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« Je ne joue pas assez bien pour gagner ici »

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Malgré sa victoire face à Ljubicic, on le dit sans sour­ciller, Rafa n’a pas convaincu, ne s’est pas convaincu. Une fébri­lité qu’il a laissé trans­pa­raître en confé­rence de presse. Lui, d’ha­bi­tude plutôt réservé, a choisi de répondre assez longue­ment aux ques­tions posées. Le tout teinté d’un regard noir, de soupirs et de « réponses dans ta face ». Extraits.

Rafa, un bon résultat aujourd’hui, mais quel est ton état de forme par rapport aux autres matchs de la semaine dernière ?

Un résultat positif. J’ai remporté le match en 3 sets. C’est vrai que c’est positif pour moi. Je suis qualifié pour les quarts de finale, c’est bien. Aujourd’hui, les condi­tions étaient assez diffi­ciles, le court était balayé un peu par le vent. Cela n’a pas été simple. Mais je crois qu’à 32 au premier set ou à 43, je ne me souviens pas, je n’ai pas très bien joué sur mon service. A certains moments, je jouais très bien et à d’autres, je rencon­trais des problèmes. Je commet­tais des erreurs à la suite. Au cours du prochain tour, ça ne sera plus possible.


Tu as le senti­ment de bien contrôler la balle ou pas ? Au premier set, on avait l’im­pres­sion que tu avais du mal à trouver le rythme sur ton coup droit.

C’est vrai, l’ad­ver­saire était diffi­cile. Parfois, il n’y avait pas beau­coup de rythme. C’est très diffi­cile d’avoir du rythme et de la cadence face à Ljubicic. Parfois, il fait des erreurs, ensuite 2 points gagnants, il a un très bon service aussi. C’est diffi­cile de savoir quand on va pouvoir frapper 5 ou 6 balles de suite avec la même constance et le même rythme. Je pense que ça n’était pas le bon adver­saire pour trouver la cadence, le rythme. 


Si tu dois comparer ton niveau de jeu actuel par rapport à ton niveau de jeu les années passées, comment le situes‐tu ?

Cela dépend quelle année vous voulez comparer. C’est très diffi­cile si vous devez faire des compa­rai­sons de tous les matchs que j’ai faits, car cela va durer long­temps ! En 2006, je ne pense pas avoir joué très bien pendant tout le tournoi. En 2007, mon niveau de jeu était normal. En 2008, mon niveau de jeu était fantas­tique, notam­ment pour les quarts de finale, les demi‐finales et la finale, j’avais un niveau de jeu très bon. En 2009, mon niveau était exécrable. En 2010, cela dépend. Je dirais que pour la demi‐finale et la finale, mon niveau de jeu était plutôt bon alors que les tours d’avant, ça n’était pas le cas. C’est vrai que le deuxième match était mauvais, le premier match n’était pas mauvais dans l’en­semble, je pense. Je pense que le premier match a été positif, même si c’était difficile.

Hier, Novak Djokovic a parlé de la pres­sion sur les épaules des diffé­rents joueurs, notam­ment de la pres­sion tout au long de l’année. Peux‐tu nous parler de cette pres­sion tout au long de l’année ? Penses‐tu qu’il y a beau­coup de pres­sion sur toi, notam­ment dans un sport où la saison est très longue ?
J’en ai déjà parlé il y a un ou deux jours. Il faut demander à vos collègues de vous donner la réponse, car je ne veux pas être long là‐dessus. Question suivante.

Fognini est sorti du tournoi. Novak ne va pas jouer pendant 3 ou 4 jours, qu’en penses‐tu ?
C’est fantas­tique ! Dites‐moi le mauvais côté de cela ?

Le manque de rythme !?
Le manque de rythme ?! Vous me dites cela ?! Avec autant de victoires, il a 41 victoires d’af­filée et vous pensez qu’il manque de rythme et de cadence ?!

