jeux Olympiques. Malgré la météo par terrible, j’ai apprécié ces dernières semaines. » Calme, repos, apai­se­ment. Comme un retour aux sources, un parfum de Ricola, des vents frais du Cervin et le placide clapotis des tran­quilles ondes du lac de Zürich. Voyez l’école du village, là, sur la grand’­place. Roger Federer, le maître, paraît bien loin du brou­haha de fans‐élèves dissipés : les résul­tats déce­vants, le physique qui ne suit plus, les titres toujours absents en 2013, cette huitième place à la Race… Les mauvaises notes se succèdent. On se regarde, on s’interroge : Roger est‐il fini ? A la Rédaction, l’on va même jusqu’à observer un phéno­mène peu appré­ciable : des audiences un peu moins saignantes – l’apparent retrait progressif du Suisse impli­quant une baisse de l’intérêt général pour la petite balle jaune. Au coin !

Roger vous répond. A vos ques­tions, à vos craintes. Et le cours est limpide : il est toujours là, toujours déter­miné, toujours serein et toujours passionné. Petite leçon d’optimisme en trois chapitres. Premièrement : le dos va mieux. « J’ai récu­péré des tour­nois que j’ai joués, à Rotterdam, Dubaï et Indian Wells », explique‐t‐il. « J’ai pris quelques vacances, avant de reprendre la raquette au bout de neuf jours. Je ne voulais pas passer trois semaines sans rien faire. Ca fait déjà un bon moment que je suis en Suisse pour me remettre en forme et que je m’en­traîne à nouveau. » Tout va bien et le monde est splen­dide ! « Je suis content, je peux tout faire, à nouveau. Néanmoins, ça a mis plus long­temps à se régler que je ne le pensais. Je suis heureux de pouvoir à nouveau m’en­traîner et jouer au tennis. A Indian Wells, c’est allé de pire en pire. Je n’ai pas eu assez de temps pour me reposer après mon match contre Wawrinka. Face à Nadal, vous ne pouvez pas être gagner en étant dans cet état. J’ai voulu simple­ment essayer, mais je ne sais pas à quel pour­cen­tage de ma forme j’étais vrai­ment. La coupure a été bien­heu­reuse ! »

« Je suis content, je peux tout faire à nouveau »

Deuxième chapitre : il est toujours le même. Oubliée sa colère déplacée contre l’arbitre dans son match face à Stan’ Wawrinka, à Indian Wells. Oubliées ses dernières défec­tions en Coupe Davis. Roger Federer reste cette star inter­na­tio­nale à la simpli­cité désar­mante, sympa­thique et loin de toute véna­lité. Oui, cette image est la sienne – qu’elle soit vérité ou produit marke­ting. Pour mieux enfoncer le clou, Roger en donne une nouvelle preuve. En 2013, il parti­ci­pera au tournoi de Bâle, lors même qu’une polé­mique sur la diffi­culté de trouver un accord finan­cier avec la direc­tion du tournoi avait éclaté fin 2012. « Je peux jouer à Bâle sans aucun contrat, si j’en ai envie. Et j’en ai envie », clarifie‐t‐il. « Jouer un tournoi dans mon pays, devant mon public, c’est forcé­ment très spécial. Je suis sur la route toute l’année, je ne peux pas laisser passer cette chance ! Pour moi, les choses ont toujours été claires : je vais jouer les Swiss Indoor (à Bâle) en 2013. Je n’avais rien commu­niqué là‐dessus jusqu’à présent, mais le temps est venu. J’ai tout le temps joué à Bâle quand je l’ai pu, sauf quand j’ai été blessé. Tout le monde sait ce que signifie ce tournoi pour moi. J’ai été ramas­seur de balles, j’ai joué les quali­fi­ca­tions, j’y ai affronté Andre Agassi. J’ai vécu beau­coup de moments inou­bliables dans cette atmo­sphère unique, avec tous ces fans. Je suis extrê­me­ment heureux de pouvoir en faire encore l’ex­pé­rience cette année. » Bon, Bercy peut encore oublier l’ex-numéro un mondial cette année. « Je tiens beau­coup à l’Asie ou à Paris, mais il faut bien définir des prio­rités. Et Bâle a toujours été une prio­rité. »

« Cette année est une année de transition »

Pour définir des prio­rités et prendre des déci­sions, Roger est un expert, un univer­si­taire. Oui. C’est le chapitre trois : le Suisse ne fait jamais un choix à la légère. Sa struc­ture est bien huilée, ses conseillers de qualité et Mirka, profes­so­rale, ordonne la classe. Tout est maîtrisé, tout est calculé. Il l’a dit, il le répète : cette année est une année de tran­si­tion. Il ne compte pas sur 2013 pour engranger des titres comme l’élève assidu engrange les bonnes appré­cia­tions. L’objectif est de se main­tenir à flots et de gérer les trans­for­ma­tions d’un corps qui, peu à peu, vieillit. « J’ai toujours dit que cette année devait être consa­crée à l’en­traî­ne­ment et au repos, que c’était une année de tran­si­tion devant me permettre de jouer plus long­temps », insiste‐t‐il. Ajoutant, en capi­ta­liste libéral de la forme physique –c’est une poin­ture en la matière vu le faible nombre de ses bles­sures en 15 ans de carrière : « L’énergie que j’éco­no­mise aujourd’hui, je pourrai l’in­vestir plus tard. J’ai remarqué au fil du temps que, quand je ne jouais pas, je rechar­geais vrai­ment les batte­ries. »

Fin de la leçon, levez‐vous, tous en rang et sortez dans le calme. Pas de préci­pi­ta­tion, pas de cris intem­pes­tifs, pas de pleurs déplacés. Tout va bien. Et le maître de posi­tiver, en mots de conclu­sion : « Je trouve que je n’ai pas si mal joué que ça depuis le début de l’année. En Australie, j’ai été bon ; à Rotterdam, ça a été déce­vant ; à Dubaï, je n’au­rais jamais dû perdre contre Berdych. Qui sait ce qui se serait passé ensuite. Il n’y a pas grand chose à analyser, en fait. Et, main­te­nant, je me prépare à faire mieux dans les prochains mois. » Tout est dit.

« Le soir calme et profond se répand sur la plaine. 

Ma fille, asseyons‐nous. Le couchant jette à peine 

Une vague lueur sous l’arche du vieux pont.

Une forge loin­taine à l’an­gélus répond.

Le Seigneur sur la cloche et l’homme sur l’enclume 

Forgent la même chose, et l’étoile s’allume 

Là‐haut en même temps qu’ici‐bas le foyer. 

Notre destin, vois‐tu, mon ange, est tout entier 

Dans ces deux bruits qui sont deux voix, deux voix austères ; 

Tous deux conseillent l’homme au milieu des mystères, 

Et lui montrent le but, le port, le gouvernail. 

La cloche dit : prière ! et l’en­clume : travail ! »

Roger Federer sera présent à Bâle !
Lord Roger Federer…
Paire : « Federer, quel­qu’un de parfait »