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Pourquoi Roger Federer est le plus grand joueur de tous les temps ?

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Avec 15 titres du Grand Chelem, Roger Federer est aujourd’hui devenu le plus grand joueur de tous les temps. L’année 2009 qui avait mal commencée, sera donc histo­rique pour le futur papa. Insolent de faci­lité dans ce wimbledon 2009 saut en finale après vaincu le signe indien à Roland Garros, le Suisse a retrouvé toutes les qualités qui lui avaient permis de régner 237 semaines de suite à la place de numéro 1 mondial, place qu’il retrou­vera dès ce lundi, la coupe est pleine. Pendant ce temps, Rafa est toujours conva­les­cent, le tennis est impi­toyable. Difficile donc de trouver des mots pour résumer le phéno­mène suisse. Le plus simple alors, est peut‐être tout simple­ment d’ou­vrir ses archives. Et dans les archives, il y a le supplé­ment édité par le temps après Roland Garros consacré à Roger Federer. Un petit bijou, un vrai pense bête notam­ment quand Christian Despont donne la parole à Yves Allegro qui a cotoyé de très près le Roi. Ce décryp­tage est un régal, un docu­ment qui résume le génie fédé­rien. Extraits.

Le style
Le tennis de Roger est plutôt acadé­mique, dans la tradi­tion du beau jeu à la Française. Sa pureté donne une impres­sion trou­blante de faci­lité. La tech­nique est rela­ti­ve­ment simple, seule l’exé­cu­tion coor­donnée et complète devient problématique.

Le coup droit
Personne ne saura dire si avec l’in­cli­na­tion de sa tête, Roger fixe la balle, et même s’il la voit. Toujours est‐il que cette balle est la plus rapide du circuit, juste après celle de Rafael Nadal avec 4300 tours/minute. Comparé à Nadal, Roger traverse davan­tage la balle, ce dont il tire une plus grande préci­sion. Son coup droit lifté restitue parfai­te­ment cette magie. Avec sa trajec­toire bombée, il donne l’illu­sion de sortir du court, mais il retombe subi­te­ment avant la ligne. Avec Roger on a souvent l’im­pres­sion que les joueurs ratent des volées faciles, en fait la balle tour­noie si vite qu’elle est très lourde et donc souvent incontrôlable.

L’oeil
Roger est le joueur qui statis­ti­que­ment concède le moins d’aces, il rate très peu de retours. Il est toujours à la récep­tion de la balle car depuis toujours, il voit plus vite ques les autres. Son acuité visuelle est hors norme.

Le revers
Ce coup lui a posé beau­coup de problèmes quand il était jeune parce que fata­le­ment, il manquait de force. En puriste invé­téré, Roger frap­pait à une main et n’a jamais voulu y renoncer. Aujourd’hui il possède le meilleur revers coupé du circuit. Son revers permet des varia­tions infi­nies de glifles à plat, liftées, ou coupées. Nous esti­mons souvent que c’est le baro­mètre de son jeu, mais je ne partage pas cet avis. Quand Roger n’est pas en forme, il commet ses pires erreurs en coup droit.

Le service
Après sa rupture avec Tony Roche, Roger s’est mis en tête d’amé­liorer son service. Il l’a exercé sans relâche, jusqu’à obtenir une évolu­tion sensible. Roger possède aussi une seconde balle de service très perfor­mante, sans compa­raison sur le circuit. Cette balle est quasi­ment inna­ta­quable. Même le lancer souvent varie. Roger arme un sevice coupé et au dernier moment, il décoche un « frappé ». Là encore, le méca­nisme est simple, avec cette impres­sion constante de limpi­dité. Les pieds ne bougent pas, la flui­dité est parfaite

La volée

Jeune, Roger montait sans cesse au filet. Puis le jeu a ralenti et les dogmes ont changé. Longtemps la volée de coup droit fut sa prin­ci­pale faiblesse.En enga­geant Tony Roche, Roger a voulu déve­lopper son agres­si­vité au filet. Il ne renon­cera pas à cette idée. Il aime trop le jeu.

Le mental
Roger possé­dait une quan­tité d’op­tions dans ses mains. Il avait une telle pano­plie que, parfois son talent semblait l’en­com­brer. Il devait composer avec une habi­lité, un instinct et une créa­ti­vité sans limites. Il devait aussi s’en montrer digne. Au fil des ans, son mental a évolué dans des propor­tions insoup­con­nées. Comme il l’a dit , il a créé un monstre. Il a tout gagné. Il a acquis une faculté rare, presque mira­cu­leuse, d’élever le niveau de son jeu sur les points décisifs.En général, plus l’ins­tant est crucial, plus le déchet tech­nique augmente. Roger, lui, semble imper­méable à cette logique.

Le dépla­ce­ment
Cet aspect est le plus sous estimé du « phéno­mène Federer ». Nous devons garder à l’es­prit que, pour obtenir une gestuelle aussi déliée, tous les para­mètres méca­niques sont réunis : la vélo­cité, les appuis, la géomé­trie du corps dans l’es­pace. Pour améliorer la coor­di­na­tion et le relâ­che­ment Roger a consenti des efforts énormes. Physiquement Pierre Paganini l’a construit de A à Z. Il l’a aussi amené à matu­rité. Souvent, les surdoués sont flem­mards, et Roger n’échappe pas à la règle. En revanche, il était intel­li­gent. Ses débuts profes­sion­nels, très vite, l’ont éveillé à de nouvelles exigences. Roger n’a reculé devant aucune.

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