Malgré sa victoire face à Ljubicic, on le dit sans sourciller, Rafa n’a pas convaincu, ne s’est pas convaincu. Une fébrilité qu’il a laissé transparaître en conférence de presse. Lui, d’habitude plutôt réservé, a choisi de répondre assez longuement aux questions posées. Le tout teinté d’un regard noir, de soupirs et de « réponses dans ta face ». Extraits.
Rafa, un bon résultat aujourd’hui, mais quel est ton état de forme par rapport aux autres matchs de la semaine dernière ?
Un résultat positif. J’ai remporté le match en 3 sets. C’est vrai que c’est positif pour moi. Je suis qualifié pour les quarts de finale, c’est bien. Aujourd’hui, les conditions étaient assez difficiles, le court était balayé un peu par le vent. Cela n’a pas été simple. Mais je crois qu’à 3⁄2 au premier set ou à 4⁄3, je ne me souviens pas, je n’ai pas très bien joué sur mon service. A certains moments, je jouais très bien et à d’autres, je rencontrais des problèmes. Je commettais des erreurs à la suite. Au cours du prochain tour, ça ne sera plus possible.
Tu as le sentiment de bien contrôler la balle ou pas ? Au premier set, on avait l’impression que tu avais du mal à trouver le rythme sur ton coup droit.
C’est vrai, l’adversaire était difficile. Parfois, il n’y avait pas beaucoup de rythme. C’est très difficile d’avoir du rythme et de la cadence face à Ljubicic. Parfois, il fait des erreurs, ensuite 2 points gagnants, il a un très bon service aussi. C’est difficile de savoir quand on va pouvoir frapper 5 ou 6 balles de suite avec la même constance et le même rythme. Je pense que ça n’était pas le bon adversaire pour trouver la cadence, le rythme.
Si tu dois comparer ton niveau de jeu actuel par rapport à ton niveau de jeu les années passées, comment le situes‐tu ?
Cela dépend quelle année vous voulez comparer. C’est très difficile si vous devez faire des comparaisons de tous les matchs que j’ai faits, car cela va durer longtemps ! En 2006, je ne pense pas avoir joué très bien pendant tout le tournoi. En 2007, mon niveau de jeu était normal. En 2008, mon niveau de jeu était fantastique, notamment pour les quarts de finale, les demi‐finales et la finale, j’avais un niveau de jeu très bon. En 2009, mon niveau était exécrable. En 2010, cela dépend. Je dirais que pour la demi‐finale et la finale, mon niveau de jeu était plutôt bon alors que les tours d’avant, ça n’était pas le cas. C’est vrai que le deuxième match était mauvais, le premier match n’était pas mauvais dans l’ensemble, je pense. Je pense que le premier match a été positif, même si c’était difficile.
Hier, Novak Djokovic a parlé de la pression sur les épaules des différents joueurs, notamment de la pression tout au long de l’année. Peux‐tu nous parler de cette pression tout au long de l’année ? Penses‐tu qu’il y a beaucoup de pression sur toi, notamment dans un sport où la saison est très longue ?
J’en ai déjà parlé il y a un ou deux jours. Il faut demander à vos collègues de vous donner la réponse, car je ne veux pas être long là‐dessus. Question suivante.
Fognini est sorti du tournoi. Novak ne va pas jouer pendant 3 ou 4 jours, qu’en penses‐tu ?
C’est fantastique ! Dites‐moi le mauvais côté de cela ?
Le manque de rythme !?
Le manque de rythme ?! Vous me dites cela ?! Avec autant de victoires, il a 41 victoires d’affilée et vous pensez qu’il manque de rythme et de cadence ?!
Nous n’avons jamais eu de numéro un mondial à qui on pose autant de fois les mêmes questions « pourquoi vous jouez si mal, comment vous sentez‐vous sur le court, pourquoi faites‐vous tant d’erreurs, pourquoi tant de fautes etc.) Etes‐vous surpris de répondre à ces questions, de savoir pourquoi vous n’êtes pas au meilleur de votre forme ?