Nous n’avons jamais eu de numéro un mondial à qui on pose autant de fois les mêmes ques­tions « pour­quoi vous jouez si mal, comment vous sentez‐vous sur le court, pour­quoi faites‐vous tant d’er­reurs, pour­quoi tant de fautes etc.) Etes‐vous surpris de répondre à ces ques­tions, de savoir pour­quoi vous n’êtes pas au meilleur de votre forme ?
Je pense que c’est bien, c’est fantas­tique, c’est vrai. Tous les jours, on parle de mon niveau de jeu qui est plutôt médiocre. Je suis en quarts de finale et pour­tant, j’ai joué 6 finales de suite cette année, mon année est plutôt très bonne, mais il y a un joueur qui est meilleur que moi, c’est tout. Je pense que j’ai la possi­bi­lité de finir l’année avec un clas­se­ment très élevé. Ça n’est pas une obli­ga­tion pour moi de jouer très bien tous les jours. Pour l’ins­tant, je suis numéro 1, pour une semaine de plus en tout cas. Vous savez, le numéro 1 mondial ne joue pas toujours à un niveau de numéro 1 mondial. Vous pouvez être numéro 1 mondial mais parfois, votre niveau de jeu corres­pond au niveau du troi­sième joueur mondial ou du dixième. Et parfois, le dixième joueur mondial peut jouer au niveau du numéro 1 mondial. En fait, je suis numéro 1 parce que tout au long de la saison, je suis régu­lier. Parfois, je ne joue pas bien, je ne joue pas très bien en ce moment, mais je suis en quarts de finale et j’es­père jouer un meilleur match la prochaine fois. Parfois, quand on gagne et que l’on ne joue pas bien, c’est parfois positif, plutôt que gagner et que jouer bien. Les grands joueurs peuvent le faire, peuvent gagner sans bien jouer.


Ta confiance ?

Confiance à propos de quoi ? 

Pour conti­nuer…
Continuer où ? Je ne joue pas assez bien pour l’ins­tant pour remporter le tournoi. Il faut être réaliste. Je pense qu’au­jourd’hui, mon niveau de jeu n’est pas suffi­sam­ment bon pour remporter la victoire. Mais j’es­père en tout cas améliorer mon niveau de jeu après‐demain, lors du troi­sième tour. Vous savez, j’ai remporté le tournoi à 5 reprises ici, donc je n’ai pas d’obli­ga­tion de le remporter une sixième fois.


Es‐tu opti­miste quant à ton niveau de jeu prochain ? Penses‐tu que ton niveau de jeu va croître ou cela va‐t‐il être un processus progressif ?

On verra. Je ne suis pas un devin. On ne peut pas lire dans la boule de cristal n’est‐ce pas ? Donc on verra ! Bien sûr, si on n’est pas opti­miste, on ne peut pas trouver les solu­tions. Je pense qu’il faut être suffi­sam­ment positif. Il faut que j’aie un état d’es­prit ouvert pour trouver les solu­tions et chaque jour, je dois me battre pour avoir un meilleur niveau de jeu. Je sais que je ne suis pas loin d’un niveau de jeu correct. Je le sais, c’est donc positif pour moi.

Je ne cherche pas des problèmes mais en même temps, je remarque tout de même un petit chan­ge­ment. Tu dis que tu joues avec un peu plus de stress. C’est général dans le match ou est‐ce à un moment crucial où tu as un point de break et que tu n’ar­rives pas à gérer, à concré­tiser ? Par exemple, quand tu parlais des petites erreurs, tu mènes, tu as un break au dessus et tu n’ar­rives pas à concré­tiser. Qu’en penses‐tu ?
Stress, oui. Quand on souhaite faire quelque chose et que l’on n’ar­rive pas ou bien que les choses ne suivent pas ce que tu avais prévu de faire car le stress ne te permet pas d’être très régu­lier. Peut‐être cela peut‐il arriver ponc­tuel­le­ment. Par exemple, j’ai concré­tisé le break après le troi­sième set 31, 32 et j’ai joué de mieux en mieux. Parfois, c’est un peu en dents de scie. Parfois, je joue un peu irré­gu­lier, c’est vrai. En même temps, je ne sais plus quoi vous dire d’autre ! J’ai déjà expliqué tous ces points longue­ment. Je vous ai déjà dit ceci, je vous ai déjà dit ce que je comp­tais faire pour les résoudre, je suis assez serein.

De votre envoyée spéciale à Roland Garros