Pour El Pais, Rafael Nadal est revenu sur son sacre à l’US Open et sur ses prochains objectifs. Le premier : servir comme Karlovic !
Quand avez‐vous senti que vous alliez gagner ce match ?
Dans le dernier jeu, quand j’ai servi pour le match, mais j’étais déjà beaucoup moins nerveux après avoir fait le double break dans le quatrième, il avait l’air de souffrir de plus en plus, donc j’en ai profité en me montrant plus agressif, là j’ai commencé à me dire que j’allais gagner cet US Open, à me faire à l’idée, mais j’étais très très nerveux.
En 2008, vous avez gagné Wimbledon. Sur une balle de match, Federer réussit un revers incroyable et pourtant vous insistez, allez au filet et vous vous dites : « Je vais gagner Wimbledon ! » Les émotions étaient‐elles encore plus fortes ce lundi ?
C’était différent, j’étais hyper nerveux avant le match, et la tension dramatique de la partie n’est pas la même, là‐bas à Wimbledon le scénario tenait de la tragédie ! Ici c’était quand même plus tranquille, malgré l’Histoire.
Pour arriver à New York en forme vous avez subi un traitement aux genoux. On dit que la taille de la seringue avec laquelle on vous a administré le produit est impressionnante…
Oui, mais c’était nécessaire, je ne suis pas le premier à y avoir eu recours. La première fois, j’ai souffert, si bien que j’ai demandé à recevoir des sédatifs pour les injections à venir, je ne pouvais pas le supporter, mais ça n’en était pas moins douloureux au réveil ! Mais la première fois, sans anesthésie, je me suis presque évanoui ! C’était horrible !
« On mesurera l’importance de mes titres à la fin de ma carrière ». Cette phrase est votre bouclier quand on vous demande quelle importance vous pensez avoir dans ce sport. Ca vous donne le vertige d’en parler ?
Non, mais je pense que quand on est actif, à 24 ans, la question n’est pas d’avoir le vertige, ce n’est juste pas positif de se mettre à penser à l’Histoire. Je suis conscient de faire partie de l’histoire du tennis, mais je n’ai pas besoin de le dire ou de l’entendre, les chiffres et les stats sont là.
Carlos Moyà et vous êtes Majorquins, vous vous entraîniez ensemble, vous avez atteint le numéro un, gagné la Coupe Davis. Pourquoi avez‐vous gagné huit tournois du Grand Chelem de plus que lui, et sur un autre sujet, vous sentez‐vous plus grand maintenant qu’il est papa ?
Tout d’abord nous sommes deux joueurs différents, et il est très compliqué de gagner un tournoi du Grand Chelem. Carlos a connu une carrière brillante, il était au top du classement de nombreuses années et je n’aime pas comparer. Il a eu une grande carrière, a fait beaucoup de choses pour le tennis dans notre pays, il a aidé ma génération de joueurs à croire en ses capacités. Sur sa paternité, j’avoue que ça me fait tout drôle : j’ai commencé très jeune sur le circuit, j’y ai beaucoup d’amis plus âgés que moi qui ont déjà pris leur retraite, Albert Costa, Galo Blanco, c’est triste, ils me manquent parfois, mais ainsi va le sport.
Borg a pris sa retraire très jeune, Roger Federer a maintes fois changé d’entraîneur, comment envisagez‐vous votre évolution maintenant que votre réputation n’est plus à faire ?
Premièrement, en aucun cas je ne changerai d’entraîneur, ce n’est pas envisageable, ça a toujours été comme ça avec Toni. Pour ce qui est de la retraite, je ne pourrai le dire que quand je l’aurai décidé, de toute façon tu le sens quand il faut raccrocher. J’arrêterai quand j’aurai perdu la volonté de continuer à travailler et à m’améliorer. Et fort heureusement, à ce moment‐là, j’aurai de quoi faire, car il y a d’autres choses dans la vie que le tennis.
Si vous pouviez voler un coup, à qui le prendriez‐vous ?
Sans hésiter, le service de Karlovic, j’aurais du mal à perdre avec un coup comme ça ! Tout est plus facile avec un coup pareil, l’adversaire ressent une pression énorme sur sa propre mise en jeu.
Qu’ont pensé vos proches quand ils vous ont vu gagner à la télé ?
Vous savez, à leurs yeux, je serai toujours le neveu, le cousin, le petit‐fils, toutes ces relations simples qui me manquent toujours un peu sur le circuit. J’ai toujours été très bien entouré depuis l’enfance, j’adore tous mes proches.
Publié le mercredi 15 septembre 2010 à 15:21