Je pense que c’est bien, c’est fantastique, c’est vrai. Tous les jours, on parle de mon niveau de jeu qui est plutôt médiocre. Je suis en quarts de finale et pourtant, j’ai joué 6 finales de suite cette année, mon année est plutôt très bonne, mais il y a un joueur qui est meilleur que moi, c’est tout. Je pense que j’ai la possibilité de finir l’année avec un classement très élevé. Ça n’est pas une obligation pour moi de jouer très bien tous les jours. Pour l’instant, je suis numéro 1, pour une semaine de plus en tout cas. Vous savez, le numéro 1 mondial ne joue pas toujours à un niveau de numéro 1 mondial. Vous pouvez être numéro 1 mondial mais parfois, votre niveau de jeu correspond au niveau du troisième joueur mondial ou du dixième. Et parfois, le dixième joueur mondial peut jouer au niveau du numéro 1 mondial. En fait, je suis numéro 1 parce que tout au long de la saison, je suis régulier. Parfois, je ne joue pas bien, je ne joue pas très bien en ce moment, mais je suis en quarts de finale et j’espère jouer un meilleur match la prochaine fois. Parfois, quand on gagne et que l’on ne joue pas bien, c’est parfois positif, plutôt que gagner et que jouer bien. Les grands joueurs peuvent le faire, peuvent gagner sans bien jouer.
Ta confiance ?
Confiance à propos de quoi ?
Pour continuer…
Continuer où ? Je ne joue pas assez bien pour l’instant pour remporter le tournoi. Il faut être réaliste. Je pense qu’aujourd’hui, mon niveau de jeu n’est pas suffisamment bon pour remporter la victoire. Mais j’espère en tout cas améliorer mon niveau de jeu après‐demain, lors du troisième tour. Vous savez, j’ai remporté le tournoi à 5 reprises ici, donc je n’ai pas d’obligation de le remporter une sixième fois.
Es‐tu optimiste quant à ton niveau de jeu prochain ? Penses‐tu que ton niveau de jeu va croître ou cela va‐t‐il être un processus progressif ?
On verra. Je ne suis pas un devin. On ne peut pas lire dans la boule de cristal n’est‐ce pas ? Donc on verra ! Bien sûr, si on n’est pas optimiste, on ne peut pas trouver les solutions. Je pense qu’il faut être suffisamment positif. Il faut que j’aie un état d’esprit ouvert pour trouver les solutions et chaque jour, je dois me battre pour avoir un meilleur niveau de jeu. Je sais que je ne suis pas loin d’un niveau de jeu correct. Je le sais, c’est donc positif pour moi.
Je ne cherche pas des problèmes mais en même temps, je remarque tout de même un petit changement. Tu dis que tu joues avec un peu plus de stress. C’est général dans le match ou est‐ce à un moment crucial où tu as un point de break et que tu n’arrives pas à gérer, à concrétiser ? Par exemple, quand tu parlais des petites erreurs, tu mènes, tu as un break au dessus et tu n’arrives pas à concrétiser. Qu’en penses‐tu ?
Stress, oui. Quand on souhaite faire quelque chose et que l’on n’arrive pas ou bien que les choses ne suivent pas ce que tu avais prévu de faire car le stress ne te permet pas d’être très régulier. Peut‐être cela peut‐il arriver ponctuellement. Par exemple, j’ai concrétisé le break après le troisième set 3⁄1, 3⁄2 et j’ai joué de mieux en mieux. Parfois, c’est un peu en dents de scie. Parfois, je joue un peu irrégulier, c’est vrai. En même temps, je ne sais plus quoi vous dire d’autre ! J’ai déjà expliqué tous ces points longuement. Je vous ai déjà dit ceci, je vous ai déjà dit ce que je comptais faire pour les résoudre, je suis assez serein.
De votre envoyée spéciale à Roland Garros
Publié le lundi 30 mai 2011 à 18:40