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Schiavone : « Elle le mérite »

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Francesca n’a pas réussi le doublé ! La faute à une Li Na bien en jambes et à, selon elle, une erreur d’ar­bi­trage qui aurait pu tout changer. Du coup Francesca est apparue quelque peu agacée en salle d’in­ter­view, comme une impres­sion de s’être un peu faite voler…

Vous avez essayé de faire un retour pendant la deuxième manche. Avez‐vous essayé de changer de style ?

En tout cas, au début, elle a joué des balles très longues. Moi, je n’ai pas pu faire beau­coup de liftés avec des balles hautes comme je le voulais. C’est pour cela qu’elle est rentrée dans le court, et qu’elle a joué un jeu de très bon niveau pendant un set, le premier. Puis dans le deuxième set, après 21, puis 31, j’ai décidé de prendre plus de risques, de la pousser un peu plus. C’est normal, elle se soit adaptée, le tennis est toujours comme ça. Je pense qu’en fait, nous étions très proches l’une de l’autre. J’aurais pu gagner le deuxième set ou elle. Elle a mérité cette finale parce qu’elle s’est bien battue, elle a bien joué sur terre.

Francesca, c’était un match très serré, très diffi­cile. Selon vous, comment sont ses coups, qu’est‐ce qui est diffi­cile avec elle ?

Ses services sont bons, elle a un bon pour­cen­tage. Elle a préparé tout cela bien sûr, elle ne voulait pas jouer sur la deuxième balle parce qu’elle savait qu’elle allait être atta­quée. Je pense du côté revers, elle joue très bien, quelle que soit la direc­tion sur le court. Dans le premier set, son coup droit était très, très profond. Il allait loin. J’étais derrière la ligne de fond.

L’année dernière, vous avez gagné. Là, vous avez atteint la finale. C’était vrai­ment une pres­sion supplé­men­taire de jouer une deuxième finale ?

Non, pour­quoi avoir peur ? J’aurais plutôt peur de gagner. J’étais prête à jouer, de façon intense. Aujourd’hui, je crois que certains moments étaient abso­lu­ment incroyables, des balles incroyables. J’étais toujours prête à saisir toutes ces occa­sions juste­ment devant moi. J’ai vécu de bons moments, c’est comme ça, c’est la vie. Vous pouvez gagner, vous pouvez perdre. 

Aujourd’hui, elle a fait un peu ce que vous avez fait l’année dernière d’une certaine façon. Vous avez une culture de tennis occi­den­tale, euro­péenne, elle vient de Chine. Vous comprenez l’im­por­tance que cela a pour elle ?

Bien sûr, j’ima­gine que des millions et des millions de Chinois ont regardé ce match de tennis. C’est impor­tant pour eux de connaître cette surface de terre battue. Là‐bas, ils n’ont que des surfaces dures, je crois. Cela peut être un bon départ pour les Chinois. En Europe, nous connais­sons beau­coup mieux la terre battue. C’est la diffé­rence sans doute mentale ou cultu­relle entre eux et nous. C’est bon pour eux parce qu’ils vont pouvoir débuter sur terre battue.


L’année dernière, vous avez joué contre Stosur qui frappe très fort et vous l’avez déséqui­li­brée au début en jouant des coups très astu­cieux. Cette fois‐ci, j’ai l’im­pres­sion que vous n’avez pas essayé de faire cela avant le deuxième set. Est‐ce parce qu’elle vous déséquilibrait ?

C’est vrai, j’étais très souvent très loin du filet, pas très souvent dans le court. J’étais toujours en défen­sive. Ce n’était pas facile du côté slice parce que du côté timing, elle est très douée et son jeu de jambes est fantas­tique, elle s’est bien préparée. Parfois, lorsque ses coups étaient un peu courts, ou quand moi au contraire j’étais plus agres­sive, là elle n’ar­ri­vait pas à rentrer faci­le­ment dans le court. C’est un peu tout ça vous savez. 

Vous avez joué contre elle l’année dernière, ici, je crois. Elle s’est améliorée sur terre battue, diriez‐vous que cette année, elle est diffé­rente sur terre battue, que c’est une nouvelle joueuse, qu’elle s’est améliorée sur cette surface ?

Oui, elle court beau­coup plus, elle se déplace beau­coup. Lorsque je joue en fond de court, à droite, à gauche, à partir de mon coup droit, elle court. Avant, elle courait et frap­pait n’im­porte comment. Là, elle arrive et court, elle peut rattraper encore un ou deux coups. Elle le fait parce qu’elle glisse mieux. Cela lui permet de rattraper et de gagner quelques points en sa faveur.


Vous pensez qu’elle pour­rait devenir n°1 ?

Je ne sais pas. Tout est ouvert, mais pour être n°1, il faut gagner toute une série de matchs, pas juste un tournoi, ni même un Grand Chelem. Il faudrait en gagner peut‐être un autre pour elle. Tout le monde a le désir d’en gagner plus, tout le monde a faim ! (Rires).


Lorsqu’il y avait 5 partout, il y a eu un point très impor­tant, pensez‐vous que cela a peut‐être changé le rythme du jeu en sa faveur ?

Je ne sais pas si la balle est sortie. Je ne vole aucune balle. Si la balle est sortie, je demande à la revoir, je ques­tionne la déci­sion du juge de ligne. Je demande à l’ar­bitre de venir véri­fier, c’est ce que l’on m’a appris quand j’étais jeune. C’est ce que je veux ensei­gner aux enfants. C’est là que j’ai pensé qu’elle était sortie et, bien sûr, c’était à très peu. Si vous me dites « La marque de la balle est là, c’est sorti. », si vous m’ex­pli­quez, si vous me montrez la marque sur le sol, je peux vous croire. Mais sur cette balle‐là, non.

L’année dernière, vous étiez telle­ment joyeuse, heureuse. Aujourd’hui, il y a le senti­ment lié à la défaite. Selon vous, comment peut‐on comparer ces deux sentiments ?

Quand on gagne, l’im­pact sur vous, sur vos émotions est bien diffé­rent par rapport à une défaite. Je suis contente d’être là, vous savez, parce que main­te­nant, je ressens encore plus cette réus­site de l’année dernière. Arriver presque au point de gagner, c’est bien diffé­rent par rapport à une victoire. Arriver à la finale, cela veut dire que j’ai toujours une chance de saisir le trophée. Les émotions sont nombreuses, parfois on ne peut pas les contrôler, parfois on peut plus les contrôler. Je suis heureuse d’être là. Peu importe, gagnante, perdante, je veux vivre chaque instant.


Vous avez dit que vous ne voliez pas les balles, avez‐vous l’im­pres­sion que l’on vous a volé quelque chose ? C’était impor­tant pour la suite du match et le résultat final, le score ?

Non, ce n’est pas une balle ou un point qui va faire la diffé­rence mais à ce moment‐là, lors­qu’il y a eu cette déci­sion, il faut abso­lu­ment véri­fier la balle et la marque. C’est ce contre quoi je me bats. Elle a décidé que la balle était dans le court, d’ac­cord mais cela ne fait pas vrai­ment la diffé­rence je crois parce qu’après, j’ai encore dû jouer 6 ou 7 points.


Après cette balle, vous avez perdu tous les points.

Oui. Que dois‐je dire ? La vérité ou faire des blagues ? Des ques­tions en italien ? (Rires)

De votre envoyée spéciale à Roland Garros.