A l’occasion de la 15ème édition de son tournoi ITF 10 000 , organisé du 4 au 10 mars 2013, nous sommes allés à la rencontre du staff de l’Amiens AC Tennis. Interviews croisées de son Président, Clément le Léap, et de Nicolas de Colnet, Directeur du tournoi.
En province, il n’y a pas beaucoup de structures du niveau de l’Amiens AC Tennis. On peut dire que vous êtes un club qui compte dans le paysage du tennis tricolore…
Nicolas de Colnet : En effet, nous avons fêté notre centenaire il y a maintenant huit ans. C’est vrai qu’on n’est pas beaucoup, en France, à pouvoir se targuer d’une aussi longue histoire (rires) ! Aujourd’hui, on compte près de 1000 membres. On est une vraie place‐forte du tennis picard.
Clément le Léap : Avec 19 courts, dont 14 en terre battue et 11 couverts, un club‐house, un restaurant géré par le club, trois enseignants et de nombreux éducateurs, le AC Amiens propose l’ensemble des services modernes qu’attend un amoureux de la petite balle jaune. Sans avoir le titre de plus grand club du nord de la France, je pense qu’on n’est pas vraiment loin de la plus haute marche du podium.
Un club, c’est forcément une politique sportive. Comment vous positionnez‐vous ?
NdC : La plus belle aventure en compétition, on la doit à Julie Coin. A l’époque, on évoluait en Nationale 1A. Depuis, on a un peu régressé, mais on maintient nos deux équipes premières en Nationale 3. Notre politique, c’est celle d’un club formateur qui veut intégrer ses espoirs dans les équipes fanion. Par le passé, on avait cherché des talents à l’extérieur. Aujourd’hui, on a décidé de miser sur notre vivier.
ClL : Notre vivier, c’est l’école de tennis avec 450 jeunes. De plus, on pense qu’il faut faire un peu bouger les lignes de l’enseignement. On a, par exemple, intégré l’idée de cours de sophrologie. La préparation physique est aussi au cœur de nos préoccupations avec deux coaches qui nous accompagnent. Enfin, on fait appel à des intervenants extérieurs. Ronan Lafaix, un coach confirmé, a proposé une formation à nos enseignants, ça a été très apprécié.
Alors que tout semble fonctionner à merveille, pourquoi se rajouter du travail et de la pression en organisant un 10 000 féminin ? Ca peut sembler périlleux…
NdC : Un club doit aussi prendre des risques. Il y a 15 ans, on voulait offrir à la région un tournoi d’envergure pour les espoirs du nord et de toute la France. C’était l’époque des Mauresmo, Cocheteux et Coin.
Et pourquoi pas un Future masculin ?
ClL : Peut‐être parce qu’on a, au sein du club, une enseignante qui a été plusieurs fois Championne du Monde par équipe. Et puis, il y a aussi beaucoup de valeurs dans le tennis féminin qui ressemblent à l’identité de notre club.
NdC : Pour dire la vérité, c’est la 15ème édition de l’Open d’Amiens sous cette forme, mais, à l’origine, elle faisait suite à un tournoi masculin. La date est imposée par la Fédération Française et il n’y avait pas de place pour un 10 000 masculin. A l’époque, on avait trouvé que le tennis féminin bénéficiait d’atouts certains. Aujourd’hui, on le maintient, parce qu’on estime que c’est un tennis qui se porte bien et qui apporte beaucoup de choses positives.
Quel va être le niveau global du plateau, cette année ?
NdC : Si je regarde les statistiques depuis dix ans, on a toujours le même niveau de jeu. Les têtes de série se situent entre le top 200 et le top 400 du classement mondial. On a eu la chance, une année, d’avoir une joueuse du top 100. De toute façon, il y a toujours un beau bataillon de filles étrangères : une quinzaine de nationalités sont représentées. Ca crée de l’animation dans le club, ça lui donne des couleurs internationales.
Vous avez rencontré des difficultés particulières dans l’organisation ?
NdC : En termes de logistique et d’organisation, on n’a pas eu de soucis, on est vraiment rodés. On est même sollicités tous les ans pour monter d’un cran en termes de dotation. Mais, aujourd’hui, il faut être raisonnable. Trouver des partenaires reste compliqué. Les nôtres, en majorité des collectivités, nous sont fidèles, mais je ne suis pas sûr qu’on puisse doubler leur aide pour passer à 25 000 . En même temps, il n’y aurait rien de pire que de faire machine arrière. Alors si, demain, on se rend compte qu’on peut trouver de quoi passer à 25 000 , on le fera !
ClL : Il y a eu un changement important au comité directeur et nous sommes encore en phase de consolidation sur les acquis club. On se reposera la question d’ici un ou deux ans. Comme le dit Nicolas, il faut compter, en parallèle, sur un partenaire fort.
Ca pourrait être GDF‐Suez, qui est un vrai soutien pour le tennis féminin…
ClL : Pour l’instant, ce n’est pas le cas, mais on y travaille. Nous serions ravis de pouvoir bosser avec eux. Amiens‐Métropole est notre principal sponsor. C’est en grande partie grâce à eux que nous pouvons organiser un tournoi de cette envergure et, plus globalement, grâce aux collectivités locales.
Malgré tout, vous cherchez à innover ou à vous démarquer d’une façon ou d’une autre ?
NdC : Nous avons un cahier des charges très précis. Innover, aujourd’hui, c’est très compliqué. Notre tournoi est relativement classique. On organise des après‐midis où les jeunes rencontrent les joueuses. On a une soirée avec les partenaires et les sponsors le vendredi. Nous allons essayer également d’organiser une exhibition avec deux ou trois jeunes du club le jour de la finale.
ClL : Cette année, on ajoutera aussi des animations avec des dégustations de produits locaux, le soir. Et puis, nous avons réalisé un petit lipdub avec l’ensemble du club, pour mettre en avant notre état d’esprit, notre dynamisme et notre passion du tennis.
Portrait Chinois
« Si vous étiez… »
Un joueur ?
NdC : Je ne vais pas être original… Je vais dire Federer !
ClL : Moi, la victoire de 1983 m’a marqué. Donc je vais dire Noah !
Un coup ?
NdC : Le smash ! C’est le coup le plus intéressant. Un coup décisif, un coup qui doit faire mal, un coup gagnant.
ClL : Le coup droit pour une question de sensations personnelles.
Une balle de match ?
NdC : C’est personnel, mais c’était un match long et difficile que j’ai terminé sur un coup droit gagnant… et avec des crampes au point de ne plus pouvoir quitter le court.
ClL : Une balle qui termine sur la bande du filet, à la tombée de la nuit…
Un match ?
NdC : La victoire d’Ivan Lendl sur John McEnroe, en 1984, à Roland Garros. Un retournement de situation incroyable.
ClL : La victoire de Rafael Nadal sur Roger Federer, en 2008, à Wimbledon.
Un accessoire ?
NdC : Une bouteille d’eau, sans additifs !
ClL : Un bandeau dans les cheveux. Sans ça, je ne peux pas jouer !
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Publié le mardi 5 mars 2013 à 16:19