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Dans le rétro – Seles, destin brisé

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Exceptionnelle de préco­cité, Monica Seles a vu sa carrière brisée par une terrible agres­sion alors qu’elle n’avait que 19 ans. Marquée à vie par ce terrible acci­dent, la jeune femme mettra des années à s’en remettre. Retour sur un destin cruel.

1991 – 1993 : une ascen­sion fulgurante

Débarquée sur le circuit en 1988, Monica Seles explose sur la planète tennis en rempor­tant son premier titre du Grand Chelem sur la terre battue de Roland Garros à 16 ans et demi, un record jamais égalé depuis. Son style de jeu – à deux mains des deux côtés – sa puis­sance et son endu­rance font d’elle la première grande cogneuse du circuit WTA. Agrémentant ses lourdes frappes de petits cris aigus, la jeune femme marque le début d’une nouvelle ère pour le tennis féminin. Insatiable, la Yougoslave remporte 8 titres du Grand Chelem en l’es­pace de 3 ans et demi. Mieux, elle débou­lonne, Steffi Graf, alors patronne du circuit, pour s’emparer de la première place mondiale à seule­ment 17 ans et 3 mois. Un futur abso­lu­ment gran­diose lui est alors promis par tous les spécia­listes du circuit. C’était sans compter sur l’abo­mi­nable déter­mi­na­tion d’un déséqui­libré allemand.

Le jour où tout a basculé

Tout bascule le 30 avril 1993 à Hambourg : Monica Seles mène 6–4 4–3 face à Magdalena Maleeva et retourne tran­quille­ment s’as­seoir au chan­ge­ment de côtés. Un match de routine, une ambiance paisible, bref un après‐midi syno­nyme de prome­nade de santé pour la grande favo­rite du tournoi. Soudain, un hurle­ment déchire les tribunes : la frêle Seles vient de se faire sauva­ge­ment poignarder par un spec­ta­teur. Elle bondit de sa chaise, fait quelques pas, puis s’écroule, grave­ment touchée au dos. Par chance, la lame de 23 cm qui vient de lui trans­percer le corps n’a fait que déchirer des tissus muscu­laires. « Monica a eu beau­coup de chance car si le couteau avait sectionné une artère, elle sera morte en quelques minutes d’une hémor­ragie » dira la médecin du tournoi quelques temps après. Mais qui est son agres­seur ? Et pour­quoi a‑t‐il agi de la sorte ? Günter Parch, ouvrier de 38 ans, chômeur de longue durée et origi­naire de l’Allemagne de l’Est, a profité d’une seconde d’inat­ten­tion du vigile pour mettre à bien son plan machia­vé­lique. Raide dingue de Steffi Graf, son geste n’avait qu’un seul but : anéantir la supré­matie de Monica Seles, coupable à ses yeux de priver son idole d’une domi­na­tion sans partage. « Je n’ai pas eu l’in­ten­tion de la tuer, je voulais simple­ment la priver de sa place de numéro 1. » Aussi macabre soit‐il, ce plan fonc­tion­nera parfai­te­ment. Car si elle se remettra assez rapi­de­ment de ses bles­sures, Monica Seles plon­gera dans une profonde dépres­sion qui l’éloi­gnera du circuit jusqu’en juillet 1995.

Et après…

Deux ans après l’ac­ci­dent, Monica Seles fait un retour toni­truant en s’im­po­sant à l’Open du Canada. Mais rien n’est plus comme avant. Alors qu’elle battait régu­liè­re­ment Steffi Graf, elle perd désor­mais quasi‐systématiquement face à l’Allemande. Plus fragile, moins sûre d’elle, l’ex‐enfant terrible de la WTA ne retrou­vera jamais sa force d’alors. Oubliés les titres du Grand Chelem – Monica n’en gagnera plus qu’un, à l’Open d’Australie 1996 – oubliée la place de numéro 1 mondiale qu’elle avait occupée deux ans durant lors de sa première carrière. Malgré quelques fulgu­rances, ce come‐back gardera un goût amer pour celle qui aurait pu « battre le record de Margaret Court de 24 victoires en Grand Chelem sans cet acci­dent » dixit Navratilova. Torturée par ses pous­sées bouli­miques, criti­quée pour sa prise de poids, l’Américaine s’en­fonce dans une spirale destruc­trice. Sa dépres­sion durera près de 10 ans. En 2007, elle range offi­ciel­le­ment et défi­ni­ti­ve­ment ses raquettes. Elle rédige alors une auto­bio­gra­phie, véri­table thérapie à ses problèmes de santé. Ses kilos super­flus s’éva­porent petit à petit, sa culpa­bi­lité diffuse dispa­rait. Monica, enfin guérie, revit. Aujourd’hui, l’ex‐championne est enfin épanouie. Participant à des exhi­bi­tions ou encore des émis­sions de télé­réa­lité (Danse avec les stars), la jeune femme s’est aussi engagée dans des asso­cia­tions cari­ta­tives. « Avec le temps, et grâce à ce chan­ge­ment de vie, j’ai repris le contrôle » dira‐t‐elle à L’Equipe Mag en 2012. 

Replongez‐vous dans une grande finale Graf – Seles !

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