AccueilL'odeur du sang

L’odeur du sang

-

Quelque part au fond de lui, Rafael Nadal savait qu’il n’avait pas le tennis pour riva­liser avec Nikolay Davydenko, ni avec les autres joueurs de ce Masters. Son lapsus en confé­rence de presse après sa défaite initiale contre Robin Soderling avait laissé trans­pa­raître cette évidence, non pas comme une rési­gna­tion mais comme la luci­dité d’un cham­pion. « Je sais que pour être prêt l’année prochaine, j’aurais un mois, et ces deux matchs, peut‐être plus (sourire). »

Il reste désor­mais un match à Rafael Nadal dans le circuit ATP cette saison. Ses deux défaites en deux manches l’ont donc condamné à être éliminé dès la phase de poules pour la première fois de sa carrière. Forfait en 2005 et 2008, demi‐finaliste contre Roger Federer en 2006 et 2007, l’Espagnol rencon­trera Djokovic aujourd’hui, dans un match où le Serbe jouera sa peau dans ce Masters.

Maître des maîtres durant les quatre premiers mois et demi de l’année, Rafa aura donc dû baisser pavillon. Cette deuxième partie de saison, il n’a jamais retrouvé le tennis flam­boyant qu’il avait égrené jusqu’au prin­temps. Le refrain de la confiance que l’on entend depuis une semaine ne peut être la seule expli­ca­tion des diffi­cultés du numéro 2 mondial face aux meilleurs joueurs du monde.

Avant le début du Masters, Mats Wilander avait livré ses impres­sions sur le cas de l’Espagnol. « Robin Soderling a montré à Roland Garros comment battre Nadal. Rafa ne joue pas moins bien mais ses rivaux savent ce qu’ils doivent faire. » À l’instar d’un Federer en 2008, le numéro 2 mondial a perdu une partie de cette aura qui lui faisait gagner des matchs avant même d’entrer sur le court. Cela demeure de plus en plus rare.

S’il ne s’alarme pas, Nadal a trouvé le meilleur des défen­seurs en la personne du numéro 1 mondial. « Tout change très vite. Ce n’est pas toujours agréable quand on parle de toi dans le sens négatif. Nadal, on dit qu’il est en baisse, que ce n’est plus comme avant. Tout d’un coup, demain il gagne un tournoi, tout est oublié. Il faut voir comment il joue, comment il se sent. Il n’est pas blessé. L’année dernière aux Masters, j’étais cuit, j’avais mal au dos, je ne pouvais plus bouger, j’étais malade. J’y suis allé pour peut‐être me prendre trois raclées et rentrer à la maison. Dans ces cas‐là, les matchs tu ne peux pas les analyser. Si tu es en forme et que tu prends trois raclées, c’est là où tu dois analyser. L’année prochaine commen­cera diffé­rem­ment. Il faut passer par des moments comme cela. »

Si tant de ques­tions, de trac­ta­tions, de passion se déchainent autour de Rafa, c’est égale­ment par nature humaine. « L’odeur du sang vous inté­resse », avait déclaré Raymond Domenech. C’est égale­ment vrai en tennis.

De votre envoyé spécial à Londres